Ils dénoncent une campagne de désinformation, rappelant celle du premier confinement où Amazon affirmait respecter les règles sanitaires mieux que toute les entreprises, avant d’être condamnée. 

Vendredi 30 octobre, dans un contexte local marqué par la grève de la faim d’une vendeuse de prêt à porter à Blotzheim suite à la nouvelle fermeture imposée, les opposants ont pu consulter l’arrêté déjà rédigé par le préfet du Haut Rhin autorisant le projet de méga entrepôt de e-commerce à Ensisheim, dit “Eurovia 16” 1.

Les citoyens et élus locaux opposés au projet ont organisé en catastrophe une manifestation devant la préfecture de Colmar le 5 novembre, relayée par Eric Piolle, la Mairie de Strasbourg et la Métropole de Lyon. Mercredi 4, la Préfecture annulait brutalement la réunion qui devait entériner le projet. Le lendemain, devant Bruce Toussaint sur BFMTV, le PDG d’Amazon France Frédéric Duval, annonçait qu’Amazon n’avait jamais eu de projet en Alsace, entraînant du même coup la déprogrammation de deux reportages sur la manifestation.

Les Amis de la Terre affirment qu’il s’agit d’une stratégie de désinformation d’Amazon, pour couvrir l’abandon du projet d’Ensisheim face à l’opposition locale.

Comme précisé dans son étude d’impact, la taille du projet d’Eurovia 16, 15 hectares et 915 000 m3 représente un très gros acteur du e-commerce. Seuls Amazon et Alibaba développent des projets d’entrepôt de cette taille. Avec 3 étages entièrement automatisés sur 4, l’entrepôt était la copie conforme du projet Amazon à Metz – bel et bien confirmé. Eurovia 16, demandant l’autorisation, est une filiale de Logistic Capital Partners (LCP), une holding luxembourgeoise, qui a déjà construit deux entrepôts pour Amazon en Italie, et dont Amazon est le principal partenaire commercial. Emmanuel Mercier, manager d’Eurovia 16 est un ex salarié d’Amazon 2, tout comme le fondateur de LCP, Kristof Verstraeten3.

Des activistes d’ANV COP 21 Mulhouse ont été informés par 2 salariés du privé que leurs entreprises avaient travaillé sur le projet Amazon Ensisheim. Un troisième salarié de la région les a informé avoir fait l’objet d’une tentative de recrutement par Amazon pour travailler sur ce site 4.
Les élus locaux et le Medef Alsace le confirment également : le projet d’Ensisheim était bien celui d’Amazon5.

“L’élargissement du front d’opposition – écologistes, commerçants, gilets jaunes, élus locaux de différents bords politiques – ainsi que la certitude que les opposants iraient en justice, pourrait expliquer cette décision. Un recours aurait retardé le projet pendant au moins un an.

Alma Dufour

chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre

Alma Dufour poursuit : “D’autre part, la CFDT affirme qu’Amazon a supprimé 819 postes dans ses entrepôts en 2020 6, augmentant les livraisons depuis l’étranger. La proximité de l’Alsace avec la frontière Belge et Allemande, et l’ouverture d’un nouveau hub de fret aérien à Leipzig 7, disposant d’une liaison quotidienne avec l’aéroport de Bâle Mulhouse 8, pour permettre la livraison en moins de 24h, pourrait indiquer une inflexion dans la stratégie d’implantation d’Amazon dans l’Est de la France”.