Action contre les transports de matières nucléaires et pour la fermeture du site du Tricastin
Action « coup de poing » des antinucléaires ce mercredi 19 juin 2013 devant le site nucléaire du Tricastin (Vaucluse-Drôme) pour dénoncer les transports de matières radioactives sur les routes et voies ferrées du pays et exiger la fermeture de toutes les […]
Action « coup de poing » des antinucléaires ce mercredi 19 juin 2013 devant le site nucléaire du Tricastin (Vaucluse-Drôme) pour dénoncer les transports de matières radioactives sur les routes et voies ferrées du pays et exiger la fermeture de toutes les installations du site. A l’initiative de « Stop-Tricastin » et de son groupe Sdn 26/07 (Drôme/Ardèche) soutenu activement par le Collectif antinucléaire de Vaucluse/CAN84 et des militants de Greenpeace-Avignon.
L’action a obligé Areva à boucler tous les accès à son site pendant plusieurs heures. Importante présence gendarmesque à l’appui. Dans le même temps à Malvési (Aude) d’autres antinucléaires bloquaient aussi un site nucléaire.
Si les fuites d’infos sont moins dangereuses que celles du nucléaire, elles ont quelque peu contrarié le projet d’intercepter les camions de transports de matières nucléaires qui circulent, au grand risque de mise en danger de la population, sur les routes de France. L’action s’est donc déployée devant l’entrée même du site nucléaire du Tricastin qui a été fermé pendant plusieurs heures et que la direction de Areva a rendu inaccessibles aux travailleurs.
Le buziness de l’atome et de l’uranium au détriment des travailleurs, de la santé et de la sécurité des populations
Chaque jour, après avoir été extrait – dans les pires conditions pour les travailleurs africains mineurs du Niger et les territoires des populations locales – le minerai issu de l’exploitation des mines est transporté par routes vers les ports africains après avoir été mis en fûts. Ces fûts de « yello cake » (poudre jaune radioactive) sont alors transbordés sur des bateaux qui les acheminent jusqu’à certains ports français en Méditerranée. La poudre radioactive est alors transférée sur des camions par routes jusqu’à l’usine Comurhex de Malvési dans l’Aude.
La Comurhex (Conversion Métal URanium HEXafluorure),une filiale de Areva NC, traite le quart de la production mondiale d’uranium et la quasi-totalité de l’uranium consommé en France. Initialement détenue à 51 % par Pechiney et à 49 % par la Cogema, Pechiney a cèdé en 1992 Comurhex à Cogema. Puis Cogema a été intégrée en 2001 au groupe Areva nouvellement créé.
A Malvési a lieu la première transformation de la poudre d’uranium radioactif en tétrafluorure d’uranium (UF4), une substance qui, par simple contact avec l’humidité de l’air, peut se transformer en une solution toxique et corrosive. Ce traitement rejette de nombreux produits radioactifs et chimiques dans l’environnement notamment du fait de la décantation à ciel ouvert. De nombreux accidents s’enchaînent sur ce site depuis des années (pollutions « accidentelles » des eaux, inondation, rupture de digue…) qui à vu d’ailleurs la condamnation de la Comurhex par les tribunaux telle celle du 21 décembre 2001 à 60 000 euros d’amendes pour pollutions des eaux et destruction de la faune aquatique.
Languedoc-Roussillon, Provence, Rhône-Alpes : 3 régions concernées
Ce qui n’est pas encore un combustible radioactif nucléaire est déjà une matière radioactive mortelle. Après le bricolage chimico-physique dans l’Aude, le tétrafluorure d’uranium (UF4) prend la route de l’Hérault puis du Gard puis de la Drôme/Vaucluse. Direction en camion vers l’usine Comurhex de Pierrelatte (Drôme) implantée sur le site du Tricastin (Vaucluse/Drôme). 600 hectares d’installations nucléaires et chimiques civiles et militaires réparties sur quatre communes : Saint-Paul-Trois-Châteaux et Pierrelatte dans la Drôme, Bollène et Lapalud dans le Vaucluse.
Par une multitude de processus et manipulations générant une foultitude de rejets de produits radioactifs, chimiques et cancérigènes, l’UF4 est alors transformé en hexafluorure d’uranium (UF6), un autre composé chimique qui réagit avec la moindre goutte d’eau ou humidité. Outre sa radioactivité due à l’uranium, c’est un produit hautement toxique, qui réagit violemment avec l’eau. En atmosphère humide ou en présence d’eau, il se transforme en fluorure d’uranyle (UO2F2) et acide fluorhydrique (HF). La transformation est immédiate et violente et s’accompagne d’émission d’abondantes fumées opaques, irritantes et suffocantes de HF.
Cette phase nommée pompeusement « enrichissement » (c’est mieux que « trituration, chimiotransformation, thermotransformation,…) par diffusion gazeuse est à présent pris en charge par l’usine d’enrichissement Eurodif/George Besse (1) et, depuis , par l’usine « Georges Besse II » par centrifugation. (Pour des raisons économiques, de fiabilité et de rapidité de mise en œuvre, Areva a retenu la centrifugation et choisit d’acquérir la technologie auprès de… son concurrent européen Urenco.) Vive l’indépendance et la grandeur de la technique française…
Le tétrafluorure d’uranium (UF4) et l’hexafluorure d’uranium (UF6) sont deux substances à risque parmi des dizaines d’autres qui se trouvent sur le site du Tricastin, la concentration de matières radioactives et chimiques la plus importantes de France.
60 tonnes de matières radioactives circulent chaque jour entre l’Aude et le Vaucluse/Drôme
Les camions qui circulent sur les routes de France avec leurs chargements d’uranium (uranium dit « naturel » ou uranium dit « appauvri.) sont des transports de matières radioactives qui irradient et dont le rayonnement mortel (2) se propage à tout véhicule particulier ou collectif qui vient à le côtoyer, le suivre ou le dépasser.
Transport routier de matières nucléaire.Ainsi sur plus de 285 km dont 259 km sur autoroutes le danger radioactif et la mort lente règnent chaque jour. Et les automobilistes n’en savent rien, ni bien souvent les riverains. Pas sûr que les communes traversées soient informées de ces passages ni du danger des convois, ni en cas d’accident sachent quelle alerte donner à la population ni conduite à tenir. Pourtant des agglomérations de plusieurs centaines de milliers d’habitants et de salariés se trouvent à quelques encablures de ces convois de la mort : Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes, Bollène, La Palud, Pierrelatte,… Comme pour tout ce qui concerne le nucléaire c’est l’omerta et l’opacité.
Des convois non-sécurisés, circulant souvent sans aucune protection, qui stationnent allégrement sur les aires d’autoroute et près des aires de détentes des automobilistes et aires de jeux des enfants. Face à cette agression, la seuls attitude rationnelle et de protection des population est la fin des transports de matières radioactives, l’arrêt immédiat du nucléaire civil et militaire, la fermeture inconditionnelle du site du Tricastin et de tous les sites nucléaires.
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(1) Initialement l’usine de Pierrelatte, exploitée par le Commissariat à l’Energie Atomique jusqu’en 1978 puis par la Cogema dans le cadre d’une convention avec le ministère de la Défense. est une usine d’enrichissement de l’uranium à des fins militaires qui a, de 1964 à 1996, produit de l’uranium enrichi à 90 % destiné à la fabrication d’armes nucléaires. Fort de ce sinistre acquis, le CEA se voit confié par le gouvernement français – a coup d’injection de sommes colossales, la construction d’une nouvelle unité de séparation isotopique dans « des perspectives économiques liées à la réalisation, en Europe, d’une usine par procédé de diffusion gazeuse, compétitive sur le plan mondial ». Eurodif nait en associant la France avec des actionnaires minoritaires tels la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas et l’Allemagne puis en 1972, l’Espagne et la Suède mais qui sera quitté en 1973 par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas et verra l’Iran y détenir une minorité de blocage et un droit d’enlèvement sur 10 % de l’uranium enrichi. En contre-partie du financement par l’Iran de Eurodif, la France vendra à ce pays deux centrales sous lience états-unienne Westinghouse . Pour se dégager des prêts consentis par l’Iran et ne pas livrer à ce pays sa part contractuelle d’uranium la France effectuera un versement de 330 millions de dollars le 22 novembre 1986. Le 11 avril 2007, le Ministère des Affaires étrangères réaffirmait l’actionnariat de l’Iran à Eurodif, tout en affirmant que selon les termes d’un accord en 1991, l’Iran n’a aucun droit à enlever de l’uranium enrichi ni d’accès aux technologies du nucléaire, mais seulement aux gains financiers qui résultent de sa présence dans le consortium. Mais les Iraniens affirment que le contentieux comportait aussi d’autres éléments tenus secrets…
La durée de vie de l’usine Eurodif était estimée lors de la construction à 25 ans (fin d’activité en 2003) mais a été prolongée de 9 ans tout en multipliant les incidents et accidents pour lesquels l’ASN tapa du poing sur la table et, ou en 2008, Areva fut condamnée suite à une fuite de plus de 70kg d’uranium dans les rivières alentours. La catastrophe pérenne de Fukushima en mars 2011 ayant entrainé une forte baisse de la demande mondiale en uranium enrichi, l’usine Georges Besse qui alimentait les centrales nippones, désormais pratiquement toutes à l’arrêt, la fermeture de Eurodif a été avancée au 10 mai 2012, date à laquelle a commencé la procédure d’arrêt de production de l’usine. Production relayée depuis par l’usine « Georges Besse II » à centrifugation. La date de fermeture et de démantèlement d’Eurodif a été l’objet de négociations difficiles entre EDF (dont les 4 réacteurs nucléaires fournissait l’électricité) et Areva (propriétaire en titre de Eurodif).
En 1973, le coût de Eurodif avait été évalué à 7,4 milliards de francs , auxquels il convient d’ajouter environ 5 milliards de francs pour la construction des quatre réacteurs nucléaires d’E.D.F. destinées à lui fournir les 3 600 MGW électriques nécessaires à son fonctionnement.
(2) émission de rayonnements gamma, descendants dit à vie courte (pour certains de nocivité jusqu’à 300 ans) de l’uranium 238, le thorium 234 et le protactinium 234m, ainsi que de l’uranium 235
Source : http://coordination-antinucleaire-s…