Le rapport publié par près de 500 ONG 1 souligne que les banques alimentent toujours notre dépendance aux énergies fossiles, sur laquelle nous alertent la guerre en Ukraine et les alertes du GIEC 2. Les ONG dénoncent l’inaction du gouvernement tout au long du quinquennat et l’hypocrisie des banques. Elles appellent les banques à satisfaire la condition ultime pour respecter leurs engagements sur le climat : ne plus soutenir le développement des pétrole et gaz.

Les 60 plus grandes banques internationales ont au total accordé 4 582 milliards de dollars aux énergies fossiles depuis l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat. Avec 352 milliards de dollars de financements au cours de ces six dernières années, la place de Paris représente le 1er soutien de l’Union européenne à cette industrie, et talonne de très près celle de Londres 3. 87 % de ces capitaux proviennent de seulement 3 banques : BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole.

À rebours de leurs propres engagements climatiques et des recommandations des scientifiques comme de l’Agence internationale de l’énergie 4, les grandes banques françaises continuent de jouer un rôle clé dans l’expansion pétro-gazière. Elles ont accordé depuis la COP21 131 milliards de dollars de financements aux 100 entreprises qui développent le plus de nouveaux projets d’énergies fossiles, et font ainsi de France le 3ème pays à soutenir le plus l’expansion, derrière les États-Unis et la Chine 5. BNP Paribas se distingue ici : elle est le 5ème financeur mondial de cette expansion, après 4 banques états-uniennes 6.

Les banques françaises font de nouveau de Paris la capitale de l’hypocrisie climatique. La guerre en Ukraine démontre l’urgence à sortir des énergies fossiles mais les banques françaises semblent bien placées pour nous enliser encore plus dans cette dangereuse addiction. Si les flux financiers français baissent en 2021 7, rien n’indique que cette tendance va se confirmer.

Louis-Maxence Delaporte

Chargé de campagne finance zéro fossile à Reclaim Finance

« En effet, dès le mois de janvier 2022, les banques françaises ont été impliquées dans plusieurs opérations financières de grande envergure au profit de BP, Total et Saudi Aramco, chefs de file de l’expansion pétro-gazière 8 », poursuit Louis-Maxence Delaporte.

D’après l’Oil and Gas policy Tracker publié la semaine dernière 9, aucune banque française à l’exception de La Banque Postale n’a mis en place de politique d’exclusion robuste, limitant de manière significative les soutiens aux principales entreprises responsables de l’expansion pétro-gazière. Non seulement les mesures prises par les grandes banques françaises ne couvrent que certaines parties de l’industrie pétrolière et gazière, mais elles n’impactent aucunement les majors du secteur qui prévoient encore des plans d’investissements massifs dans les énergies fossiles, y compris non-conventionnelles.

Alors que le gouvernement a demandé depuis 2 ans à la place financière de Paris de sortir des hydrocarbures non-conventionnels 10, les grandes banques n’ont même pas renoncé à alimenter ces secteurs les plus menaçants pour l’environnement et les communautés 11. Elles figurent par exemple en haut de la liste des financeurs de l’exploitation pétro-gazière en Arctique et en mer 12. Malgré d’importantes baisses de ces financements en 2021, BNP Paribas parvient ainsi à rafler la position de 1er banquier mondial de ces deux secteurs hautement critiques pour la planète, depuis l’adoption de l’Accord de Paris.

À 10 jours de l’élection présidentielle, ce rapport tire un trait définitif sur l’ambition affichée du quinquennat d’Emmanuel Macron sur la finance durable. Malgré les multiples crises appelant à rompre avec notre dépendance aux énergies fossiles, la place de Paris et le gouvernement ont tenu bon sur le business as usual et même continué à appuyer sur l’accélérateur de l’emballement climatique.

Lorette Philippot

Chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre France

Lorette Philippot conclut : « Hier, au plus fort de la pandémie de Covid-19, les grandes banques françaises renflouaient massivement les groupes pétro-gaziers 13. Aujourd’hui, elles sont complices d’entreprises fossiles comme Total et Gazprom, qui opèrent en Russie et alimentent la guerre meurtrière du Kremlin 14. »

Contacts presse

Lorette Philippot des Amis de la Terre France : + 33 6 40 18 82 84 ; lorette.philippot@amisdelaterre.org

Louis Maxence Delaporte de Reclaim Finance : + 33 6 48 64 39 75 ; louis-maxence@reclaimfinance.org

Chiffres clé concernant les banques françaises

Crédit Agricole

• Figure parmi les principaux soutiens du géant russe Gazprom : 1 milliard entre 2016 et 2021.
• Est également le premier soutien de TotalEnergies entre 2016 et 2021 alors que l’entreprise développe actuellement un oléoduc pétrolier géant à travers l’Afrique de l’Est et n’a pas non plus renoncé à ses projets dans la zone Arctique russe.
• Figure dans le top 10 mondial des soutiens à l’extraction pétro-gazière Arctique et Offshore entre 2016 et 2021.

BNP Paribas

• Est le 1er soutien français à l’expansion pétro-gazière chaque année depuis 2016. Entre 2016 et 2021, BNP Paribas a alloué 56 milliards de dollars aux développeurs d’énergies fossiles, ce qui représente 42 % des financements accordés par les 6 plus grandes banques françaises au secteur.
• Entre 2016 et 2021, BNP Paribas a été le 1er soutien financier à BP et Shell. C’est également deuxième soutien de TotalEnergies et le quatrième de Saudi Aramco et le cinquième de Petrobras. Ces cinq entreprises font toutes parties des 10 plus gros développeurs de pétrole et de gaz au monde.
• BNP Paribas est le 1er soutien bancaire au monde à l’extraction pétro-gazière Arctique et offshore, entre 2016 et 2021 avec 6 milliards de dollars alloués aux 30 principales entreprises actives en Arctique et 37 milliards de dollars aux 30 principales entreprises actives dans l’offshore.

Société Générale

• A octroyé 6 milliards de dollars aux 30 entreprises les plus actives dans les pétrole et gaz de schiste depuis 2016, dont plus d’1 milliard de dollars en 2021.
• Société Générale fait partie des 10 plus gros soutiens d’ExxonMobil et Chevron entre 2016 et 2021, alors que le pétrole et le gaz de schiste représentent plus de 20 % de leur production et plus de 30 % de leurs plans d’expansion.

BPCE / Natixis

• Est la seule banque française à avoir augmenté ses soutiens aux énergies fossiles en 2021 avec 8,8 milliards de dollars alloués aux énergies fossiles en 2021, contre 6,5 milliards en 2020.
• A apporté plus d’un milliard de dollars en 2021 au projet d’exportation de gaz naturel liquéfié Venture Global LNG en Louisiane, contribuant ainsi indirectement à l’exportation du gaz de schiste américain.