BNP Paribas : Stop aux énergies fossiles
En 2016, alors que les banques françaises sont engluées dans le scandale du Dakota Access Pipeline, BNP Paribas joue un rôle clé dans le développement d’un projet de terminal d’exportation de gaz de schiste dans la vallée du Rio Grande à l’extrême sud du Texas.
Problèmes
Exporter du gaz de schiste
Le boom du gaz de schiste aux Etats-Unis a conduit à une surproduction en gaz que les entreprises cherchent à exporter massivement. Texas LNG est l’un des 60 terminaux d’exportation de gaz liquéfié (GNL) prévus en Amérique du Nord. Il n’y a aucun doute sur le fait que le gaz exporté via Texas LNG serait du gaz de schiste. L’entreprise du même nom veut s’approvisionner en gaz provenant du gisement d’Eagle Fort Shale dans le sud du Texas, la plaque tournante du gaz de schiste dans la région.
La France a interdit la fracturation hydraulique en 2011 pour des raisons totalement justifiées au regard des menaces qu’elle fait peser sur les ressources en eau et un certain nombre d’autres conséquences sociales et écologiques. En soutenant à l’étranger l’expansion des infrastructures de gaz issu de la fracturation hydraulique, BNP Paribas agit dans le meilleur des cas cyniquement et dans le pire, hypocritement.
Texas LNG, un projet pire que le charbon
Le terminal générerait chaque année 620 000 tonnes de CO2e. En plus de ces émissions directement générés par le fonctionnement de Texas LNG, cette nouvelle infrastructure provoqueraient d’énormes taux de pollution en amont et en aval. En aval, lorsque le gaz exporté par Texas LNG serait brûlé pour produire de l’électricité, il émettra plus de 12 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 3,5 centrales au charbon. En tenant compte des fuites de méthane sur l’ensemble du cycle de vie du gaz, le développement de Texas LNG aurait l’impact de 7 centrales au charbon.
Menace sur les emplois
S’ils étaient construits, les trois terminaux prévus dans la vallée du Rio Grande (Texas LNG, Rio Grande LNG et Annova LNG) auraient de graves répercussions sur les secteurs de la pêche, de l’élevage de crevettes et de l’écotourisme, sources majeures de revenues pour les populations locales. Dans la vallée du Rio Grande, le tourisme vert induit à lui seul 6 600 emplois à temps complet ou partiel. Au contraire, la majorité des emplois créés par Texas LNG sont des postes temporaires en lien avec la construction, il n’y aurait au maximum que 110 employés permanents. Les projets de terminaux méthaniers ont déjà suscité l’opposition de groupes d’ouvriers, d’association d’entreprises, de conseils municipaux locaux et d’un groupe de militants de terrain appelé Save RGV from LNG (Sauvez la vallée du Rio Grande du GNL).
Racisme environnemental et injustice écologique
Ces répercussions, sur une économie dépendante de la nature, sont d’autant plus inquiétantes que Texas LNG et les deux autres terminaux seraient construits près de Brownsville, centre administratif d’un comté rural dont la population est composées à 93% d’Hispaniques ou de Latinos, et qui figure régulièrement en tête de la liste des villes les plus pauvres du pays. Plus de 35% des habitants de ce secteur vivent en dessous du seuil de pauvreté, le taux le plus élevé de toutes les zones urbaines des États-Unis. Alors que la région est déjà aux prises avec de grandes inégalités sanitaires, ces aménagements fossiles généreraient des niveaux de pollutions inquiétants dans l’atmosphère.
Menaces pour la biodiversité
Texas LNG est prévu en bordure de ce que le Service états-unien pour les poissons et la faune considère être « un des projets les plus importants et les plus réussis de restauration de zones humides côtières aux Etats-Unis » : la section Bahia Grande de la Réserve naturelle nationale de Laguna Atascosa. Les 8 800 hectares de réserve sont couverts presque pour moitié de zones humides, ce qui en fait un refuge sûr pour nombre d’espèces animales et végétales, ainsi qu’une barrière vitale contre des événements météorologiques qui augmentent en nombre et en intensité avec les dérèglements climatiques. Cette zone est un habitat essentiel pour l’ocelot et les faucons aplomado, deux des huit espèces menacées qui peuplent la réserve. En août 2015, seulement 53 ocelots étaient recensés au Texas, et largement concentrée dans la pointe sud de l’Etat, où les installations gazières sont prévues. Le développement de Texas LNG menace directement cet écosystème aussi riche que fragile.
Droits des peuples autochtones
L’aménagement de Texas LNG est aussi une menace pour le patrimoine culturel des Peuples autochtones. Le terrain prévu pour le projet contient en effet le site archéologique de Garcia Pasture, qui revêt une importance historique et culturelle toute particulière pour la communauté des Carrizo Comecrudo, un peuple amérindien aussi connu sous le nom d’Esto’k Gna, originaire du delta du Rio Grande dans le sud du Texas. Or, alors qu’ils auraient donc dû être considérés comme des parties prenantes inévitable dans le développement du projet, l’entreprise ne les a pas même contactés.
Le consentement libre, préalable et éclairé des Peuples autochtones pour des projets qui auraient des impacts sur leurs territoires traditionnels est un droit reconnu par la communauté internationale et qui devrait être impérativement respecté par les entreprises et exigé par les banques. Alors que le récent scandale du Dakota Access Pipeline qui a éclaboussé les banques françaises est encore dans tous les esprits, en se faisant une complice de violations des droits des populations autochtones BNP Paribas cours le risque de voir sa réputation une nouvelle fois entachée.
Demandes
- BNP Paribas doit se retirer du projet Texas LNG
- Les banques françaises doivent mettre fin à leurs soutiens aux secteurs des pétroles et gaz non conventionnels, notamment aux sables bitumineux et hydrocarbures de schiste
- 27 Oct 2016
Les Amis de la Terre France et 2 autres organisations appellent officiellement BNP Paribas à se retirer du projet Texas LNG.
- 27 Mar 2017
Mobilisation citoyenne
35 militants des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 ont construit un pipeline à l’intérieur d'une agence BNP Paribas. Ils dénoncent le soutien de la banque au projet Texas LNG, un terminal d’exportation de gaz de schiste, et rappellent la nécessité pour BNP Paribas de mettre fin aux énergies fossiles.
- 24 Mai 2017
Les communautés locales prennent la parole
Rebekah Hinojosa et Juan Mancias de la tribu autochtone des Esto’k Gna du Texas, interpellent la direction de BNP Paribas à l’occasion de son assemblée générale. En réponse, le PDG de la banque s’engage à évaluer son soutien aux secteurs controversés.
- En savoir plus22 Sep 2017
La chaîne Youtube Partager C’est Sympa publie la vidéo de son enquête menée aux Etats-Unis, sur les traces de BNP Paribas et du projet Texas LNG.
- 11 Oct 2017
Victoire
BNP Paribas s’engage à mettre fin à ses soutiens aux projets liés aux sables bitumineux, hydrocarbures de schiste, et en Arctique, ainsi qu’aux entreprises fortement impliquées dans ces secteurs. Elle se retire de facto de Texas LNG.
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