Paris fait fausse route en Autolib’
Les Amis de la Terre Paris dénoncent une opération « Paris plus vert que vert » (1) qui ne favorise pas les transports collectifs et doux et compromet la nécessaire transition énergétique. Alors que Vélib’ incitait les parisiens à changer leurs modes de déplacement, Autolib’ conforte l’usage du véhicule individuel.
En ville, la mobilité se conjugue en collectif et doit s’organiser autour des transports collectifs et circulations douces. Avec, le projet Autolib’, lancé le 5 décembre 2011, la Ville de Paris va mettre en circulation 3 000 voitures supplémentaires, dans une ville à l’espace public saturé par ce moyen de transport individuel omniprésent et étouffant qu’est la voiture.
Pour les Amis de la Terre Paris, les modes de déplacements en ville doivent être analysés et arbitrés en tenant compte de tous les impacts : climat, énergie, pollutions locales, dégradations environnementales, nuisances, cadre de vie et partage de l’espace public. Dans ce cadre, Autolib’ ne répond pas à la nécessaire remise en cause des déplacements en voiture au profit des transports en commun, du vélo et de la marche.
Alors que l’ensemble des scénarios conjuguant sortie du nucléaire et réduction des émissions des gaz à effet de serre associées à l’énergie font de la réduction de la consommation énergétique un passage incontournable, le projet Autolib’ ne participe pas à cette démarche. Au contraire, il encourage et participe au déploiement et à la montée en charge d’une filière industrielle de voitures électriques. Alors qu’il est indispensable de réserver l’électricité à ses usages spécifiques (éclairage, électroménager, télécommunications, transports en commun, etc .) la consommation électrique qui en résultera compromet la nécessaire transition énergétique et la fermeture de tous les réacteurs nucléaires vieillissants et dangereux.
De plus, l’exploitation minière à grande échelle du lithium nécessaire aux batteries qui en résultera, entrainera une surconsommation de ces ressources et une dégradation environnementale irréversible. Un aspect mis en avant par les Amis de la Terre, dans le cadre des prix Pinocchio, qui dénoncent les conséquences désastreuses de l’exploitation du lithium en Amérique du Sud.
Enfin, la mairie se trompe de priorité budgétaire. En effet, pour des usages individuels ponctuels, il existe déjà de nombreuses possibilités : associations d’auto-partage, taxis, loueurs de voitures. Pourquoi la ville vient elle rajouter une offre supplémentaire ? Ceci ne recouvre aucune mission d’intérêt général ou de service public.
Pour Claude Bascompte président des Amis de la Terre Paris : « Au lieu d’investir dans ce service, la mairie de Paris devrait s’engager sur le déploiement des vraies alternatives à la voiture individuelle. Seuls la mise en place de transports collectifs performants et l’aménagement de voiries facilitant l’utilisation des modes de déplacements doux, permettrons de réduire la circulation automobile et lutter contre la pollution atmosphérique. »
(1) en référence aux prix Pinocchio : www.prix-pinocchio.org