La COP 21 condamne l’Afrique à brûler !
L’Accord de Paris affirme qu’il limitera le réchauffement de la planète « bien en dessous » de 2° et qu’il poursuivra des efforts pour le limiter à 1,5°.
Mais rien n’est dit sur la façon d’y arriver et en réalité, on se dirige vers un réchauffement planétaire de 3° ou 4°. Cela signifie une augmentation des températures de 6° à 8° pour l’Afrique avec des vagues de chaleur, des sècheresses et des inondations terribles. Nos villes côtières seront noyées, des centaines de millions de personnes vont mourir durant ce siècle, suite à l’effondrement de nos écosystèmes et de nos systèmes de production alimentaire.
L’Afrique n’a pas grand-chose à voir avec les causes du réchauffement planétaire. Ces deux cents et quelques dernières années, les puissances coloniales et les grandes entreprises ont pillé l’Afrique. Cela commença avec l’esclavage de millions de personnes et continua avec l’extraction des combustibles fossiles et des minerais, et par l’appropriation de larges territoires. Ce pillage est allé de pair avec une destruction extraordinaire de l’environnement. Notre air, notre eau sont empoisonnés, et nos terres sont détruites. Les changements climatiques viennent se rajouter à tout cela.
C’est grâce à ce pillage que les puissances coloniales se sont enrichies et s’enrichissent encore, alors que les peuples d’Afrique sont pauvres. Et maintenant, on nous livre à la fureur des éléments qui approche. L’Accord évite de reconnaître le problème de la dette due aux pays d’Afrique. On y évoque la nécessité de s’adapter, mais les ressources mises à disposition sont ridicules. Par contre, les puissances impérialistes sont absoutes de toute responsabilité pour les « dommages et préjudices » qu’entraînent les changements climatiques.
Comme lors des conférences précédentes, l’Accord promet de « mobiliser » des ressources financières. Les puissances impérialistes ne s’engagent à rien, si ce n’est à poser sur la photo. Elles ont déjà montré leur savoir-faire pour manipuler les masses, en rebaptisant l’aide au développement et en comptabilisant les emprunts et les investissements privés dans la finance pour les climats. En fait, cet accord n’est que la simple promesse de continuer le pillage.
Et cette promesse est répétée dans le texte qui enferme le « développement durable » dans un cadre conforme au marché. On y prévoit des bourses carbone censées réduire les émissions, ainsi que la séquestration grâce à des mécanismes comme REDD ou tout autre mécanisme qui entraîne accaparement des terres et de l’eau. REDD signifie « réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts ». Ce n’est qu’un exemple de ces néologismes créés pour signifier exactement le contraire de ce qu’ils désignent.
Pour Bobby Peek, directeur des Amis de la Terre d’Afrique du Sud (GroundWork) : « Nous avons demandé à nos dirigeants de négocier comme si nos vies valaient quelque chose et de quitter les négociations de Paris, s’ils n’arrivaient pas à obtenir un accord acceptable sur la table ».
Kwami Kpondzo chargé de campagne aux Amis de la Terre Togo rajoute : « Au niveau local, nous allons continuer de résister avec les communautés, de soutenir la construction d’un mouvement et de développer nos démocraties pour obliger nos dirigeants politiques à rendre des comptes sur leur inaction. Nous lutterons pour sauver notre monde ».
Et Geoffrey Kamese des Amis de la Terre Ouganda conclut : « Après 23 années de négociations, nous allons devoir affronter un monde où les températures ont augmenté de 4°. Le développement économique continue de se faire grâce aux énergies fossiles, alors que les scientifiques nous demandent l’inverse. Nous avons peur qu’il ne soit déjà trop tard pour sauver l’Afrique, pour sauver ses peuples et pour sauver la planète. Après cet accord, l’Afrique va griller sous la hausse des températures. »