Fauchage à Wetteren / Procès de Dendermonde
Le 29 mai 2011, à Wetteren, en Belgique (Flandre), 500 personnes participèrent à une action de désobéissance civile non violente pour dénoncer un programme de recherche en plein champ, sur des pommes de terre transgéniques, destinées à la consommation humaine. 36 faucheuses et faucheurs volontaires d’OGM, venus de toute la France, étaient présents. Le 8 Mai 2012, 11 personnes comparurent au tribunal de Dendermonde pour destruction de plants de pommes de terre, vol, destruction, rebellion ou association de malfaiteurs. Brève, l’audience fut reportée au 15 Janvier. Des soutiens venus de toute la société civile et de scientifiques, affluèrent de Belgique et de France. Plus de 80 personnes se portèrent « comparants volontaires » solidairement avec les accusés. Deux d’entre eux (Dominique et Lise) sont d’ailleurs dans notre voiture...
Flash-back en voiture
- En ce glacial matin d’hiver, nous roulons vers cette petite ville de Dendermonde, située près de Bruxelles. Cinq dans la voiture, nous voyons défiler le paysage gelé, mais beau dans sa blancheur. Le bitume, dégagé par les chasse-neige la veille, défile sous nos roues (tiens, les pistes cyclables, sécurisées, ont aussi été dégagées ! ) ; le temps de nous rappeler ce que nous faisons là :
- Le 29 mai 2011, à Wetteren, en Belgique (Flandre), 500 personnes ont participé à une action de désobéissance civile non violente pour dénoncer un programme de recherche en plein champ, sur des pommes de terre transgéniques, destinées à la consommation humaine. Un échange a été effectué entre les pommes de terre GM de l’essai et une variété non transgénique naturellement résistante à la maladie
- 36 faucheuses et faucheurs volontaires d’OGM, venus de toute la France, étaient présents ce jour.
- dès le lendemain de l’action, une chercheuse est renvoyée de son Université pour avoir soutenu l’action.
- Le 8 Mai 2012, 11 personnes (dont 1 faucheur français) ont comparu au tribunal de Dendermonde pour destruction de plants de pommes de terre, vol, destruction, rébellion ou association de malfaiteurs. Brève, l’audience a été reportée au 15 Janvier.
- Des soutiens venus de toute la société civile et de scientifiques, affluent de Belgique et de France. Plus de 80 personnes (non interpellées le 29/05/2011) , les interpellations ayant été faites « au petit bonheur ») se portent « comparants volontaires » solidairement avec les accusés. Deux d’entre eux (Dominique et Lise) sont d’ailleurs dans la voiture…
Une salle d’audience fort petite
Ce sont donc une centaine de personnes qui désirent être jugées en ce 15 Janvier. Mais l’affluence devant le Tribunal est beaucoup plus nombreuse : les photos ci-jointes vous donneront un aperçu de la foule de militants et de sympathisants présents devant le Tribunal (il y avait même un car venu de Toulouse). Nous pensons pouvoir avancer un chiffre d’au moins 250 à 300 personnes…
La salle d’audience étant très petite, nombre d’entre nous (y compris des « comparants volontaires » n’ont pu entrer : ils ont dû rester soit dans le sas d’entrée sans pouvoir assister aux débats, soit (comme moi) à l’extérieur. Malgré le froid, l’ambiance était chaleureuse : café ou thé + pain et fromage (le tout bio, évidemment) sous les tentes des associations présentes ou près des braseros au feu de bois et avec les accords rythmés d’une fanfare locale. Vente aussi de « bière des faucheurs » pour participer aux frais du procès… et, bien sûr, frites non-OGM sur le coup de 11h !
Un procès entièrement à charge
Vers 11h30, un SMS de Dominique, confirmé ¼ d’heure plus tard : les avocats ont décidé de quitter la salle d’audience, estimant que les droits de la défense avaient été bafoués : afin d’assurer un procès équitable, les avocats voulaient au moins mettre en avant les arguments d’une instruction à décharge lors de l’audience. A cet effet, les libérateurs de champs OGM ont proposé de présenter certains témoins et des interventions vidéo : demande rejetée par le Tribunal, qui avait également refusé les « comparants volontaires ». Fait très inhabituel, aucun juge d’instruction indépendant n’avait non plus été nommé. L’instruction avait donc été uniquement menée à charge des inculpés, en ignorant les droits de la défense qui nécessitent d’instruire également à décharge.
Rendez-vous le 12 février 2013…
Le jugement par défaut se tiendra le 12 Février 2013, le Ministère public ayant, lui, requis des peines de 6 à 8 mois de prison… Rappelons aussi que les propriétaires du champ et les institutions universitaires qui y menaient leurs recherches leur réclament par ailleurs 200.000 euros de dédommagement pour les dégâts occasionnés et pour les frais de protection des lieux par des société privées. Si les accusés sont condamnés, ils devraient pouvoir faire opposition et être rejugés par le même Tribunal. Rendez-vous donc le 12 février.
En attendant, retour en France, plus tôt que prévu, déçus par l’attitude du Tribunal mais bien décidés à poursuivre la lutte pour la liberté d’expression, le rôle des OGM et de la recherche publique, le droit de mener des activités militantes et la défense de systèmes agricoles durables.
Gérard Caby, Président des Amis de la Terre-Nord