Banque à l’Energie Irresponsable : les failles de la nouvelle politique énergétique de la BEI
Le leadership de l’Union européenne en matière de changement climatique va prendre un nouveau plomb dans l’aile si la Banque européenne d’Investissement, la banque de l’UE, adopte sa future politique énergétique telle que présentée. La BEI continue à envisager d’apporter son soutien public à des centrales à charbon.
Alors que la pression est de plus en plus forte pour que les institutions publiques arrêtent de financer les énergies fossiles, et en particulier le charbon, la BEI vient de publier une nouvelle politique énergétique déjà dépassée, puisqu’elle se contente d’introduire des conditions pour ses prêts aux énergies fossiles. Si la Banque formule des standards de performance d’émissions (Emission Performance Standards ou EPS) et demande le respect total des récentes directives européennes (1), le niveau de ces standards est moins ambitieux que ceux mis en place au Canada et même que celui porté par le Président Barack Obama pour les Etats-Unis (2). Pire, la BEI se laisse une porte de sortie pour ne pas respecter ces normes très faibles en précisant que dans les cas où « une centrale contribue à la sécurité de l’approvisionnement » de l’Union européenne ou quand « elle contribue à la réduction de la pauvreté et au développement économique » hors de l’Union européenne, elle pourra être financée sans respecter aucune de ces conditions environnementales, au nom d’un principe d’exception.
Cette faille laisse penser que, virtuellement, toutes formes d’énergie pourraient être éligibles au financement par la BEI. « En lisant ce brouillon, je me suis demandée si la BEI avait compris les preuves apportées par la science climatique… » commente la coordinatrice BEI de l’association Bankwatch, Anna Roggenbuck. Encore plus inquiétant, la Banque ouvre explicitement la porte aux investissements dans l’énergie nucléaire et le gaz de schiste. Or, cette dernière disposition va clairement à l’encontre des positions françaises officielles.
Le Conseil d’administration de la banque, auquel siège un administrateur français, discutera de l’approbation de cette politique le 23 juillet 2013. Pour les Amis de la Terre et leurs partenaires européens, il est primordial que ce temps soit mis à profit pour supprimer les possibilités de subventionner les projets climaticides. « Avec une politique qui promeut les énergies fossiles et nucléaire, la BEI s’apprête à contribuer activement aux changements climatiques et aux destructions environnementales. Or, ce sont autant de fonds qui ne seront pas utilisés pour des projets d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, pourtant vitaux pour entamer la transition énergétique dont l’Europe a besoin. » commente Malika Peyraut, chargée de campagne aux Amis de la Terre. « Si les dispositions concernant les énergies fossiles et le gaz de schiste sont maintenues dans la politique, alors la France doit s’exprimer contre lors du vote. Il serait aberrant que de l’argent public serve à financer des projets que des politiques publiques bannissent. »
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