3 ans de durée de vie pour un iPhone ? Apple doit en finir avec l’obsolescence programmée
Via la section "Answers" de son site internet, Apple a expliqué que la durée de vie de ses produits variait entre trois et quatre ans. Une affirmation établie sur la base de témoignages de primo-usagers. Pour Florent Compain, président des Amis de la Terre, la marque à la pomme aurait tout intérêt à innover vraiment et faire en sorte que ses iPhones, iWatch et autres soient plus durables.
Au détour d’une question concernant leur impact environnemental, la marque à la pomme donne pour la première fois une information sur la durée de vie de ses produits : 3 ans pour les iPhone, iPad et iWatch et un an de plus pour les Mac.Fréquemment accusée de limiter la durée de vie de ces appareils, et couronnée championne de l’obsolescence programmée par un récent sondage OpinionWay, cette annonce était un secret de polichinelle.
Que cherche donc la marque à la pomme en communiquant sur la durée de vie de ses appareils ? Redorer son image et rassurer l’usager quant à l’impact sur la planète du renouvellement fréquent de ces biens ? Relancer ses ventes ? Éviter toute action en justice ? Dans tous les cas, il y a un ver dans la pomme.
Un impact environnemental neutre au bout de 3 ans ?
Des produits dont l’impact environnemental est neutre au bout de 3 ans, serait-ce l’annonce d’Apple ? Possible, quand on découvre sa solution à l’iPhone devenu obsolète : Liam, un gentil robot qui garantit le recyclage de chaque composant.
Loin des films de science-fiction, rappelons que seul un tiers de nos équipements électriques et électroniques atteint les chaînes de recyclage pour être en réalité broyés. Pour le contenu de nos smartphones, à peine la moitié de la quarantaine de métaux est effectivement recyclée. Pour suivre le rythme effréné des sorties d’Apple et un Liam au bord du burn-out, il leur faut continuer de prélever, de creuser.
Or l’industrie minière est l’une des plus destructrices au monde. En raison de l’épuisement des gisements les plus facilement exploitables, il faut aller chercher toujours plus loin les nouvelles ressources. Les techniques d’extraction sont donc de plus en plus invasives et productrices de déchets.
Aujourd’hui un gisement d’or avec une concentration de 5g par tonne est considéré comme économiquement exploitable. Ainsi, pour obtenir 5 g d’or il faut extraire 999.995g de roches stériles, soit 999.995g de déchets dans lesquels on retrouve des polluants qui contaminent l’eau, l’air et les sols. L’argument environnemental ne tenant plus la route, l’annonce concernerait donc la durée de vie réelle des biens Apple.
Autodestruction de l’appareil dans 1000 jours ?
Apple innove régulièrement pour maîtriser la durée de vie de ses produits : impossibilité d’entretenir la batterie par soi-même, impossibilité de mettre à jour le système d’exploitation pour les modèles les plus anciens, pièces détachées qui changent à chaque génération, incompatibilité des accessoires… Malgré tout, des utilisateurs résistent et continuent d’utiliser leur iPhone au-delà de 3 ans !
Kit de réparation, tutoriel pour contourner le bridage de l’iOS et autres permettent de déjouer les règles du jeu imposées par Apple. Au lieu de créer des robots, « rois » du recyclage, Apple ne pourrait-il pas user des talents de ses ingénieurs pour allonger la durée de vie de ses appareils et non plus la réduire ?
Apple en lutte contre toutes les mesures anti-obsolescence programmée… et les citoyens ?
En plus d’imposer ses propres règles aux consommateurs, Apple ne respecte pas les lois françaises et européennes. Les derniers iPhone d’Apple continuent d’être commercialisés avec une batterie intégrée, en dépit de la directive européenne sur les batteries qui l’exclut sauf pour raisons sanitaires (lien PDF, article 11 de la directive européenne 2013/56/UE). Et sur leur site, il est impossible de trouver la moindre information sur la disponibilité des pièces détachées, pourtant obligatoire en France depuis plus d’1 an.
Nous, citoyens, avons le pouvoir d’agir ! Saisissons-nous du code de la consommation et du délit d’obsolescence programmée pour faire condamner cette marque qui use de toutes les stratégies pour « réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement » – un délit qui est passible en France de 2 ans de prison, 300.000 euros d’amende.