Sous la pression populaire, Engie (ex GDF-Suez) se retire de Thabametsi en Afrique du Sud
Mercredi 3 juin - Après des mois de mobilisation en France et en Afrique du Sud contre le projet de centrale à charbon de 1200 MW de Thabametsi, Engie, l'entreprise française qui s'était montrée intéressée par le projet, s'en retirait.
Les Amis de la Terre, Earthlife Africa et Oxfam France saluent l’annonce du PDG Gérard Mestrallet, ce matin, sur BFM Business tout en rappelant que l’urgence climatique impose la fin de l’ensemble des activités d’Engie charbon d’ici 2020.
Interrogé ce matin par BFM Business sur la centrale à charbon Thabametsi que projetait de construire Engie en Afrique du Sud – où 90 % de l’électricité produite provient du charbon – le PDG d’Engie, Gérard Mestrallet, a déclaré : « cette centrale, nous ne la ferons pas » (1). La centrale de 1200 MW approvisionnée au charbon devait être construite dans le bassin minier du Waterberg et comportait de nombreux risques environnementaux, sanitaires, et sociaux, comme l’illustre le documentaire « Afrique du Sud, la France au charbon » publié en mai par les Amis de la Terre France (2).
Les associations se félicitent de la décision d’Engie de se retirer de ce projet. « La France avait déjà fait l’erreur de soutenir les deux giga centrales à charbon de Kusile et de Medupi qui alourdiront la facture climatique du pays sans bénéficier aux populations. Qu’elle ne veuille pas la répéter et abandonne ce projet de centrale est un signal fort pour montrer qu’il faut se détourner des énergies fossiles et développer le potentiel important d’énergies renouvelables en Afrique du Sud, qui constituent une alternative du point de vue climatique mais aussi en termes de bénéfices sociaux et d’emplois » déclare Dominique Doyle, de l’organisation sud-africaine Earthlife Africa.
Cette annonce intervient après deux années de mobilisation des Amis de la Terre en France en soutien aux organisations et populations sud-africaines qui contestent la poursuite d’un modèle énergétique injuste alors que les alternatives existent. Le calendrier s’était accéléré lorsqu’au mois d’avril, les Jeunes Amis de la Terre France avaient organisé une action d’interpellation à l’occasion de l’Assemblée générale du groupe [3], tandis que l’organisation Earthlife Africa organisait des pickettings devant les agences de l’entreprise. Le 15 mai, une marche de mille personnes s’était dirigée vers le consulat français à Johannesburg pour dénoncer le projet Thabametsi et le rôle de la France, actionnaire à 33 % de l’entreprise. « Cette victoire de la mobilisation populaire prouve que les citoyens ne sont pas démunis face aux multinationales. A la veille de la Conférence de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Paris et lors de laquelle les Etats sont censés adopter un accord permettant de résoudre la crise climatique, c’est la preuve qu’en s’organisant, nous pouvons montrer que des alternatives existent pour mettre fin aux énergies fossiles », constate Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
Si l’abandon de ce projet est un signal positif fort, les associations appellent l’entreprise et l’État à poursuivre dans cette voie. « Les 30 centrales à charbon existantes d’Engie émettent 81 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme les Philippines. Il faut non seulement qu’Engie renonce à tous ses autres projets de construction de centrales à charbon dans le monde, mais s’engage dans un plan de sortie du charbon d’ici 2020 », rappelle Armelle Le Comte, d’Oxfam France, en s’appuyant sur les chiffres du rapport « Emissions d’Etat : comment les centrales à charbon d’EDF et Engie réchauffent la planète », publié par Oxfam France et les Amis de la Terre le 19 mai dernier [4]. Comme le prouve l’exemple de l’Afrique du Sud, le charbon, qui est l’énergie la plus climaticide, n’est pas la solution pour permettre l’accès à l’énergie de tous. Le bien-être des populations et la solution à la crise climatique résident au contraire dans la sobriété et l’efficacité énergétiques et le développement des énergies renouvelables aux mains des citoyens.
Notes
[1] L’interview est à réécouter ici :
[2] Le documentaire est disponible ici :
[3] « Charbon : GDF Suez – Engie refuse d’écouter François Hollande »
[4]http://issuu.com/sarahroussel/docs/emissions_d_etat_comment_les_centra_00a426027d191a?e=0/12964888
Contacts presse :
Les Amis de la Terre : Malika Peyraut – 06 88 48 93 68 malika.peyraut@amisdelaterre.org
Earthlife Afrique du Sud : Dominique Doyle – +27 11 339 3662 ; +27 79 331 2028 dominique@earthlife.org.za
Oxfam France : Sarah Roussel – 06 51 15 54 38 – sroussel@oxfamfrance.org