Transports publics parisiens : omniprésence publicitaire et répression
Paris, le 12 février 2004 - Les Amis de la Terre Paris écrivent à Anne-Marie Idrac (RATP), Maurice Lévy et Élisabeth Badinter (Publicis) pour qu’ils abandonnent l’action judiciaire à l’encontre de 62 personnes accusées de vouloir barbouiller des publicités
La régie et Publicis (à travers sa filiale Métrobus) se sont alliés pour réclamer près d’un million d’euros de dommage et intérêts à des citoyens, des chômeurs, des étudiants qui sont accusés d’avoir eu l’intention de participer à des actions non violentes visant des publicités.
Les Amis de la Terre Paris dénoncent cette action disproportionnée à l’encontre de personnes à qui il est réclamé une somme plusieurs fois supérieure aux revenus de toute une vie. Ces poursuites démesurément répressives révèlent le dévoiement du service public des transports au profit d’intérêts commerciaux privés.
L’action est d’autant plus choquante que des questions légitimes sont aujourd’hui posées à propos de la publicité dans les transports :
– La croissance démesurée des sollicitations publicitaires dont sont victimes les usagers des transports confine au harcèlement et porte atteinte au cadre de vie dans les transports.
– Les messages sont très souvent contradictoires avec les objectifs du développement durable que la RATP se targue pourtant de poursuivre.
– Aucun espace de libre expression n’est aménagé pour répondre aux messages commerciaux souvent contestables.
Les Amis de la Terre demandent à la RATP et à Publicis de renoncer à leurs poursuites et d’ouvrir un grand débat démocratique sur la place de la publicité dans les transports publics.
LETTRES ENVOYEES
Madame Anne-Marie Idrac,
Présidente de la R.A.T.P.
Madame la Présidente,
A la suite de l’action en justice intentée à l’égard de 62 personnes à qui la RATP demande près d’un million d’euros de dommages et intérêts, je me permets, au nom de l’association Les Amis de la Terre Paris, de vous faire part de notre grande préoccupation.
Les Amis de la Terre Paris n’ont ni appelé ni participé de quelque manière que ce soit aux actions non violentes d’expression sur les affiches publicitaires que votre entreprise publique des transports parisiens et la société commerciale Publicis reprochent à ces personnes.
Je souhaite néanmoins attirer votre attention sur la disproportion manifeste entre les sommes plusieurs fois supérieures aux revenus de toute une vie que vous réclamez et la situation matérielle de ces citoyens souvent très modeste. Ces poursuites démesurément répressives révèlent le dévoiement du service public des transports au profit d’intérêts commerciaux privés.
Ce harcèlement judiciaire est d’autant plus choquant que les « barbouillages » qui justifieraient, selon vous, cette action, posent des questions légitimes sur la dégradation croissante du service public des transport en terme de cadre de vie, de développement durable et de liberté d’expression.
La dégradation de la qualité du cadre de vie des usagers des transports publics parisiens est manifeste depuis quelques années avec l’explosion des sollicitations commerciales dont ils sont l’objet. L’omniprésence de la publicité sous des formes sans cesse plus diversifiées et agressives confine au harcèlement des usagers qui n’aspirent qu’à voyager efficacement et paisiblement. L’atmosphère d’incivilité institutionnelle ainsi créée ne peut d’ailleurs qu’encourager les incivilités individuelles contre lesquelles vous entendez pourtant lutter.
De plus, la RATP se targue de s’engager en faveur de l’écologie urbaine et du développement durable et prétend chercher à être toujours exemplaire, dynamique et innovante dans ses actions en faveur de l’environnement. Or, nombre de messages imposés à vos clients font souvent l’apologie de comportements et habitudes aux antipodes du développement durable en terme, notamment, de consommation (biens jetables plutôt que durables), de transports (avions, automobiles), d’agriculture (production industrielle plutôt que biologique), de santé (aliments saturés en sucre…) ou de démocratie …
Enfin, l’action des « barbouilleurs » pose une question qui relève de l’exercice de la démocratie. De fait, les supports de communication marchande qui tapissent les murs et, de plus en plus, le matériel roulant de la RATP, ne laissent aucun espace de communication citoyenne libre en réponse aux messages commerciaux pourtant souvent très contestables. J’attire votre attention sur le fait que ce contexte retire toute crédibilité aux messages de la RATP quant cette dernière prétend défendre les valeurs telles que le respect, le civisme et la vie en collectivité.
Face à ces questions fondamentales tant pour la citoyenneté des Franciliens que pour les objectifs du développement durable qu’ils poursuivent, les Amis de la Terre Paris, vous demandent de revenir sur l’action en justice choquante que vous avez engagée à l’encontre de 62 citoyens et d’ouvrir une concertation démocratique approfondie sur la place et la nature de la publicité sur votre réseau.
En espérant que vous prendrez ces préoccupations en considération, je vous prie de croire, Madame la Présidente, à toute ma considération.
Claude Bascompte
Président des Amis de la Terre Paris
Monsieur Maurice Lévy
Président de Publicis
Monsieur le Président,
A la suite de l’action en justice intentée à l’égard de 62 personnes à qui la société Métrobus, filiale de Publicis, demande près d’un million d’euros de dommages et intérêts, je me permets, au nom de l’association Les Amis de la Terre Paris, de vous faire part de notre très grande préoccupation.
Les Amis de la Terre Paris n’ont ni appelé ni participé de quelque manière que ce soit aux actions d’expression sur les affiches publicitaires que votre groupe reproche à ces personnes.
Je souhaite néanmoins attirer votre attention sur la disproportion manifeste entre les sommes plusieurs fois supérieures aux revenus de toute une vie qui leur son réclamées et la situation matérielle de ces citoyens souvent très modeste. Ces poursuites démesurément répressives éclairent l’activité de Publicis sous un jour très défavorable. Elle laisse en effet penser que votre groupe est prêt à lancer les actions les plus agressives à l’encontre de personnes qui seraient susceptibles de questionner certains de ses intérêts, aussi limités, à l’échelle de Publicis, qu’ils puissent être.
Ce harcèlement judiciaire est d’autant plus choquant que les « barbouillages » qui justifieraient, selon Publicis, cette action, posent des questions légitimes sur la dégradation croissante du service public des transport en terme de cadre de vie, de développement durable et de liberté d’expression.
La dégradation de la qualité du cadre de vie des usagers des transports publics parisiens est manifeste depuis quelques années avec l’explosion des sollicitations commerciales dont ils sont l’objet. L’omniprésence de la publicité sous des formes sans cesse plus diversifiées et agressives confine au harcèlement des usagers qui n’aspirent qu’à voyager efficacement et paisiblement.
De plus, nombre de messages imposés aux clients de la RATP font souvent l’apologie de comportements et habitudes aux antipodes du développement durable en terme, notamment, de consommation (biens jetables plutôt que durables), de transports (avions, automobiles), d’agriculture (production industrielle plutôt que biologique), de santé (aliments saturés en sucre…) ou de démocratie …
Enfin, l’action des « barbouilleurs » pose une question qui relève de l’exercice de la démocratie. De fait, les supports de communication marchande qui tapissent les murs et, de plus en plus, le matériel roulant de la RATP, ne laissent aucun espace de communication citoyenne libre en réponse aux messages commerciaux pourtant souvent très contestables.
Face à ces questions fondamentales tant pour la citoyenneté des Franciliens que pour les objectifs du développement durable qu’ils poursuivent, les Amis de la Terre Paris, vous demandent de revenir sur l’action en justice choquante que vous avez engagée à l’encontre de 62 citoyens et, avec la RATP, d’ouvrir une concertation approfondie sur la place et la nature de la publicité sur votre réseau.
En espérant que vous prendrez ces préoccupations en considération, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à toute ma considération.
Claude Bascompte
Président des Amis de la Terre Paris
Madame Élisabeth Badinter
Présidente du Conseil de Surveillance de Publicis
Madame la Présidente,
A la suite de l’action en justice intentée à l’égard de 62 personnes à qui la société Métrobus, filiale de Publicis, demande près d’un million d’euros de dommages et intérêts, je me permets, au nom de l’association Les Amis de la Terre Paris, de vous faire part de notre très grande préoccupation.
Les Amis de la Terre Paris n’ont ni appelé ni participé de quelque manière que ce soit aux actions d’expression sur les affiches publicitaires que votre groupe reproche à ces personnes.
Je souhaite néanmoins attirer votre attention sur la disproportion manifeste entre les sommes plusieurs fois supérieures aux revenus de toute une vie qui leur son réclamées et la situation matérielle de ces citoyens souvent très modeste. Par le caractère exorbitant de sommes réclamées, cette action éclaire l’activité de Publicis sous un jour très défavorable. Elle laisse en effet penser que votre groupe est prêt à lancer les actions les plus agressives à l’encontre de personnes qui seraient susceptibles de questionner certains de ses intérêts, aussi dérisoires, à l’échelle de Publicis, qu’ils puissent être.
Ce harcèlement judiciaire est d’autant plus choquant que les « barbouillages » qui justifieraient, selon Publicis, cette action, posent des questions légitimes sur la dégradation croissante du service public des transport en terme de cadre de vie, de développement durable et de liberté d’expression.
La dégradation de la qualité du cadre de vie des usagers des transports publics parisiens est manifeste depuis quelques années avec l’explosion des sollicitations commerciales dont ils sont l’objet. L’omniprésence de la publicité sous des formes sans cesse plus diversifiées et agressives confine au harcèlement des usagers qui n’aspirent qu’à voyager efficacement et paisiblement.
De plus, nombre de messages imposés aux clients de la RATP véhiculent non seulement parfois un discours sexiste, peut être y êtes vous sensible, mais font également souvent l’apologie de comportements et habitudes aux antipodes du développement durable en terme, notamment, de consommation (biens jetables plutôt que durables), de transports (avions, automobiles), d’agriculture (production industrielle plutôt que biologique), de santé (aliments saturés en sucre…) ou de démocratie…
Enfin, l’action des « barbouilleurs » pose une question qui rélève de l’exercice de la démocratie. De fait, les supports de communication marchande qui tapissent les murs et, de plus en plus, le matériel roulant de la RATP, ne laissent aucun espace de communication citoyenne libre en réponse aux messages commerciaux pourtant souvent très contestables.
Face à ces questions fondamentales tant pour la citoyenneté des Franciliens que pour les objectifs du développement durable qu’ils poursuivent, les Amis de la Terre Paris, vous demandent de revenir sur l’action en justice choquante que Publicis a engagé à l’encontre de 62 personnes et, avec la RATP, d’ouvrir une concertation approfondie sur la place et la nature de la publicité sur réseau des transports publics franciliens.
En espérant que vous prendrez ces préoccupations en considération, je vous prie de croire, Madame la Présidente, à toute ma considération.
Le Président des Amis de la Terre Paris