Communiqué de presse: « Manifestation pour la défense du Jardin des Lentillères »
Dijon, 8 mars 2014: A l’appel de l’assemblée du quartier des Lentillères, une manifestation de près de 500 personnes a déambulé ce samedi 8 mars depuis le siège de la communauté d’agglomération du Grand Dijon, avenue du Drapeau, jusqu’au jardin des Lentillères en passant par la place de la Libération.
Une manifestation festive et créative
Tracteur et serre roulante distribuant des plantes pour fleurir la ville, fanfare colorée, char pédagogique avec un atelier créatif portatif pour enfants, ruches roulantes et l’incontournable camion sonorisé ont égayé le parcours de près de 500 manifestants, recevant un accueil surpris et souvent souriant des dijonnais et touristes. Aux habitants du quartier des Lentillères, engagés dans les cultures maraîchères, s’ajoutaient de très nombreux sympathisants venus de Dijon, de l’agglomération et également d’autres villes français et européennes où les citoyens s’investissent pour faire revenir jardins et cultures en zones urbaines.
Un sujet majeur pour la ville : le maintien de l’agriculture
Qu’ils s’agissent de projets « illégaux », mais citoyens, conduits sans l’assentiment des autorités locales et/ou des propriétaires, ou de projets portés par les collectivités, les projets de jardins collectifs naissent partout en France. Face au manque de jardins partagés et à l’urbanisation oubliant l’agriculture et les espaces de biodiversité, des citoyens, des associations et des élus éclairés pensent la ville autrement, une ville où persiste en son cœur des espaces cultivés et naturels, assurant un lien entre les urbains et la terre, créant du lien social, permettant la réappropriation du bien public – la terre nourricière.
Le gouvernement et toutes les forces politiques françaises reconnaissent depuis plusieurs années la nécessité de limiter la perte des terres agricoles en France. La presse s’en fait largement l’écho. Alors pourquoi manifester à Dijon le 8 mars si tout le monde est d’accord ? Tout simplement car un projet d’écoquartier, dénommé paradoxalement écocité Jardin des maraîchers, sur plus de 20 hectares, anéantira 6 hectares de terres maraîchères. Promises à une urbanisation planifiée de très longue date, les dernières terres maraîchères de Dijon intra-muros pourraient être préservées si la municipalité de Dijon le décidait. Le projet urbain pourrait être repensé sans perdre de son intérêt, notamment celui de requalifier des friches industrielles.
Et maintenant, quel projet pour la ville : des écoquartiers respectueux des terres agricoles ?
Les études portées par la ville de Dijon (cabinets SOGREHA et TAUW 2011) démontrent que les terres maraîchères du jardin des Lentillères ne sont pas polluées ; les sols pollués se concentrent dans les friches industrielles et à proximité d’habitations et petites entreprises. Ce lieu, riche en humus et très anciennement cultivé, se prête parfaitement à l’agriculture, même si plusieurs élus de la ville affirment le contraire de façon éhontée.
Depuis mars 2010, des citoyens ont investi le jardin, qui était alors une vaste friche broussailleuse et quasi inhabitée. Près de 150 personnes cultivent un jardin collectif ou des lopins individuels. Un marché maraicher est organisé. Des liens se sont tissés avec le voisinage et les habitants du quartier se mêlent aux nouveaux venus. La dynamique est même internationale avec la venue de nombreux militants des « terres libérées » d’Allemagne, d’Angleterre et d’ailleurs. Les productions sont également partagées avec des personnes en difficultés ou sans ressource, résidentes à Dijon ou de passage.
Le lieu a été restauré, nettoyé, remis en vie et génère une culture collective créative et joyeuse. Dijon pouvait-elle espérer mieux ? Ou veut-elle un écoquartier riche en allées arborées et sans vie collective, préservant une maigre bande maraichère d’environ un hectare comme mentionné dans la dernière version du projet urbain ?
Les amis de la terre Côte-d’Or soutiennent l’assemblée du quartier des Lentillères et invitent les candidats aux élections municipales à Dijon et dans les communes membres de la communauté d’agglomération du Grand Dijon à repenser le projet d’écocité Jardin des maraîchers.
Dijon peut devenir une ville exemplaire, en améliorant ses projets d’écoquartiers :
– des projets contribuant à préserver la biodiversité en ville, voire à la multiplier ;
– des projets contribuant à conserver aux sols non artificialisés leurs fonctions d’espaces naturels ou cultivés ;
– des projets issus d’une réelle concertation avec les citoyens, au-delà de la seule enquête publique ou d’une concertation de façade sur des plans non révisables ;
– des projets réconciliant les élus et leurs administrés, au-delà de l’affichage.
L’historique du projet portant sur le jardin des Lentillères n’est pas un modèle de démocratie participative, mais il peut être repensé. Mesdames et messieurs les candidats aux municipales, engagez vous vers une ville réellement citoyenne, partagée et réconciliée avec la nature. N’ayez pas peur des citoyens !
Un site à découvrir : le Potagers des Lentillères : http://lentilleres.potager.org