28 banques appelées à ne pas financer un pipeline de sables bitumineux outre-Atlantique
26 organisations environnementales et amérindiennes appellent par une lettre ouverte 28 grandes banques internationales, incluant les 4 grandes banques françaises, à ne pas financer l’expansion du pipeline de sables bitumineux Trans Mountain au Canada.
Aussi risqué pour le climat et les populations amérindiennes que l’oléoduc Keystone XL, choisir de financer ce projet reproduirait les erreurs commises avec le Dakota Access Pipeline. En France, la réponse de Crédit Agricole est particulièrement attendue alors que la banque a annoncé à son Assemblée générale le 24 mai dernier avoir refusé de financer Keystone XL.
26 organisations amérindiennes et environnementales dont les Amis de la Terre France viennent d’envoyer une lettre ouverte 1 à 28 grandes banques internationales 2 pour leur demander de ne pas financer, directement et indirectement, le projet d’expansion de l’oléoduc de sables bitumineux Trans Mountain (TMEP) par l’entreprise Kinder Morgan. Parmi elles, les 4 françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis qui ont toutes déjà accordé des financements à Kinder Morgan dans le passé, et même, pour Société Générale, aidé l’entreprise à entrer en bourse la semaine dernière, une opération clé pour le financement du projet qui devrait être finalisé dans les prochaines semaines.
“Que ce soit très clair, les banques qui participent au financement de l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, que ce soit directement ou via des soutiens à Kinder Morgan, seront impliquées dans des violations des droits des peuples autochtones et s’inscrivent dans le camp de ceux qui, aux côtés de l’administration Trump, n’ont cure du climat et de l’avenir de l’humanité. Elles ne pourront pas feindre, cette fois-ci, qu’elles ignoraient les risques. Si elles regrettent sincèrement les erreurs commises avec le Dakota Access Pipeline 3, elles doivent s’engager à ne pas contribuer à de nouveaux financements qui faciliteraient la construction du projet” déclare Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre France.
La lettre appelle en particulier les banques à ne pas participer à la prochaine facilité de crédit de 5,5 milliards de dollars canadiens à laquelle Kinder Morgan pourrait recourir pour financer TMEP. Elle avertit les banques des risques financiers et de réputation liés à ce projet incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris et avec le respect des droits humains, en particulier ceux détaillés dans la déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones.
Plus de 120 premières nations et tribus autochtones ont rejoint l’Alliance du traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux 4, et ont fait savoir que leur mobilisation contre les grands projets d’infrastructures d’énergies fossiles prévus sur leurs terres historiques ne se limiterait pas à Turtle Island l’Amérique du Nord, mais qu’elle ciblera toutes les banques impliquées dans ces projets. En France, 4 défenseurs de l’eau impliqués dans la résistance contre le Dakota Access Pipeline et deux représentants amérindiens du Texas, dont Juan Mancias, le chef de la tribu Esto’k Gna, mobilisés contre des terminaux d’exportation de gaz de schiste, étaient présents aux Assemblés générales des banques françaises en mai pour les appeler à ne pas être complices de la politique anti-climat de Trump et de la folie des industriels des énergies fossiles 5.
“Crédit Agricole a annoncé pendant son Assemblée générale avoir rejeté le financement du Keystone XL, un projet très similaire au TMEP. On attend donc de la cohérence de la part de la banque et son rejet du TMEP mais aussi de Line 3 et d’Energy East, les deux autres projets d’oléoducs de sables bitumineux prévus outre-atlantique. Et enfin, car ces projets seront financés en partie par du financement d’entreprise, seule l’exclusion des entreprises impliquées dans ces projets, à commencer par Kinder Morgan, Transcanada et Enbridge Keystone XL garantira l’absence de soutiens par Crédit Agricole à ces projets” poursuit Lucie Pinson.
TMEP ne fera pas seulement tripler la capacité du Trans Mountain, qui pourra transporter 590 000 barils de pétrole brut supplémentaires par jour, mais il va entraîner l’augmentation de la production d’un des pétroles les plus intensifs en carbone, les sables bitumineux d’Alberta. Les risques sur l’eau potable dont dépendent de nombreuses populations sont également importants puisque 82 déversements extrêmement polluants, dont 4 majeurs, ont été enregistrés depuis que Kinder Morgan a acheté le pipeline en 2005.
Contact :
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France, 0679543715, lucie.pinson@amisdelaterre.org
Les 28 banques sont les 14 banques qui ont facilité l’entrée en bourse de Kinder Morgan (Société Générale et Bank of America, Bank of Montreal, Barclays, Canadian and Imperial Bank of Commerce, Credit Suisse, Deutsche Bank, JPMorgan Chase, Mitsubishi UFJ Financial Group, Mizuho Financial Group, National Bank of Canada, Royal Bank of Canada, Scotiabank, Toronto-Dominion Bank); et les 14 autres banques qui ont délivré des facilités de crédit renouvelable, certaines courantes actuellement, à Kinder Morgan (Crédit Agricole, BNP Paribas, Natixis et BayernLB, BBVA, Citigroup, DNB ASA, ING, Morgan Stanley, Regions Bank, Sumitomo Mitsui Financial Group, SunTrust, UBS, Wells Fargo).
Toutes les banques françaises ont participé au financement du Dakota Access Pipeline. Plus d’informations : « Dakota Access Pipeline : pourquoi les banques doivent toujours agir«