Une autoroute ‘routière’ (A69), peut en cacher une autre, ‘ferroviaire’ (LGV Bordeaux-Toulouse)
À côté (juste un peu à l’ouest) de la mobilisation contre l’autoroute A69 Toulouse-Castres, une autre mobilisation de terrain ré-émerge depuis quelques temps, avec là aussi des occupations d’arbres, contre l’autoroute ferroviaire que représente le projet de ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux.
Véritable accaparement et spoliation des terres au profit d’une partie minoritaire de la population qui seule pourrait se payer ces moyens de transports de plus en plus chers pour traverser les territoires à grande vitesse, en les coupant en deux et sans s’y arrêter, en détruisant des terres naturelles, agricoles et forestières, riches de biodiversité et essentielles au bon cycle de l’eau, ce nouveau méga-projet inutile et écocidaire, antidémocratique et ruineux pour les finances publiques sert de nouveau le lobby du béton.
Alors que Carole DELGA, la présidente de Région Occitanie, se plaint désormais ouvertement du fait que le gouvernement refuserait de boucler le budget de la LGV nouvelle Bordeaux-Dax et Bordeaux Toulouse, et que celle-ci est donc loin d’être financée et validée définitivement (et tant mieux !), des travaux ont toutefois commencé au Sud de Bordeaux et au Nord de Toulouse, mais non sans résistance !
Les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB) ont commencé à expulser des habitant.es et, s’ils ont pu être stoppés en partie au printemps dernier grâce à la présence de nids d’hirondelles dans une ferme du côté de Cadaujac, en Gironde, leurs travaux sont dans les starting-blocks avec des destructions de végétation à craindre. En effet, malgré une très forte participation à l’enquête publique pourtant cachée au cœur de l’été, où près de 2 500 avis ont été postés, dont 92% négatifs – avec certains majeurs , comme celui du Conseil National pour la Protection de la Nature (CNPN) – les commissaires enquêteurs ont conclu récemment l’enquête par un avis positif, ouvrant ainsi la porte à une autorisation préfectorale.
Les Aménagements Ferroviaires au Nord de Toulouse (AFNT) ont eux déjà commencé à détruire de la végétation le long du Canal Latéral à la Garonne depuis ce mois de septembre 2024, alors qu’un recours en annulation de l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale de ces AFNT (datant de février 2024) sera examiné au mieux dans seulement plusieurs mois par le Tribunal Administratif (TA) de Toulouse, suite à une action juridique engagée par les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Alternative LGV 82, FNE1 82, UPNET2/FNE 81 et le GNSA3.
Les arguments à l’appui de cette demande d’annulation sont nombreux. Et s’ils n’ont pas pu conduire à la suspension en urgence du chantier lors d’une audience de référé suspension devant le TA de Toulouse le 16 septembre dernier, ils ont bien été entendus et pris en compte par la présidente du TA, qui attend des preuves supplémentaires de la part des associations opposantes. Les juges indiquent dans leur délibéré, que ‘en l’état actuel de l’instruction’, iels ont jugé manquer de données techniques pour prendre une décision aussi importante que suspendre un projet à 1 milliard d’€ (s’agissant de la seule partie ‘AFNT’, le projet total de la LGV Bordeaux-Toulouse avoisinant les 20 milliards d’€).
Or, en droit administratif, ce n’est pas à la SNCF de démontrer la solidité de son dossier, mais aux parties qui s’y opposent, de démontrer la robustesse de leurs arguments.
Le tribunal demande ainsi aux associations de présenter des contre-expertises ferroviaires et naturalistes pour démontrer que la SNCF n’a pas recherché (sérieusement) d’alternative et n’a pas étudié (sérieusement) l’importance de la biodiversité actuellement présente entre voie ferrée et canal latéral, qui représente un corridor de nature clé au nord de Toulouse. Pourtant, le CNPN et l’Autorité Environnementale (AE) ont déjà évalué très sévèrement le dossier de la SNCF. Le CNPN parle d’une étude d’impact environnemental ‘trompeuse’ de la part de la SNCF et ‘d’impacts résiduels’ ‘vertigineux’ (sic) et l’AE a déclaré ne pas pouvoir rendre un avis vu le caractère médiocre du dossier de la SNCF !
Dans l’immédiat, et depuis le 30 août dernier, des militant.es, « écureuils » et au sol occupent des arbres du tracé des AFNT, du côté de Saint-Jory, en Haute-Garonne, à quelques mètres du cours d’eau de l’Hers, peu après sa confluence avec le Girou, qui arrive lui directement du Tarn et du tracé de l’autoroute A69.
Ces 11, 12 et 13 octobre 2024, un rassemblement appelé « Freinage d’Urgence » a signé, en outre, le coup d’envoi d’une mobilisation de la coordination ‘LGV Non Merci’ en lien avec les Soulèvements de la Terre, pour faire cesser au plus vite ce projet de plus de 250 kilomètres de destruction des terres.
Pour mener cette lutte essentielle face aux lobbies du béton, de l’acier et du toujours plus vite, la Coordination LGV Non Merci ! a besoin de moyens financiers importants pour :
– porter des recours en Justice et faire annuler ce projet devant les tribunaux,
– assurer une communication claire et percutante pour informer et alerter la population,
– organiser des évènements de rencontres et de débats pour construire les alternatives.
Toutes les contributions petites ou grandes sont les bienvenues, car il est bien connu que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières !
https://www.helloasso.com/associations/amis-de-la-terre-midi-pyrenees/collectes/lgv-non-merci