AG d’AXA et SCOR : un bilan en demi-teinte pour le charbon polonais
Montreuil, le 26 avril 2018 - Les Amis de la Terre assistaient hier et aujourd'hui aux Assemblées générales d'AXA et du réassureur SCOR [1] pour leur demander de mettre un terme à leurs soutiens au développement du charbon en Pologne et agir pour la transition énergétique au niveau européen.
Si AXA a su donner des gages d’engagement dans ce sens, SCOR a botté en touche sur sa responsabilité et continuera malheureusement d’assurer et réassurer la construction de nouvelles centrales à charbon en Pologne et ailleurs.
Alors que la COP24 se tiendra en fin d’année en Pologne, les Amis de la Terre ont appelé les directions d’AXA et de SCOR à prendre les mesures nécessaires afin d’aider et non bloquer la sortie du charbon de la Pologne. Car malgré les mesures que les deux (ré)assureurs ont adoptées l’année dernière concernant le charbon, AXA et SCOR jouent toujours un rôle clé, via leurs investissements et couvertures d’assurance, dans le maintien et le développement de nouvelles centrales et mines de charbon en Pologne.
Pour Lucie Pinson des Amis de la Terre, le bilan est mitigé : « Contrairement à AXA qui a déclaré avoir pour objectif de ne plus soutenir le développement du charbon en Pologne d’ici la COP24 [2], SCOR a botté en touche : il reconnaît réassurer la majorité du charbon polonais mais prétend ne pas pouvoir agir. Un aveu d’incapacité très inquiétant venant d’un acteur qui, tout en limitant un maximum son exposition aux risques, a le mandat de protéger[3]. »
Le charbon polonais n’est pas rentable et cause déjà la mort prématurée de près de 6000 personnes par an. Pourtant, les entreprises polonaises dans lesquelles AXA investit via son fonds de pension polonais et que SCOR réassure prévoient de construire des nouvelles centrales à charbon pour une capacité totale de 9 GW et d’ouvrir de nouvelles mines, y compris de lignite. Autant de projets strictement incompatibles avec l’impératif climatique de sortie du charbon d’ici 2030 pour tous les pays de l’OCDE.
Au-delà de la Pologne, SCOR a refusé de s’aligner avec les meilleures pratiques du secteur, notamment à celles de Swiss Re. SCOR continuera donc d’assurer la construction de nouvelles centrales à charbon, mais aussi tous les actifs charbon hors lignite. Une position que le réassureur justifie au nom du droit au développement de certains pays. Position néanmoins difficile à tenir alors que les énergies renouvelables sont plus compétitives dans un nombre croissant de pays et sont mieux à même de répondre aux besoins en énergie des populations qui n’y ont pas accès. Seul signal positif de la part de SCOR : l’assureur s’engage à ne pas investir dans les entreprises les plus agressives dans le développement de nouvelles centrales à charbon.
Lucie Pinson conclut: « SCOR reconnaissait ce matin que les changements climatiques constituaient une menace majeure pour la collectivité. La meilleure assurance contre les risques climatiques est clairement de ne plus contribuer à leur création en cessant d’assurer et de réassurer le secteur du charbon, surtout que celui-ci ne pourrait pas se maintenir et se développer sans ces soutiens. À moins de revoir sa copie immédiatement, SCOR encore inconnu du grand public risque de l’être beaucoup moins pendant la COP24 quand le monde entier aura les yeux tournés vers les responsables de l’enlisement du pays hôte des négociations climatiques dans le charbon ».