Société Générale, plein gaz sur les fossiles
Dans un rapport publié ce matin, nous dénonçons l'assaut engagé par Société Générale sur un marché en pleine expansion : l'exportation des gaz de schiste des États-Unis vers l'Europe et l'Asie sous forme de gaz liquide. Ils appellent la banque à se retirer du projet controversé Rio Grande LNG.
Le nouveau rapport des Amis de la Terre “Société Générale, plein gaz sur les fossiles” révèle le rôle clé joué par Société Générale dans l’exportation du gaz de schiste américain vers l’Union européenne. Aux États-Unis, la banque conseille et finance les entreprises phares du secteur pour leurs projets de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié.
Société Générale : plein gaz sur les fossiles
Parmi ses clients, on retrouve Cheniere qui a déjà signé des contrats avec EDF et Engie pour une exportation en France, mais aussi NextDecade que la banque conseille pour la construction d’un terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié, Rio Grande LNG, et d’un double gazoduc, Rio Bravo Pipeline. En 2017, NextDecade déclarait que Société Générale avait été impliquée dans l’intégralité des projets de terminaux GNL autorisés aux États-Unis, et pas moins de 45 transactions de ce type au niveau international 1.
Avec ces projets d’exportation, Société Générale contribue à faire entrer en France le gaz de schiste que nous avons banni il y a déjà 7 ans. L’hypocrisie est totale : si nous refusons le gaz de schiste en France, ce n’est pas pour le voir arriver par bateau des États-Unis, et avec la complicité d’une banque française.
Construire ces terminaux entraînerait une hausse de la production de gaz de schiste, contraire à l’impératif climatique de laisser les fossiles dans le sol, et engendrerait des impacts désastreux sur l’environnement et la santé des populations, contre lesquels nous nous sommes battus ici
Société Générale a accordé plus de 2,4 milliards de dollars aux entreprises développant ces projets en Amérique du Nord entre 2014 et 2016 2. Elle est ainsi la 7ème banque internationale et la 1ère française la plus exposée au secteur, loin devant BNP Paribas, Crédit Agricole et Natixis. BNP Paribas avait également un mandat de conseil pour un projet de terminal d’exportation de gaz de schiste, Texas LNG, situé à quelques centaines de mètres du site prévu pour Rio Grande LNG. Mais en octobre 2017, BNP Paribas a annoncé son retrait de tout le secteur du gaz de schiste, un engagement couvrant son exploration et sa production mais aussi son transport et son exportation sous forme liquéfiée 3. Société Générale, elle, n’a annoncé en décembre dernier, que des mesures minimales, bien trop insuffisantes pour annuler les impacts climatiques, environnementaux et sociaux de la filière 4.
“La pauvreté des engagements pris par Société Générale démontre un mépris total des populations victimes des projets de gaz de schiste et une négation de la science climatique. En renonçant à appuyer les nouvelles infrastructures de gaz de schiste et en se retirant de facto du projet Texas LNG, BNP Paribas a fait voler en éclat le discours pro gaz de Société Générale. Celle-ci se retrouve isolée, et nous suivrons de très près les choix qu’elle fera dans les prochaines semaines. Nous resterons mobilisés jusqu’à ce qu’elle se retire du projet Rio Grande LNG et de l’intégralité du secteur comme l’a fait BNP Paribas” poursuit Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre.
Face à l’indifférence de Société Générale, la pression citoyenne se fait de plus en plus pressante. Cette semaine, des actions sont prévues partout en France pour exiger de la banque qu’elle aligne enfin ses pratiques sur le calendrier climatique.