Alpha Coal : GVK bluffe pour sauver un projet mort-né
L’entreprise indienne GVK déclare que son projet d’extraction et d’exportation de charbon Alpha Coal est en bonne voie de se concrétiser après l’obtention d’un permis environnemental pour la mine.
Une annonce précipitée qui ne mentionne pas les autres autorisations nécessaires, le surendettement de l’entreprise et la chute du cours du charbon sur les marchés… et encore moins l’absence de financeurs et de partenaires économiques oules procès en cours. Si GVK voulait rassurer, c’est raté ! Sauf peut-être pour la Société Générale qui soutient GVK et le projet Alpha Coal sans s’inquiéter des risques économiques, environnementaux et de réputation. 1
L’entreprise GVK vient d’annoncer avoir obtenu un permis environnemental pour la mine de charbon du projet Alpha Coal. L’entreprise présente ce permis comme quelque chose d’extrêmement important pour l’avancée du projet vers sa phase opérationnelle. Il n’en est rien puisque d’autres permis sont nécessaires et surtout car GVK et Alpha Coal font face à de nombreux obstacles. Pour les Amis de la Terre, GVK tente d’utiliser ce permis à la fois pour rassurer des investisseurs potentiels et aussi pour redorer le blason d’un projet très contesté en raison de ses impacts environnementaux locaux et du risque climatique qu’il représente.
« GVK ne communique sur ce permis qu’aujourd’hui alors qu’il a été décidé cet été. L’entreprise cherche en réalité à influencer les décisions de la Cour Suprême du Queensland qui devra décider lundi si le projet doit être autorisé ou non » analyse Lucie Pinson, chargée de campagne Banques Privées/Coface aux Amis de la Terre. Alpha Coal est contesté en raison de ses impacts sur les réserves en eau dont dépendent les populations et l’économie locale. Le projet menace également les écosystèmes, dont la Grande Barrière de corail. Mais il a récemment été médiatisé en raison de son lourd impact sur le climat : le projet qui contribuerait à émettre 1,8 milliard de tonne de CO2 en 30 ans.
« C’est un coup de bluff, un énième pour rassurer sur un projet qui devait boucler ses financements en octobre 2012, puis en mars 2013 , puis au second semestre 2013, puis à la fin de 2014 ou début 2015 2, et pour lequel l’entreprise préfère à juste titre ne plus s’avancer» poursuit Lucie Pinson. GVK va en effet de difficulté en difficulté. Sévèrement endettée, et bien que soldant certains de ses actifs afin d’augmenter ses ressources financières, GVK n’a pas pu honorer une échéance de remboursement pour l’achat du projet à Hancock en 2012. Aurizon, avec qui elle comptait s’associer, conditionne également son partenariat à la clôture du montage financier qui, lui aussi, s’avère compliqué.
Pour les Amis de la Terre,il est affolant de voir une grande banque, la Société Générale, soutenir une entreprise aussi faible pour un projet très controversé, et donc risqué pour l’image de la banque, et dont les retombées économiques et financières sont très incertaines. En effet, avec un prix du charbon qui a chuté de près de moitié depuis 2011, et l’arrêt de la croissance de la consommation de charbon en Chine, la viabilité économique du projet est loin d’être assurée.
Les Amis de la Terre réitèrent leur demande à la Société Générale de se retirer du projet Alpha Coal. Les fossiles doivent rester dans le sol si nous voulons lutter contre les changements climatiques, il n’est pas le moment d’ouvrir une nouvelle mine qui marquerait l’ouverture d’une bombe climatique.