Agriculture : les engrais, autre sabotage climatique et social perpétré par Emmanuel Macron
Le bilan agricole du quinquennat d’Emmanuel Macron est désastreux pour le climat. C’est ce que souligne une nouvelle étude parue cette semaine sur l’impact environnemental et social des engrais azotés.
1 La France fait partie des 10 plus gros consommateurs et aucune mesure n’a été prise durant le quinquennat pour réduire notre dépendance aux engrais azotés. Face à cette situation, les Amis de la Terre appellent les dirigeants à prendre des mesures structurantes pour réduire la consommation d’engrais azotés, en particulier dans le cadre des discussions en cours sur la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Réduire la dépendance française aux engrais s’impose d’autant plus pour notre souveraineté alimentaire que les approvisionnements en gaz russe risquent à l’avenir d’être compromis.
On se souvient tristement que suite à la Convention Citoyenne pour le Climat, Macron avait préféré céder aux lobbys, en mettant un filtre à la proposition de la convention de taxer les engrais azotés 2, ainsi qu’aux demandes des Amis de la Terre de mettre en place une redevance (dont les recettes auraient été reversées aux agriculteurs pour soutenir leur changement de pratiques). A la place, un vague plan d’action pour réduire les émissions des engrais (et non leur consommation) et des rapports seront publiés. L’urgence climatique et sociale peut-elle attendre que d’énièmes rapports daignent évaluer l’opportunité d’une redevance alors que celle-ci est recommandée par de multiples institutions (France Stratégie, Banque Mondiale, CESE, DG Trésor), que sa mise en œuvre a déjà fait ses preuves en Autriche, et alors que toutes les mesures non-contraignantes (directive nitrates, directive NEC, TVA réduite sur engrais bio, SNBC) 3 n’ont pas fonctionné jusqu’ici ? Pourtant, l’impact climatique des engrais , notamment lié au protoxyde d’azote, gaz à effet de serre 298 fois plus puissant que le CO2, n’est plus à démontrer.
Leur consommation représente également un fardeau économique pour les agriculteurs, qui ont vu le prix des engrais tripler au cours de l’année 2021, en raison de la hausse des prix du gaz fossile, utilisé pour leur fabrication.
Cette flambée des prix met en évidence le talon d’Achille d’une agriculture productiviste fondée sur les énergies fossiles qui, en plus d’être extrêmement polluantes, sont extraites à l’étranger (souvent dans des conditions déplorables pour les populations locales) et soumises aux aléas géopolitiques.
Elle poursuit : « Alors que la Russie vient d’envahir l’Ukraine, la question de notre dépendance au gaz fossile russe ne peut plus être évitée. »
C’est par ailleurs un fardeau financier pour la collectivité européenne qui paie 37 milliards d’euros par an 4 pour compenser les conséquences négatives des engrais (pollutions de l’eau et de l’air, impacts sur la biodiversité et sur le climat). Pourtant, des alternatives existent, au premier rang desquelles, la culture de légumineuses qui permet de fertiliser les sols 5.
Les Amis de la Terre appellent le gouvernement au sursaut avant la fin de ce mandat, en demandant qu’un objectif chiffré de réduction de la consommation d’engrais azoté soit politiquement assumé et écrit noir sur blanc dans la prochaine Stratégie Nationale Bas Carbone (visant à ce que la France atteigne la neutralité carbone d’ici 2050). Sans des mesures structurantes pour réduire la consommation d’engrais, le secteur agricole pourrait être un frein à l’atteinte des objectifs climatiques de la France. Les Amis de la Terre appellent également le gouvernement à écarter le mythe d’outils de précision, qui n’ont qu’un effet marginal voire contre-productif sur la consommation d’engrais, et à évaluer d’autres mesures, qu’elles soient fiscales ou portent sur le plafonnement de la quantité d’azote de synthèse à l’hectare.
Engrais chimiques, le vrai du faux
voir aussi :
IDDRI, « Une Europe agroécologique en 2050 : une agriculture multifonctionnelle pour une alimentation saine », septembre 2018.
IDDRI, « Pour une transition protéique réussie, quelles mesures prendre ? », octobre 2020