Nouveau rapport : Charbon, le crash test des banques à l’heure de la COP21
Montreuil, “Paris” – Le rapport « Charbon, le crash test : où en sont les banques à l’heure de la COP21 ? », publié aujourd’hui par les Amis de la Terre, BankTrack, urgewald et Rainforest Action Network, révèle que 257 milliards de dollars ont été alloués au charbon par les plus grosses banques internationales entre 2009 et 2014. La conclusion du rapport est sans appel :malgré des avancées pour sept d’entre elles, les banques sont toujours facteurs d’aggravation de la crise climatique et doivent accélérer de manière radicale le transfert de leurs financements du secteur du charbon vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
Les Amis de la Terre, BankTrack, urgewald et Rainforest Action Network publient aujourd’hui le rapport « Charbon, le crash test : où en sont les banques à l’heure de la COP21 ? ». Il expose le montant alarmant des financements au charbon depuis 2009 par les plus grosses banques internationales et passe au crible les positions de 15 banques européennes et américaines quant à leur soutien à l’ennemi climatique numéro 1. Si sept banques se sont engagées à diminuer leur financement au secteur des mines et/ou des centrales à charbon dans son ensemble, les politiques des banques demeurent très insuffisantes pour répondre à l’urgence climatique. Aucune ne fait figure de leader et n’a signé l’Appel de Paris – le Paris Pledge – pour s’engager à arrêter tous ses financements au secteur du charbon.
» Les banques internationales ont non seulement ignoré l’engagement de Paris « , déclare Catalina von Hildebrand, coordinatrice de la campagne pour l’Ap pel de Paris à BankTrack « mais elles ont surtout alloués plus de 257 milliards de dollars au secteur énergétique le plus sale entre les sommets climat de Copenhague et de Paris
“ Si certaines grandes banques européennes ont commencé à prendre leur distance avec le secteur du charbon, Wall Street domine toujours le haut du classement des banques charbon » déclare Ben Collins, de l’ONG états-unienne Rainforest Action Network.
Le rapport, publié alors que les négociations internationales sur le climat battent leur plein depuis lundi à Paris, révèle la position réelle des banques en matière de financement des mines et centrales à charbon, alors que ces mêmes banques prétendent être des leaders sur le climat. Il analyse les forces et les faiblesses des mesures qui ont pu être adoptées en 2015 par 15 banques européennes et étatsuniennes, incluant BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.
_ » L’Allemagne compte aussi une banque parmi le top 10 des banques les plus climaticides au monde, Deutsche Bank, qui est tristement connue pour son implication dans de nombreux scandales » ajoute Katrin Ganswindt de l’ONG allemande urgewald.
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre France conclut : « Cette année, nous avons vu certaines banques, en particulier les banques françaises BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale, adopter des politiques de réduction de leur financement au charbon afin de faire bonne figure à la COP21. Nous suivrons de près l’application de ces mesures, mais dès maintenant, nous appelons les banques à aller beaucoup plus loin et plus vite. Car ces mesures ne constituent qu’une goutte d’eau face à l’ampleur des besoins : le charbon est incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement de la planète en-dessous de 1,5°C ou même 2°C et il est urgent que toutes les banques adoptent immédiatement des mesures afin d’arrêter l’ensemble et non juste certains de leurs soutiens à cette industrie climaticide ».
Contact presse :
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface, Amis de la Terre, 0679543715 lucie.pinson@amisdelaterre.org
LES POINTS CLES DU RAPPORT
257 milliards de dollars au charbon entre 2009 et 2014 :
Entre les deux sommets climat de Copenhague en 2009 et de Paris en 2015, les banques ont près de 2,5 fois plus financé le seul secteur du charbon que celui des énergies renouvelables : les 105 milliards de dollars de soutiens aux énergies renouvelables (éolien, solaire géothermie), ne représentent que 40% de la somme totale allouée au seul secteur du charbon entre 2009 et 2014.
_ 2015, les banques adoptent de nouveaux standards charbon :
_Depuis mai 2015 et en réponse à la forte mobilisation d’un mouvement pour la justice climatique, Bank of America, Crédit Agricole, Citigroup, Natixis, Goldman Sachs, Société Générale, BNP Paribas, ING, Morgan Stanley et Wells Fargo ont toutes annoncé des mesures de réduction de leurs soutiens au secteur du charbon.
_ Au niveau des 15 banques sélectionnées :
2 n’ont pas pris un seul engagement de réduction de leurs soutiens au charbon : Crédit Suisse et Deutsche Bank.
6 se sont engagées à ne plus financer certains projets charbon ou à réduire leur financement du sous-secteur du Mountaintop removal : Barclays, Goldman Sachs, HSBC, JPMorgan Chase, RBS et UBS.
7 ont pris des engagements visant à réduire leurs soutiens au secteur du charbon, à l’extraction de charbon et/ou à la production d’électricité à partir de charbon : Bank of America, BNP Paribas, Citigroup, Crédit Agricole, Morgan Stanley, Société Générale et Wells Fargo.
Aucune n’a signé l’Appel de Paris/Paris Pledge et s’est engagée à mettre un terme à tous ses soutiens au charbon d’ici 2020.
_ Les banques françaises dans le top 15 :
Les banques françaises ont financé pour 33 milliards de dollars le secteur du charbon entre 2009 et 2014 avec 21 milliards de dollars à la production d’électricité à partir de charbon et 12 milliards de dollars à l’extraction de charbon.
Avec 14,84 milliards de dollars de financements, BNP Paribas est la 4ème banque internationale à avoir le plus financé le secteur du charbon entre 2009 et 2014.
BNP Paribas compte à elle seule pour 45% des soutiens des banques françaises au charbon sur cette période et est donc la première banque française en termes de financements au charbon, suivie par Crédit Agricole et Société Générale.
Avec respectivement 9,49 milliards et 8,54 milliards de dollars de financements au charbon entre 2009 et 2014, Crédit Agricole et Société Générale se classent 11ème et 14ème au niveau international.