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Climat-ÉnergieFinance
2 mars 2017

BNP réfléchit aux financements des énergies non-conventionnelles. Notre réponse

BNP Paribas déclarait hier vouloir prendre en compte les informations publiées le même jour dans le rapport des Amis de la Terre France, Rainforest Action Network et Save RGV from LNG sur le projet de terminal d’exportation de gaz de schiste Texas LNG aux Etats Unis.

La banque les intégrerait dans sa stratégie sur les énergies non-conventionnelles 1. Pour les Amis de la Terre France, cette réflexion doit aboutir rapidement à l’adoption d’une politique d’exclusion de tous les projets d’énergies non conventionnelles et des entreprises actives dans ces secteurs les plus risqués des énergies fossiles

Texas LNG émettrait directement des gaz à effet de serre équivalant à 620 000 tonnes de CO2 pour chaque année de fonctionnement, mais en aval, lorsque le gaz exporté par Texas LNG sera brûlé pour produire de l’électricité, il émettra plus de 12 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 3,5 centrales au charbon. Et encore, si l’on tient compte d’un taux réaliste de fuites de méthane, le gaz exporté par les installations de Texas LNG aura l’impact de 7 centrales au charbon. De plus, la construction de Texas LNG incitera l’ouverture de nouveaux puits de gaz de schiste 2, un scénario à éviter absolument étant donné que les réserves des champs d’énergies fossiles déjà en exploitation contiennent assez de carbone pour nous faire passer bien au-delà des 2°C 3.

“Les chiffres sont très clairs: BNP Paribas doit se retirer de Texas LNG et s’engager à ne pas soutenir les 59 autres terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié prévus en Amérique du Nord si elle veut honorer ses engagements climatiques et être cohérente avec sa décision de ne plus financer directement des projets charbon” commente Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre France.

Les Amis de la Terre saluent le fait que la banque réfléchisse désormais à une stratégie sur les énergies non-conventionnelles. Lucie Pinson poursuit : “Sables bitumineux, forages en Arctique, gaz de schistes, les énergies fossiles non conventionnelles sont aussi nocives pour le climat, dangereuses pour l’environnement et les populations, et financièrement risqués que le charbon. BNP Paribas doit donc se désengager de ces secteurs, et ce, sans commettre la même erreur que pour le charbon, où la banque ne finance plus directement des nouveaux projets, mais continue de financer des entreprises qui développent ces nouveaux projets. L’exclusion des entreprises qui continuent de forer toujours plus profond et construire de nouvelles infrastructures fossiles doit être une priorité, tout autant que l’arrêt des financements directs aux nouveaux projets”.

De plus, alors que BNP Paribas déclarait à la presse mercredi avoir été informée du rapport uniquement la veille de sa publication, les Amis de la Terre rappellent que la banque avait déjà reçu une première lettre et des informations en octobre dernier concernant les risques des projets de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié situés dans la Vallée du Rio Grande 4. En l’absence de réponse officielle de BNP Paribas à leurs demandes et au courrier d’octobre, les Amis de la Terre avaient également averti BNP Paribas en janvier 2017 de la publication de ce nouveau rapport. Mais c’est surtout l’aveu de méconnaissance du dossier que les Amis de la Terre condamnent.

“BNP Paribas accompagne Texas LNG depuis août 2015 et il faut attendre un rapport des ONG pour prendre connaissance de ses risques ? BNP Paribas est très clairement en train de suivre la voie du Dakota Access Pipeline, un projet où les banques dont BNP Paribas ont été plus que laxistes sur les mesures de contrôle des risques sociaux et environnementaux, et ce au motif que le projet se situe aux Etats-Unis. Ici encore, des populations autochtones n’ont pas été consultées par exemple. Les positions pro-fossiles et climato-sceptiques du gouvernement Trump augmentent encore plus les risques pour les populations et leur environnement, donc les banques doivent arrêter de soutenir aveuglément des projets d’énergies fossiles dans ce pays, comme partout dans le monde.” conclut Lucie Pinson.

Contact : Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre France, 0679543715, lucie.pinson@amisdelaterre.org

Notes
1

Voir l’article de Rémi Barroux publié dans le monde le 1 mars 2017 : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/03/01/des-ong-reprochent-a-bnp-paribas-de-financer-l-exportation-du-gaz-de-schiste-americain_5087238_3244.html
Le rapport “BNP exporte le chaos climatique” est téléchargeable ici : https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/bnp_paribas_vs_communities_climate_v_fr.pdf

2

Les impacts climatiques du projet, la méthodologie de calcul, ainsi que les incitations concernant le développement des gaz de schiste aux Etats-Unis sont développés dans le rapport téléchargeable ici : https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/bnp_paribas_vs_communities_climate_v_fr.pdf

3

Un rapport de l’organisation Oil Change International, de septembre 2016, montre que les émissions de gaz carbonique (CO2) dues à l’exploitation des gisements d’énergies fossiles actuellement en opération réchaufferaient la planète de plus de 2°C. A elles seules, les émissions de CO2 des champs gaziers et pétroliers élèveraient les températures mondiales au-dessus du seuil dangereux de 1,5°C. Il faut donc que les efforts pour stopper la construction d’infrastructures climaticides aillent au-delà du simple charbon et incluent aussi le gaz et le pétrole. “The Sky’s Limit: Why the Paris Climate Goals Require a Managed Decline of Fossil Fuel Production,” Oil Change International, septembre 2016: http://priceofoil.org/content/uploads/2016/09/OCI_the_skys_limit_2016_FINAL_2.pdf

4

Le courrier envoyé par les Amis de la Terre France, Rainforest Action Network et BankTrack est disponible ici. Il était accompagné du rapport “Rio Grande Valley: at risk from fracked gas export terminals”de RAN : https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/rainforestactionnetwork/pages/17030/attachments/original/1478637835/LNG_Case_Study_RGV_2016vF_11.7.pdf?1478637835