Action : la finance française face à l’expansion du pétrole et du gaz au Climate Finance Day
Aujourd'hui se déroule le dernier Climate Finance Day du mandat d’Emmanuel Macron. Depuis 5 ans, chaque année y voit passer son lot d’annonces toutes aussi faibles les unes que les autres lors. A la veille de la Cop26, l’urgence de cesser tout financement aux énergies fossiles doit être au cœur du Climate Finance Day.
Article actualisé le 27 octobre 2021, au lendemain de l’action :
10 activistes des Amis de la Terre et d’Alternatiba Paris ont été placés en garde à vue pour avoir mené une action de désobéissance civile au Climate Finance Day afin de dénoncer l’incapacité du gouvernement à contraindre les grandes banques françaises à cesser de financer les énergies fossiles. Ils ont été libérés après 24h de garde à vue. Une vingtaine de personnes venues en soutien devant le commissariat ont été évacuées par les forces de l’ordre. Parmi eux, 3 salariés des Amis de la Terre. Leur tort ? Avoir refusé de quitter une salle de conférence où ils menaient une action de désobéissance civile non violente. Cet épisode s’inscrit dans une trajectoire de criminalisation croissante de l’activisme pour le climat.
L’urgence climatique retentit au Climate Finance Day
Ce matin, plusieurs activistes des Amis de la Terre France et d’Alternatiba Paris se sont invités au Climate Finance Day et ont interrompu la tenue de la conférence et la prise de parole de Bruno Le Maire, pour dénoncer l’absence de réaction du gouvernement face aux soutiens massifs des acteurs financiers aux énergies fossiles et à la vacuité de leurs engagements sur le climat. Les activistes ont « sonné l’alerte climatique », faisant retentir de nombreuses alarmes dans la salle et affichant les messages « Votre finance, nos vies », « Macron, champion de la finance fossile », « Stop à l’expansion du pétrole et du gaz ».
Décryptage des enjeux de cet évènement
Le Climate Finance Day, c’est LE grand rendez-vous des banques et du climat. Pourtant, ces dernières années, c’était surtout un rendez-vous manqué tant les banques sont mauvaises élèves en matière de climat. Face à l’urgence climatique, la priorité devrait être de laisser les énergies fossiles dans le sol dès à présent. Pourtant les grandes banques françaises ne désinvestissent absolument pas des secteurs polluants bien au contraire : depuis d’adoption de l’Accord de Paris sur le climat, elles ont presque doublé leurs financements aux énergies fossiles. Nous l’avons récemment documenté dans ce rapport.
Où en est-on ? Comment décrypter le greenwashing des banques et du gouvernement ? Comment faire avancer les choses ?
Pour répondre à ces questions, nous publions avec Reclaim Finance un dossier de presse : « COP26 : la finance française face à l’expansion du pétrole et du gaz ».
COP26 : la finance française face à l’expansion du pétrole et du gaz
Le grand écart
Nous voyons déjà le grand écart se former dans le monde de la finance :
- D’un côté, de petits établissements financiers qui montrent la voie en suivant la position de l’Agence Internationale de l’Energie : la fin immédiate du développement des hydrocarbures. C’est le cas de La Banque Postale, qui a publié une politique ambitieuse de sortie totale des pétrole et gaz à l’horizon 2030.
- De l’autre côté un refus d’agir voire un déni des grands groupes bancaires français comme le montre l’engagement dérisoire annoncé lundi par la Fédération bancaire française. C’est pourtant eux qui ont le plus de pouvoir et de capacité à changer le système financier.
Ces grandes banques françaises ne se sont pas non plus mises en ordre de marche pour sortir des hydrocarbures les plus toxiques : les pétrole et gaz non-conventionnels (schiste, sables bitumineux…). C’est pourtant une demande clairement formulée par Bruno Le Maire il y a un an au Climate Finance Day. Cette demande est restée lettre morte, si bien qu’on se demande qui du ministre ou des banques donne les ordres.
Faire de la sortie des énergies fossiles une obligation et non une option
Face à ce bilan alarmant, le gouvernement ne doit plus se contenter des quelques miettes lancées par les banques et doit sanctionner leur irresponsabilité ! Finis les grands discours et les vagues interpellations soumises au bon vouloir des banques. Cela ne fonctionne pas car le système financier est addicte aux énergies fossiles.
Bruno Le Maire doit hausser le ton et créer le cadre réglementaire indispensable pour organiser et accélérer la fin des soutiens des banques française aux énergies fossiles et ainsi aligner leurs activités avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.