Plan de déplacement de Paris : une ville pour tous
Un constat partagé par de plus en plus de parisien(ne)s : l’automobile dégrade le cadre de vie des citadins. En plus des nuisances dues au bruit et à la pollution, elle monopolise l’espace urbain. La ville, qui avait été précédemment […]
Un constat partagé par de plus en plus de parisien(ne)s : l’automobile dégrade le cadre de vie des citadins. En plus des nuisances dues au bruit et à la pollution, elle monopolise l’espace urbain. La ville, qui avait été précédemment réaménagée pour la voiture et non pour ses habitants doit donc rééquilibrer le partage de la voirie au profit de ces derniers
La réduction de la pollution de l’air, qui connaît des niveaux élevés dans l’agglomération parisienne, est un des enjeux majeurs de santé publique qu’il convient de traiter énergiquement.
Au-delà de ce constat, le plan de Déplacements de Paris doit aussi s’inscrire dans une politique plus globale de lutte contre le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre. L’ère d’un pétrole abondant et bon marché touche à sa fin. Cette nouvelle situation aura immanquablement un impact important sur l’organisation des déplacements et des échanges basée aujourd’hui, essentiellement sur les transports routiers. Il est donc impératif de réorienter notre organisation des transports dans l’agglomération pour préparer notre société aux changements et mutations nécessaires aussi bien pour les déplacements des citadins que pour la logistique nécessaire à la vie en ville et dans les territoires.
Réduire la circulation automobile en ville au profit des transports en commun, des vélos, des piétons et des personnes à mobilité réduite, c’est moins de nuisances, moins de besoin d’espace pour circuler ou garer les voitures, donc plus d’espace pour vivre. Ceci passe par une redistribution de l’espace public en faveur des circulations douces et une amélioration de la rapidité et de la régularité des transports en commun.
Ceci nous conduit à proposer les mesures suivantes pour faire du Plan de Déplacement de Paris un projet ambitieux et porteur d’avenir.
Faciliter les déplacements économes en espace et en énergie :
• C’est d’une part, réorganiser les modes de déplacement pour rééquilibrer l’usage de l’espace public :
disposer de quartiers verts nombreux destinés à la circulation résidentielle à vitesse très limitée (supprimer la circulation de transit dans les quartiers), composés d’espaces piétonniers avec un stationnement de surface réduit.
aménager dans les quartiers un ensemble de rues réservées aux piétons et cyclistes et éventuellement des transports en commun, ces rues se rejoignant pour former un réseau véritable itinéraire pratique de conception plus humaine : dénommé le « Réseau vert ». Les Amis de la Terre Paris demandent que le schéma directeur de ce réseau soit intégré au Plan de Déplacement de Paris.
aménager les trottoirs et les carrefours pour une circulation aisée des piétons, voitures d’enfant et personnes à mobilité réduite, sécuriser les traversées piétonnes (freiner la vitesse automobile, allonger les temps de traversée des feux). Toute requalification de voirie répondra à cet objectif.
réaliser un réseau cyclable maillé desservant la ville pour un usage facilité et sécurisé de ce mode de déplacement :
Dans une première phase court terme, toutes les voies importantes (boulevards, avenues, voies sur berge, …) feront l’objet d’un tel aménagement en signalisation au sol ou site protégé. Un objectif de multiplication par 5 du linéaire de pistes cyclables devra être inscrit au PDP (pour qu’environ la moitié du kilométrage de voirie soit concerné). Une coulée verte destinée aux circulations douces sera aménagée sur le tracé de la petite ceinture.
Un réseau de points « prêts de vélos » réparti dans la ville, visera à faciliter l’inter modalité et le stationnement pour en faire un mode de déplacement alternatif en ville (avec un mode de paiement éventuellement groupé avec les Transports en commun).
Les points sécurisés de stationnement des vélos seront développés
• D’autre part, pour les Transports en commun, disposer d’une offre RER, Métro, Bus en site propre, Tramway appropriée au trafic mesuré et projeté et adapté aux heures de forte fréquentation. Le PDP se doit d’intégrer ces objectifs.
améliorer la fréquence, le confort, la régularité, la signalisation et la rapidité des Bus : faire du réseau Bus un véritable métro de surface (lignes protégées de bout en bout) desservant l’ensemble de la ville.
Les horaires de service des Métro, RER et Bus seront étendus les fins de semaine et la nuit, Et l’accès du métro/RER aux vélos devra également être amélioré.
le prolongement des lignes de métro et la réalisation de lignes inter banlieue en petite couronne avec correspondance aux lignes radiales permettra de réduire les transits inutiles par Paris et de délester le trafic du périphérique. Le PDP soulignera ainsi ses priorités pour l’agglomération et sa solidarité avec les communes avoisinantes.
le réseau de transports en commun sera également développé en prolongeant le Tramway sur les boulevards des maréchaux et étoffer l’offre du réseau parisien sur les zones chargées ( gares) et mal desservies.
Réduire les déplacements motorisés :
• Le stationnement
Pour réduire la circulation automobile au profit des transports en commun et des modes de déplacement marche et vélo, la maîtrise du stationnement sur les lieux d’habitation, d’emploi et domaine public constitue un enjeu essentiel.
Les dispositions concrètes répondant à cet objectif sont :
aucune obligation de construction de parking dans les immeubles d’habitation, ne sera inscrite dans les règlements d’urbanisme.
stationnement dans les immeubles de bureau, locaux professionnels réservé aux seuls véhicules utilitaires des sociétés
parallèlement une taxe sur les parkings des immeubles de bureau existants utilisés aux autres usages que ceux des véhicules utilitaires pourra être mise en place.
la définition de tarifs cohérents entre le stationnement sur voie publique et le stationnement dans les parcs publics souterrains pour inciter à libérer la voie publique au profit du stationnement souterrain.
les parcs-relais près des stations de RER et de gares de trains de banlieue devront être développés afin de faciliter l’accès aux transports collectifs.
• Limiter la vitesse de circulation auto en développant notamment les zones 30.
• Le Boulevard Périphérique : Le boulevard périphérique est le premier axe routier d’Ile de France avec 270000 véhicules par jour (AIRPARIF actualité, avril 2005).
Cette densité de circulation automobile est la source de niveaux de pollution élevés. Les abords de cet axe routier sont aménagés, on y compte un nombre important de complexes sportifs, d’espaces verts, d’écoles et d’habitations.
Réduire les niveaux de pollution et donc de trafic sur cet axe s’impose.
Pour satisfaire à cet objectif, les Amis de la terre Paris proposent :
de réserver une voie du périphérique pour les taxis, transports en commun et covoiturage.
de compléter l’analyse d’impact des nuisances et d’accroître les mesures de restriction de circulation si nécessaire.
• Le fret
Le transport par voie ferrée et voie navigable devra être systématiquement privilégié pour les marchandises, matériaux et déchets, jusqu’à Paris. L’organisation des transports de marchandise et leur distribution veillera à la maîtrise de la localisation des plateformes et des flux de trafic.
Sur la petite ceinture, réutiliser les gares des nœuds ferroviaires en point de fret pour le rail.
Des mesures immédiates pour limiter les nuisances :
interdire le transit des poids lourds en ville et sur le périphérique
réglementer, en cohérence avec le PPA, la circulation des véhicules utilitaires en incitant les entreprises, collectivités et services publics à utiliser en milieu urbain les véhicules les moins polluants (normes européennes).
Favoriser les changements de comportement :
Les différentes propositions énoncées ci-dessus doivent être accompagnées d’actions d’information et de sensibilisation auprès des parisien(ne)s comme, par exemple :
la définition d’un objectif de réduction des émissions de CO2 sur Paris et une information des résultats obtenus par secteur d’activité dont les transports
la mise en place d’actions pédagogiques (expositions, conférences, …) dans les mairies, écoles, collèges, lycées
Le dispositif d’information et d’alerte du public :
Le dispositif de procédure d’information et d’alerte du public est mis en œuvre dans le cadre d’un arrêté inter préfectoral, en cas de pic de pollution atmosphérique.
Le suivi de qualité de l’air défini par arrêté et identifié par l’indice « ATMO », est le résultat agrégé de quatre polluants, cet indice n’est pas un outil de déclenchement ou de gestion des actions en cas de pollution pour la plus grande confusion des citoyens. En effet, les parisiennes et parisiens sont informés par la publication de cet indice de qualité de l’air, sans voir de mesures mises en œuvre selon le niveau de pollution mesuré.
Ces dispositions ne peuvent constituer une politique de protection de l’atmosphère.
En effet, l’étude publiée en 2000 et conduite à l’initiative de l’union européenne évalue à 350000 le nombre de décès prématurés dus à la pollution dans les 25 pays de l’union. De plus, l’étude du programme Erpurs menée pour la période 1987-2000, dans le cadre de l’observatoire régional de santé d’Ile de France met en évidence une augmentation du nombre d’hospitalisation et de décès pour causes respiratoires et circulatoires dans les cas de niveaux médians de pollution.
La ville de Paris doit montrer sa volonté de satisfaire aux enjeux de santé publique en mettant en œuvre une initiative sur ce sujet dans le cadre du plan de déplacement de Paris. En particulier en mettant en place un dispositif d’information sensibilisation sur les niveaux de pollution chronique