Finance
Communiqué de presse9 septembre 2020

Bpifrance, banque du climat ou banque du blabla ?

Bpifrance, aux côtés de la Banque des territoires, dévoile ce matin un « Plan climat » doté de 40 milliards d’euros. Les Amis de la Terre et Oxfam France dénoncent une opération de greenwashing pour la banque publique qui continue de soutenir les énergies fossiles.

Au coeur du plan de relance, Bpifrance dit opérer sa transformation pour devenir la “Banque du Climat”. Bien que la démarche soit bienvenue car la banque publique était très en retard sur l’alignement de ses activités avec l’Accord de Paris 1 , son plan de transformation est loin d’être à la hauteur, selon les Amis de la Terre et Oxfam France. C’est notamment du côté des aides à l’export que le bât blesse. Sa filiale Assurance Export est la plus carbonée : elle finance massivement le secteur des hydrocarbures, l’aéronautique et la construction navale. Or, Bpifrance, qui agit au nom et pour le compte de l’Etat en la matière, ne compte pas mettre fin à son soutien aux exportations des secteurs polluants. Dernier exemple en date, la banque publique s’apprêterait à subventionner un immense projet gazier de Total dans l’Arctique russe 2 .

Portrait Cécile Marchand

« Une banque publique qui continue de soutenir l’exploitation de pétrole et gaz à l’étranger ne peut pas se targuer d’être la banque du climat. Sans engagement du gouvernement sur ce plan, les ambitions de Bpifrance resteront une vaste opération de greenwashing. »

Cécile Marchand
chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre France

Pour décarboner son portefeuille export, la banque annonce simplement faire plus de “vert”, en promouvant les exportations d’énergies renouvelables. Elle prétend aussi accompagner la transformation des secteurs de l’aéronautique et de la construction navale, en misant sur des fausses solutions, selon les ONG, comme la compensation carbone ou la construction de navires au gaz naturel liquéfié. Il n’est aucunement question de mettre fin aux garanties au commerce extérieur pour les énergies fossiles.    

« Investir dans le “vert” n’a de sens que si l’on arrête d’investir dans le « brun ». Si le Gouvernement a mobilisé 30 milliards d’euros pour la transition écologique dans le plan de relance, le virage écologique ne sera effectif que si toutes dépenses néfastes pour le climat et la biodiversité sont supprimées. Attention au jeu à somme nulle auquel s’emploie le Gouvernement » alerte Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et transition énergétique chez Oxfam France.

Depuis 2009, Bpifrance a garanti de nombreux projets liés au pétrole et au gaz, au Mozambique ou en Arctique par exemple, à hauteur de 9,3 milliards d’euros. 3   Le 24 septembre 2019, Emmanuel Macron s’exprimait contre les financements export de ces « nouvelles installations polluantes », estimant qu’ils étaient « incohérents » et « irresponsables » 4 . Malheureusement, la loi de finances votée à l’automne 2019 n’avait traduit en actes qu’une partie de cette promesse présidentielle, en excluant des garanties à l’export les projets liés au secteur du charbon et à une partie des hydrocarbures non-conventionnels. Les Amis de la Terre et Oxfam France demandent au gouvernement et au Parlement de mettre fin à toutes les subventions aux énergies fossiles, y compris les garanties à l’exportation, dans le prochain budget. 

Par ailleurs, Bpifrance reste muette sur sa stratégie de décarbonation des entreprises du secteur parapétrolier dont elle est actionnaire, à l’image du champion du gaz et pétrole de schiste Vallourec qui, en pleine tourmente financière, cherche à être recapitalisé. 5