Emissions d’Etat : stop à l’hypocrisie de la France à sept mois de la COP21 !
Paris, le 19 mai 2015 - Alors que se tient aujourd’hui l'Assemblée générale d'EDF, Oxfam France et les Amis de la Terre dénoncent les pratiques climaticides d’EDF et Engie, deux entreprises à capital public, dans un rapport intitulé « Emissions d'Etat : comment les centrales à charbon d'EDF et Engie réchauffent la planète ».
Responsable de 40% des émissions mondiales de CO₂, le charbon est l’énergie fossile la plus polluante et la première cause du changement climatique, aux conséquences sociales et environnementales dramatiques. Il détruit notamment les moyens de subsistance et met en péril les cultures, entraînant la hausse des prix des denrées alimentaires et empêchant des millions de personnes de manger à leur faim, notamment les populations les plus pauvres qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leurs revenus à l’alimentation [1]. Pourtant la France, qui accueillera la prochaine conférence onusienne sur le climat en décembre 2015 et se veut le champion de la lutte contre le changement climatique, continue d’investir dans des projets extrêmement polluants via les entreprises dont elle est actionnaire.
« EDF et Engie, entreprises à capital public, possèdent 46 centrales à charbon sur quasiment tous les continents qui émettent chaque année plus de 151 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de près de la moitié des émissions de la France [2] », explique Armelle Le Comte d’Oxfam France. « A la veille de la Conférence climatique qui aura lieu à Paris, nous ne pouvons que dénoncer l’hypocrisie et l’incohérence de l’Etat français qui laisse carte blanche à ses entreprises publiques pour investir à l’étranger dans des projets fortement émetteurs de gaz à effet de serre », ajoute Malika Peyraut des Amis de la Terre.
Selon le rapport d’Oxfam France et des Amis de la Terre, les centrales à charbon d’EDF, détenues à 84 % par l’État français, émettent chaque année 69 millions de tonnes de CO2, soit plus que des pays tels que l’Autriche ou encore la Colombie [3]. Quant à Engie, ses centrales à charbon émettent plus de 81 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme les Philippines [4]. Et leur facture pourrait encore s’alourdir : en 2015, année du climat, toutes deux cherchent à investir dans de nouvelles centrales à charbon dans le monde. Engie, par exemple, envisage d’investir dans le projet de centrale à charbon de 1200 MW Thabametsi, en Afrique du Sud, malgré la forte résistance des communautés locales.
Ces investissements sont en contradiction avec les engagements pris par France et une telle incohérence ne manquera pas de lui être reprochée par la communauté internationale. Oxfam France et les Amis de la Terre demandent à l’Etat français de s’opposer, au sein des entreprises dont il est actionnaire, à la construction de toute nouvelle centrale à charbon, et de se prononcer en faveur du retrait des projets existants utilisant le charbon. EDF et Engie doivent s’engager à ne plus investir dans de nouveaux projets de centrale à charbon dès 2015 et se retirer de projets existants d’ici 2020. C’est en s’appuyant sur des mesures de réduction de la consommation, d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables que pourra être assurée la transition vers un modèle indépendant des énergies fossiles et fissiles.