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Groupe localLes Amis de la Terre Midi-Pyrénées20 avril 2017

Où en est le 3ème Procès AZF ?

Nous étions là le 24 janvier à l’ouverture du 3ème Procès AZF devant la Cour d 'Appel de Paris où une délégation des associations s 'était rendue.

Mais aussi à Toulouse, devant le centre de congrès Pierre Baudis avec les mêmes banderoles « AZF 21/09/2001 Total responsable », « Pas d’impunité pour le crime industriel » et nos gilets orange fluo (ni gilets, ni banderoles ne pourront rentrer dans la salle où est retransmis le procès…).

Une forêt de journalistes nous entourait, bien plus nombreux que nous. Seule notre frustration de ne pas avoir le procès en direct à Toulouse les intéressait. La retransmission s’avérera calamiteuse, son inaudible, une image des avocats de dos. Nous étions loin de la qualité de la salle Mermoz à Toulouse pour les 2 premiers procès.

Procès fleuve, plus de 2800 parties civiles, 187 témoins qui tous ont été cités et devaient être à Paris ou avec une excuse valable (certains sont morts !), plus de 40 avocats dont plus de la moitié pour les prévenus Grande Paroisse et son directeur. Relaxés en première instance au bénéfice du doute, Serge Biechlin, le directeur de l’usine, et la société Grande-Paroisse, filiale de Total, ont été condamnés en appel pour « homicides involontaires ». Cet appel a été cassé à la demande de Total.

A Toulouse tout le monde peut assister à la retransmission, après une fouille sévère. Dès le premier jour on pouvait compter 3 à 400 personnes dans la salle Pierre Baudis.
Ce procès fleuve doit durer 18 semaines, avec un calendrier bien établi, les mardi et mercredi à partir de 13h30, les jeudi à partir de 9h pour la journée. Il est évident que les parties civiles (victimes) ne pourront pas faire le voyage à Paris tout au long du procès, même si elles sont défrayées.

La première semaine du procès, l’association « Plus Jamais ça » qui a demandé que Total soit jugé, a été entendue. Après de courtes plaidoiries des avocats des parties civiles puis de Total, la Citation Directe sur son éventuelle responsabilité sera examinée au mois d’avril. Il est à remarquer que le 23 janvier, la veille du procès, la fédération des industries de la CGT avait manifesté devant la Tour de la Défense, demandant que « Total soit jugé et condamné ».

Le procès a commencé vraiment dès la deuxième semaine avec l’examen des constatations, du site, des produits. Vont se succéder, tout au long des semaines, les témoins et experts cités par le Parquet Général ou la Défense. On sent une exaspération de la police judiciaire, quand pour la troisième fois elle doit expliquer comment l’enquête interne menée par Total « a massacré la scène du crime ». Quant aux experts judiciaires, qui vont expliquer la géologie du cratère et le sens de la détonation, ils seront, comme lors des deux premiers procès, attaqués pied à pied par les avocats de la Défense et leurs experts dont on imagine que leur version ne colle pas.

Puis viendront ensuite les témoignages, l’analyse des phénomènes, lumineux, sismiques acoustiques, 16 ans après…

Les cinquième et sixième semaines, toutes les hypothèses de la cause de la catastrophe sont abordées : piste électrique, aéronefs, d’autres accidents industriels et bien sûr « l’acte intentionnel », en clair la piste terroriste, une bombe oubliée sous le hangar 221, le dernier scoop étant la nitrocellulose (cette piste sera examinée le 7 mars). Les avocats de la Défense veulent instiller le doute.

Les prochaines semaines la piste chimique retenue sera exposée, comme explication de la cause de l’explosion, bien intéressante pour ceux qui ont encore des doutes.

La Présidente de la Cour d’Appel et ses juges assesseures doivent résister aux arguties des avocats de la Défense et garder leur calme pour mener à bien ce troisième procès et pour qu’aucun incident ne soit prétexte à une nouvelle cassation.

Le Ministère Public avait déposé ses « réquisitions écrites » dès le premier jour du procès. Y sont énumérés tous les manquements de l’industriel dans la gestion de ses installations et leur exploitation. Ce qui le conduit à proposer la culpabilité de Grande Paroisse et de son directeur.

Pour nous, qui avons suivi les deux premiers procès, entendre encore les avocats des prévenus reprendre les mêmes pistes déjà écartées ou de nouvelles chaque fois plus farfelues, nous conforte dans notre volonté de faire reconnaître la responsabilité de Total.