Deux jours après que Jeff Bezos ait tenté de faire croire au monde entier qu’Amazon était mobilisée dans la lutte contre le changement climatique à la COP26, les habitants de Briec (Finistère) et Moult (Calvados) se mobilisent pour rappeler que ce modèle a un impact climatique dévastateur et va détruire des emplois sur leur territoire.

L’expansion rapide d’Amazon continue en France avec l’ouverture récente du centre de tris de Beauchamp (Val d’Oise), d’une agence de livraison de Morlaàs/Pau et à Belfort. 38 projets ont été autorisés par l’Etat depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Néanmoins, partout Amazon fait l’objet d’une opposition frontale et 5 des 14 projets encore en lice sont bloqués par des recours juridiques. 2 projets ont déjà été abandonnés par Amazon suite à la fronde locale : à Ensisheim en Alsace, à Montbert près de Nantes.

Suite à l’épuisement des recours juridiques menés contre les agences dernier km de Briec et de Moult, les travaux ont débuté. Les habitants sont cependant déterminés à ne pas se laisser faire.

Hier matin, le collectif d’habitants Stop Amazon 14, accompagnés de militants d’Attac et d’Alternatiba ont occupé le chantier de l’entrepôt de Moult dont les travaux ont débuté cet été.

Aujourd’hui, c’est au tour des habitants réunis au sein du collectif Stop Amazon Briec et accompagnés par des activistes d’Extinction Rebellion et des Amis de la Terre d’empêcher les machines de poursuivre les travaux, débutés il y a quelques semaines.

Les habitants dénoncent le fait que l’ouverture de ces entrepôts, en plus d’accroître l’impact climatique d’Amazon en augmentant le nombre de livraisons de colis, va avoir un impact direct sur le commerce local. Ces agences de livraison, permettent de livrer 30 000 colis par jour localement 1. Elles concurrencent directement les commerces de centre-ville, qui vont voir leur vente diminuer, vont détruire des emplois et finalement vont devoir fermer.

Or, les moyens d’empêcher ces constructions sont limités. Les agences de livraison e-commerce ouvrent sans consultation publique, sans autorisation environnementale ni commerciale. Un simple permis de construire suffit ! Les habitants ont donc très peu de moyens de faire entendre leur voix.

Les tensions sur les territoires où s’implantent ces projets ne sont pas près de s’apaiser, tant les passe-droits se multiplient pour attirer les acteurs du e-commerce en France, notamment Amazon. Après l’exclusion par les députés LREM des entrepôts de e-commerce du moratoire sur l’artificialisation imposé aux zones commerciales, dans la Loi Climat, la réduction par 2 des impôts locaux des acteurs du e-commerce bénéficiant déjà d’une fiscalité très avantageuse 2, le Gouvernement pourrait imposer le jugement accéléré des recours contre les projets, pour accélérer les implantations 3 . Le Président de la République n’a d’ailleurs pas manqué de citer Amazon comme une entreprise vertueuse pour le climat, lors de sa présentation du plan France 2030. Il vient encore de démontrer sa complaisance envers l’ogre de Seattle en invitant Jeff Bezos à présenter son don d’1 milliard pour la reforestation à la tribune de la COP 26. Alors que l’entreprise américaine est l’une des plus polluante au monde.

Sous le mandat Macron, l’expansion d’Amazon a d’ailleurs été vertigineuse. Elle a été multipliée par 10, passant de 4 à 41 entrepôts, dont 24 agences de livraison qui n’existaient pas jusqu’alors.

Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre France conclut : « Alors que Jeff Bezos parade à la COP26, essayant de faire passer Amazon pour une entreprise responsable sur les enjeux climatiques, les habitants de Briec et de Moult font face aux machines pour stopper les travaux. Amazon a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 19 % l’année dernière 4  et menace directement les emplois locaux dans ces deux territoires. Pourtant Emmanuel Macron facilite l’implantation de l’ogre de Seattle en France, allant jusqu’à lui offrir des avantages fiscaux, une exemption des contraintes sur l’artificialisation. Il a scellé ce pacte avec le diable en prenant la parole à ses côtés à Glasgow devant le monde entier. Si le Président a clairement choisi son camp, il est certain que les habitants ne sont pas prêts de désarmer. »