Alpha Coal ou comment la Société Générale risque de détruire le climat et la Grande Barrière de corail pour du charbon
Paris, le 15 novembre 2013 - Alors que les négociations sur le climat battent leur plein à la COP19 de l'ONU à Varsovie, les Amis de la Terre dénoncent la responsabilité des banques françaises dans les changements climatiques.
Comme le montre le rapport Banking on Coal publié aujourd’hui par le réseau Banktrack [1], les financements des banques dans les mines de charbon, l’énergie la plus polluante, augmentent. Le projet Alpha Coal, situé en Australie et soutenu par la Société Générale, en est un exemple alarmant. Il fait l’objet d’une mobilisation internationale [2] cette semaine ainsi que d’une nomination aux Prix Pinocchio 2013 [3].
Deux ans après le rapport Bankrolling Climate Change, le réseau international Banktrack, Urgewald, CEE Bankwatch et le Polish Green Network publient aujourd’hui un second rapport sur les banques qui financent le changement climatique. Banking on Coal identifie les principales zones productrices de charbon à travers le monde, et analyse l’implication de 102 banques internationales qui ont injecté 118 milliards d’euros entre 2005 et mi-2013 dans 70 entreprises qui y sont actives, notamment Coal India, RWE, Shenua. Le rapport révèle les 20 premières banques qui financent à elles seules 71 % de cette somme et impose un premier constat : alors que tous les signaux en matière climatique sont au rouge, les financements dans l’énergie la plus polluante augmentent.
« Malgré leurs engagements en matière environnementale et climatique, les banques françaises ont à elles seules contribué à plus de 4,2 milliards d’euros à l’industrie des mines de charbon depuis 2011, rangeant ainsi la France au quatrième rang du classement par pays – derrière les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni», dénonce Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée aux Amis de la Terre. .
On retrouve la BNP Paribas et le Crédit Agricole parmi le top 20 des banques ciblées dans le rapport, et la Société Générale est juste derrière, à la 22ème place. Cette dernière est impliquée dans un énorme projet d’exploitation minière en Australie, Alpha Coal. Ce projet gigantesque émettrait à lui seul 1,8 milliards de tonnes de CO2 en 30 ans [4], et causerait une destruction des milieux naturels sans précédent. Mais s’il aboutit, Alpha Coal ouvrirait surtout la porte à d’autres projets à l’étude dans le bassin de Galilée, encore inexploité…. L’exportation du charbon extrait des 9 projets de la zone, vers l’Asie notamment, à travers la Grande barrière de corail transformerait ce Patrimoine mondial en une autoroute du charbon. Ensemble, les 9 projets contribueraient à l’émission annuelle de 705 millions de tonnes de CO2, soit presque autant que les émissions de l’Allemagne [5]!
« La transition vers une économie sobre en carbone ne pourra se faire sans mettre un terme aux financements climaticides. Certaines agences de crédit à l’exportation et banques de développement telles que la Banque mondiale ont déjà annoncé qu’elles ne financeraient plus de centrales à charbon. Il est grand temps que la Société Générale et les autres banques françaises en fassent de même et arrêtent de financer ce secteur climaticide aux impacts désastreux sur les communautés locales à travers le monde» conclut Lucie Pinson.
Contact presse : Caroline Prak 06 86 41 53 43
Pour en savoir plus :
Cooking the Climate,Wrecking the Reef: the global implications of coal exports from Australia’s Galilee Basin, Greenpeace, September 2012.
[1] Rapport disponible en ligne ici : http://www.banktrack.org/show/news/banking_on_coal_undermining_our_climate
[2] Les Amis de la Terre organisent une action à Paris le 15 novembre et des actions en province, plus d’informations www.amisdelaterre.org/alphacoal ou contacter Caroline Prak au 06 86 41 53 43 ou 01 48 51 18 96
Une cyberaction est également lancée : http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/financer-alpha-coal-detruire-grande-barriere-corail-climat-689.html
[3] La Société générale est nominée aux Prix Pinocchio 2013 dans la catégorie « Mains sales, poches pleines » dans le cadre de sa participation au projet Alpha Coal.
[4] Estimation maximale des émissions de dioxyde de carbone induites par la combustion du charbon de la mine d’Alpha Coal. Cooking the Climate,Wrecking the Reef, Greenpeace, September 2012.
[5] Comparaison des émissions additionnées induites par la combustion du charbon extrait des 9 mines prévues dans le Bassin de Galilée avec celles résultantes de la combustion de carburant telles qu’estimées par l’AIE en 2009. id.