Agribashing ou boucs émissaires ?
Les jeunes agriculteurs et la FNSEA se plaignent d'être victimes d'agribashing. N'y a t il pas derrière ces campagnes une opération de communication à usage interne, un détournement d'attention en rejetant les causes de leurs problèmes sur des boucs émissaires : les défenseurs d'une agriculture du XXI° siècle.
Suite à la campagne sur la recherche des traces de glyphosate, nous avons été très étonnés par l’agression que nous avons subie de la part des Jeunes Agriculteurs landais aux travers de leurs deux communiqués de presse :
La manipulation est grossière. Comment peut on baptiser une approche aussi peu rigoureuse, et tellement cousue de fil blanc ? Toute personne un tant soit peu au courant sait parfaitement que la recherche directe de glyphosate dans les urines par la méthode qu’ils ont choisie ne peut fonctionner que très rapidement après la mise en contact, et sur des urines du matin plus concentrées. En effet, le glyphosate est décomposé rapidement (6h chez l’Homme). Par contre, si l’on désire rechercher des expositions sur une période longue, il faut rechercher des marqueurs que le corps conserve, comme les anticorps. Ces marqueurs montrent l’exposition au glyphosate et (ou) son principal métabolite (dérivé) l’AMPA. Détecter le glyphosate permet de démontrer l’exposition à un pesticide classé cancérogène 2A par le CIRC (Le Centre International de recherche sur le Cancer). C’est la procédure scientifique utilisée par les associations de lutte contre les pesticides. De plus, comme le rappelle le Professeur Narbonne [1], un pesticide est un assemblage de produits chimiques, et certains composants peuvent être plus dangereux que la molécule active. La tentative de dénigrement des JA concernant le laboratoire utilisé par les associations n’est elle pas du même type que celle qui consisterait à expliquer que la CRIIRAD est peu compétente dans la mesure des pollutions radioactives. En agissant ainsi,, les Jeunes Agriculteurs ne font ils pas eux même leur propre agribashing ?
Lorsqu’un groupe d’humains se sent menacé, il dispose de plusieurs possibilités pour se défendre. La plus simple, mais aussi la plus inefficace, est la recherche d’un bouc émissaire. Si à court terme cette technique permet de transférer l’agressivité sur des individus supposés plus faibles, elle est extrêmement dangereuse puisqu’elle masque les vrais problèmes, et empêche de trouver de vraies solutions.