Pollution de l’air à Paris : un effet d’annonce
Paris, le 16 novembre 2012 - Le maire de Paris vient de présenter au Conseil de Paris son plan de lutte contre la pollution de l’air. Les Amis de la Terre Paris dénoncent des mesures timides et inappropriées qui ne permettront pas d’améliorer la qualité de l’air respiré par les Parisiens. Un effet d’annonce choquant qui masque une absence de volonté.
Face à la situation de pollution périodiquement constatée et qui ne se dément pas d’année en année, le maire de Paris se devait d’agir sous peine d’être soupçonné d’immobilisme.
Les mesures phares qu’il vient de dévoiler concernent : l’interdiction de la circulation des véhicules les plus polluants, la réduction de la vitesse sur le périphérique et la réduction de la vitesse en ville en instaurant des « zones 30 » et des « zones de rencontre ». Ces nombreuses propositions, véritables fourre-tout, font l’impasse sur l’évaluation chiffrée des résultats attendus.
L’interdiction de la circulation des véhicules les plus polluants, encore une fois est définie par un critère d’âge et non d’émission des pollutions locales et globales. Le maire de Paris propose dans la future ZAPA, d’interdire la circulation des véhicules particuliers et utilitaires de plus de 17 ans, des véhicules poids lourds de plus de 18 ans et les deux roues de plus de 10 ans.
Cette mesure sera-t-elle en plus assortie d’une dérogation pour les véhicules de collection?
Pour Claude Bascompte président des Amis de la Terre Paris : « De limites des contraintes en dérogation, la mesure de restriction de circulation des véhicules particuliers devient un ensemble quasi vide. Tout ça pour ça ! Ce serait risible s’il ne s’agissait pas là, d’un problème de santé publique. »
Cette mesure pourrait faire l’objet d’une nouvelle catégorie des prix Pinocchio.
Faut-il rappeler que l’âge moyen du parc automobile français est de l’ordre de 8 ans et vraisemblablement moins en Ile de France. Voilà donc une mesure qui n’aura aucune efficacité.
La modeste réduction de la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h ne peut avoir qu’un effet très limité sur les émissions de polluants. De plus, la vitesse moyenne annuelle sur le périphérique est de 37 km/h d’après le dernier bilan de l’observatoire des déplacements, elle n’aura donc qu’un effet d’appoint marginal.
La réduction de la vitesse en ville par des « zones 30 » ou des « zones de rencontre » qui devrait concerner d’après le futur Plan Climat, au mieux 10% de la voirie à moyen terme, n’aura pas davantage d’incidence sur la pollution de l’air. En effet, les constructeurs automobiles soulignent que l’optimum du fonctionnement d’un moteur et donc le minimum des émissions polluantes se situe entre 50 et 70 km/h.
Pourquoi ces zones ne peuvent elles être transformées en zones de circulations douces pour empêcher la circulation de transit dans les quartiers ?
La lutte contre la pollution de l’air passe nécessairement par une réduction de la circulation automobile.
Parallèlement, il est souhaitable de renforcer les transports publics notamment par des voies de bus en site propre de bout en bout, et la fréquence de desserte de ces lignes.
Réduire la pollution de l’air suppose de limiter la circulation automobile en interdisant la zone centre de l’agglomération ou un nombre de voies significatif pour viser enfin le respect des valeurs limites.