Climate Week : Irma et Harvey entraîneront-ils un sursaut des banques françaises aux Etats-Unis ?
Les Amis de la Terre rappellent aux banques françaises qu’elles doivent avancer sur des politiques climatiques ambitieuses. Deux ans après la COP21 et l’adoption de premières mesures de réduction de leurs soutiens au charbon, les banques doivent urgemment étendre les mesures d’exclusion aux autres énergies fossiles extrêmes.
La Climate Week qui s’ouvre aujourd’hui à New York marque le premier grand événement sur le climat auquel seront présents d’ici la fin de l’année à la fois leaders politiques et leaders économiques. Les derniers événements météorologiques extrêmes ont rappelé l’urgence à agir pour l’accélération de l’action climatique et l’adoption de vraies politiques permettant une sortie rapide des énergies fossiles. Pourtant aux Etats-Unis, alors que les ouragans Harvey et Irma laissent derrière eux des milliers de vies brisées et des dégâts économiques qui se chiffrent en milliards de dollars, de nouveaux projets de pipelines de sables bitumineux et de terminaux d’exportation de gaz de schiste sont prévus.
« De vraies politiques climatiques impliquent d’exclure des pans toujours plus larges des énergies fossiles. Or les banques françaises ne se sont dotées de politiques significatives, bien que toujours insuffisantes 1, que sur le charbon. Facteur aggravant, BNP Paribas et Société Générale sont aujourd’hui impliquées dans la construction de Texas LNG et Rio Grande LNG, deux terminaux d’exportation de gaz de schiste au Texas 2 et financent comme Crédit Agricole des entreprises qui développent outre-Atlantique de nouveaux pipelines de sables bitumineux 3. Les banques françaises pourraient perdre tout crédit en matière climatique si elles ne s’engagent pas à réduire davantage leurs soutiens aux énergies fossiles, en commençant par les plus destructrices » déclare Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la Terre France.
En mai 2017, des défenseurs de l’eau amérindiens et notamment le chef de la tribu autochtone Juan Mancias sont venus en France pour rencontrer les banques françaises et leur demander lors de leurs Assemblées Générales de renoncer à ces projets et d’exclure de leurs soutiens les entreprises impliquées. Aussi bien la réception que les réponses des banques furent très différentes 4.
Société Générale a défendu son implication dans Rio Grande LNG en prétendant le rôle bénéfique pour le climat d’un projet qui pourtant contribuerait à émettre autant de CO2 que 21 à 44 centrales à charbon 5 et entraînerait une augmentation de la production de gaz de schiste et de la fracturation hydraulique, pratique interdite en France.
Au contraire, Jean-Laurent Bonnafé, PDG de BNP Paribas a déclaré ne pas avoir « intérêt à accompagner des investissements qui du point de vue du climat ne sont pas convenables » et s’est engagé à publier d’ici la fin de l’année des politiques couvrant ces secteurs, un engagement répété à plusieurs reprises et renforcé par une lettre récente dans laquelle la banque dit ne pas vouloir être impliquée dans le financement de pipelines de sables bitumineux 6.
Rebekah Hinojosa, de l’organisation « Sauvez la vallée du Rio Grande du GNL » et qui faisait partie de la délégation venue en mai dernier conclut : « Les banques françaises ne doivent pas attendre la COP23 de novembre ni le Climate Finance Day et le sommet climat de décembre pour exclure toutes les énergies fossiles extrêmes de leurs soutiens. Nous, les populations autochtones et de couleur des Etats-Unis, payons tous les jours depuis des décennies les vrais coûts des énergies fossiles et Harvey et Irma n’ont fait que rappeler qu’il n’y aura pas d’issue sans une véritable et juste transition énergétique. Or la construction de nouveaux pipelines aux Etats-Unis et de Texas LNG et Rio Grande LNG sur la seule partie de la côte texane non déjà sacrifiée aux énergies fossiles ne ferait qu’aggraver la situation. Nous attendons la concrétisation des promesses de BNP Paribas et un sursaut des autres banques françaises ».
Contact presse :
Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée, Amis de la Terre, 06 79 54 37 15, lucie.pinson@amisdelaterre.org
Malgré les politiques adoptées par les grandes banques françaises depuis 2015 (fin des soutiens directs aux projets de mines et centrales à charbon et réduction des soutiens aux entreprises actives dans ce secteur), toutes peuvent toujours soutenir des entreprises qui continuent de construire de nouvelles infrastructures charbon.
Les Amis de la Terre France, RAN et Save LNG from LNG ont publié un rapport en mars sur Texas LNG, avant de connaître l’implication de Société Générale dans Rio Grande LNG. Ce rapport est accessible<a href= »https://www.amisdelaterre.org/Gaz-de-schiste-un-nouveau-rapport-accuse-BNP-Paribas-d-exporter-le-chaos.html »
4 pipelines sont aujourd’hui prévus en Amérique du Nord: Keystone XL relancé en janvier 2017 par Donald Trump et Energy East par Transcanada, Line 3 par Enbridge, et Trans Mountain par Kinder Morgan. C’est avant tout à travers de financements à ces entreprises que ces pipelines devraient être financés.
Crédit Agricole a répondu avoir rejeté le financement du Keystone XK, une réponse étrange alors qu’aucun financement de projet n’a été levé. Cependant, par cette déclaration, Crédit Agricole affirme ne pas vouloir être impliqué dans Keystone XL. Les Amis de la Terre appellent donc Crédit Agricole et à exclure Transcanada de ses soutiens. Lire le bilan complet des Assemblées générales.
Le détail du calcul est accessible ici
Dans un courrier adressé le 21 juillet à Divest Invest en réponse à une lettre envoyée par 30 organisations dont les Amis de la Terre France et plus de 150 000 personnes demandant à BNP Paribas, comme aux autres grandes banques, de ne pas soutenir, directement et indirectement via des financements aux entreprises, les 4 projets de pipelines de sables bitumineux. Le courrier est disponible ici : https://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/bnp_paribas_letter_20170721.pdf