Action : Notre planète brule, la mode regarde ailleurs
30 activistes d’Extinction Rebellion, des Amis de la Terre et de Youth For Climate ont perturbé le défilé de Louis Vuitton pour dénoncer l’impact de l’industrie de la mode sur le changement climatique.
Ils exigent que le Gouvernement français impose une réduction immédiate des niveaux de production dans le secteur alors que 42 vêtements par habitant ont été commercialisés en France en 2019.
Une trentaine d’activistes d’Extinction Rebellion, des Amis de la Terre et de Youth For Climate ont perturbé le défilé à Paris, ce 5 octobre 2021. Des activistes sont montés sur le podium en brandissant des messages dénonçant l’impact colossal de l’industrie de la mode sur le changement climatique et l’inaction du Gouvernement : « Climate is a Fashion Fictim », « No Fashion on a dead planet », « LVMH Macron : complices dans l’inaction ». Deux d’entre eux ont été interpellés. À l’extérieur, les activistes ont organisé leur propre défilé, rapidement écourté par la police : des mannequins portant des masques à gaz ont défilé dans une fumée noire, symbolisant les méga-incendies qui se multiplient du fait du changement climatique 1, accompagnés du message : « Notre planète brûle : la mode regarde ailleurs » .
Tandis que le GIEC donne 10 ans à la communauté internationale pour réduire de moitié ses émissions afin d’éviter le pire, l’industrie de la mode refuse d’agir sérieusement. Elle représente jusqu’à 8,5% des émissions de gaz à effet de serre mondiales 2, et plus de 30 millions de tonnes de CO2 importées en France chaque année 3. Le textile utilise par ailleurs 11% des pesticides consommés dans le monde 4 et provoque 20% de la pollution des cours d’eau 5. Dans le cadre du Fashion Pact 6, les entreprises de la mode s’abritent derrière des initiatives de recyclage et de reforestation anecdotiques et refusent de reconnaître que seule la réduction des niveaux de production – absolument colossaux dans le secteur 7– permettra de réduire leurs émissions. Alma Dufour porte-parole des Amis de la Terre France explique : « 2,88 milliards de vêtements, soit 42 vêtements par habitant ont été vendus en France l’année dernière. Cette surproduction est incompatible avec les limites planétaires. Année après année, la mode produit toujours davantage. Si elle ne baisse pas rapidement sa production, les émissions de gaz à effet de serre vont continuer à augmenter dans les prochaines années ! ». Les acteurs du luxe, et LVMH en premier lieu, participent activement à ce saccage. Pour Maya porte-parole de Youth for Climate : « LVMH : le plus grand groupe de luxe du monde définit les tendances, matraque l’espace public de publicité et inspire un désir de surconsommer à l’ensemble de la population, y compris ceux qui ne peuvent s’offrir de tels produits ».
Extinction Rebellion, les Amis de la Terre et Youth For Climate dénoncent surtout la responsabilité du Gouvernement d’Emmanuel Macron qui refuse de contraindre les acteurs du textile à respecter l’Accord de Paris 8. Ils demandent des actions urgentes pour imposer aux acteurs de la mode de réduire leur production, d’améliorer considérablement leur impact environnemental et de respecter les droits humains dans les pays de fabrication. Chalou porte-parole d’Extinction Rebellion conclut : « Emmanuel Macron est très doué pour organiser des grands sommets sur le climat, mais en réalité il sert avant tout les intérêts des grandes entreprises françaises, et notamment ceux de LVMH. Nous ne sommes pas dupes et demandons des actions fortes et rapides ! »
Ces dernières années, chaque été voit désormais son lot de méga-incendies ravager des régions entières pendant plusieurs jours, voire semaines : Australie, Californie, Grèce, Turquie…
Scénario Negawatt 2021, à paraître
Le Fashion Pact est une initiative présentée par le groupe Kering et soutenue par Emmanuel Macron lors du G7 de 2019. Les signataires, des grands groupes de la mode comme H&M, Channel, ou Nike s’engagent à atteindre la neutralité carbone. Néanmoins les engagements concrets portent uniquement sur le recyclage et la compensation carbone via de la reforestation.
2,88 milliards de pièces commercialisées en France en 2019. Plus de 100 milliard à l’échelle mondiale.
La seule action concrète du Gouvernement sur le sujet est l’adoption d’un affichage environnemental obligatoire d’ici 2025. Un instrument très insuffisant pour résoudre les problèmes posés par la filière.