CLIMAT Crédit Agricole annonce un nouvel engagement mais va toujours au charbon en Indonésie
Deux mois après avoir annoncé l’arrêt de ses financements aux projets de centrales à charbon, Crédit Agricole durcit aujourd’hui ses conditions de financements aux entreprises actives dans la production d’électricité à partir de charbon. Coup d’épée dans l’eau et greenwashing ou véritable avancée pour le climat et les populations ?
Deux mois après avoir annoncé l’arrêt de ses financements aux projets de centrales à charbon, Crédit Agricole durcit aujourd’hui ses conditions de financements aux entreprises actives dans la production d’électricité à partir de charbon. Coup d’épée dans l’eau et greenwashing ou véritable avancée pour le climat et les populations ? Les Amis de la Terre France appellent à la vigilance car tout indique que la banque continuera de financer le développement du secteur du charbon comme son soutien actuel à deux projets de nouvelles centrales à charbon en Indonésie l’illustre parfaitement.
Crédit Agricole vient d’annoncer qu’il ne délivrera plus de nouveaux soutiens aux entreprises « dont plus de 50% de l’activité correspond à de la production d’électricité à partir de charbon et qui ne mettraient pas en œuvre un plan de diversification significatif » (2).
Lucie Pinson des Amis de la Terre France commente:
« Crédit Agricole semble faire preuve d’ambition climatique mais personne n’est dupe. Le seuil retenu de 50% est bien trop élevé et l’engagement ne permettra pas de toucher des acteurs importants du secteur. Crédit Agricole se place ainsi loin derrière Allianz ou le Fonds de pension norvégien qui ont eux, exclu de leurs investissements les entreprises exposées à plus de 30% au charbon. De plus, une large place est laissée à l’interprétation et à l’arbitraire dans l’application de cette politique, ce qui n’augure rien de bon.(3). La vigilance est en effet de mise car le Crédit Agricole nous a récemment habitué à des engagements réduits à de simples effets d’annonces”.
Juste avant le Climate Finance Day qui se tenait en amont de la COP22 début novembre, Crédit Agricole annonçait ainsi l’arrêt de ses financements aux centrales à charbon (1). Mais, malgré le caractère explicite de cet engagement, la banque compte toujours financer deux projets de nouvelles centrales à charbon en Indonésie, ceux de Cirebon 2 et de Tanjung Jati B 2 dans lequel est également impliqué Société Générale.
“ Avant d’adopter un nouvel engagement climat, Crédit Agricole devrait déjà respecter celui adopté il y a à peine deux mois. Son soutien à Tanjung Jati B 2 et Cirebon 2 montre que derrière des grands discours en faveur du climat, Crédit Agricole ne répond même pas à la première urgence climatique : ne pas financer directement de nouveaux projets charbon afin d’empêcher le développement d’un secteur dont il nous faut sortir au plus vite. Heureusement, rien ne lie fondamentalement la banque à ces projets et Crédit Agricole peut toujours s’en retirer afin de respecter l’engagement pris en octobre et ne pas décrédibiliser celui tout just annoncé” ajoute Lucie Pinson.
Crédit Agricole fait valoir son engagement de longue date dans ces projets mais en réalité, aucun accord de financement n’a été signé et rien n’oblige la banque à les financer. Société Générale, dont l’engagement d’octobre entrera en vigueur le 1er janvier 2017, ne financera d’ailleurs pas Tanjung Jati B 2 si la signature du contrat n’a pas lieu en 2016. L’engagement de Crédit Agricole étant, lui, déjà en vigueur, la banque doit donc renoncer à aider la construction de ces centrales. Une telle décision serait de plus doublement justifiable et nécessaire car, comme un briefing publié aujourd’hui par les Amis de la Terre France, ces projets ne respectent pas non plus les Principes de l’Equateur dont la banque a été l’un des premiers signataires historiques (4).
Contact :
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée / Coface aux Amis de la Terre France ; lucie.pinsons@amisdelaterre.org ; 06 79 54 37 15