Climat : la société civile philippine rappelle la responsabilité de la France face aux enjeux climatiques
Montreuil, le 25 février 2015 - François Hollande sera aux Philippines demain et vendredi et y abordera notamment les enjeux climatiques.
Pour la société civile philippine et les Amis de la Terre, la présence symbolique du président français dans un pays frappé par des catastrophes climatiques récurrentes est une hypocrisie si la France ne révise pas sa copie en matière de lutte contre les changements climatiques au niveau français et européen.
La visite de François Hollande aux Philippines les 26 et 27 février est résolument orientée climat : visite des lieux affectés par le typhon Haiyan, rencontre de la société civile philippine et appel conjoint pour le climat avec le Président Benigno Aquino III. Lidy Nacpil, du Mouvement philippin pour la Justice climatique (1) mobilisé à cette occasion réagit : « C’est une opportunité importante de rappeler à François Hollande quelles sont ses obligations envers les Philippines et les autres pays qui souffrent du changement climatique. Les pays développés ont une part énorme de responsabilité dans les changements climatiques, et doivent avoir une part tout aussi proportionnelle dans la lutte contre ces derniers. Or jusqu’à présent, aucun pays, et notamment pas la France, n’a adopté des mesures suffisantes pour maintenir l’augmentation de la température du globe au-dessous de 1,5 °C ».
En effet, malgré des annonces intéressantes concernant la fin des soutiens publics aux énergies fossiles et en particulier ceux au charbon pendant la Conférence environnementale en novembre 2014, le Gouvernement n’a pas transformé l’essai lors de la publication de la feuille de route début février (2). Le Mouvement philippin pour la Justice climatique (PMCJ) ne s’y trompe pas et le slogan qui scandera leurs actions d’interpellation du Président français fera écho aux demandes des Amis de la Terre France : « Remplissez vos obligations climatiques, Cessez d’investir sur le charbon » (3).
« Comment François Hollande peut-il aller dans l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques sans être gêné par le fait que la France soutienne encore activement les énergies fossiles ? Les incohérences françaises sont nombreuses : ambiguïté concernant la promotion de cette technologie dangereuse qu’est la capture et le stockage de carbone (CCS) pour les crédits exports au charbon au niveau français, soutien maintenu au charbon au niveau de l’OCDE, silence sur EDF et GDF qui font du charbon à l’étranger » s’interroge Malika Peyraut, chargée de campagne Institutions financières internationales et énergie aux Amis de la Terre.
La France doit également pousser l’Europe dans une trajectoire à la hauteur de l’enjeu climatique. Or, la contribution de l’Union européenne publiée aujourd’hui concernant la réduction de ses émissions après 2020 (INDC en français) est largement insuffisante (4). De plus, l’affirmation que les hydrocarbures non conventionnels pourraient être une option dans la stratégie européenne publiée aujourd’hui est particulièrement préoccupante. « Le gouvernement français s’inquiète des impacts sociaux et environnementaux des gaz de schiste, mais il n’a jamais rien fait pour porter cette position au niveau européen. Il est temps que cette passivité cesse ! » commente Juliette Renaud, chargée de campagne sur les Industries extractives des Amis de la Terre.
Les organisations du Mouvement philippin pour la Justice climatique dénonceront ainsi ces incohérences en accueillant le président français par des actions de mobilisation visant à faire entendre la voix des « vulnérables » (5). Une déclaration sera remise à l’occasion de la rencontre entre les deux présidents, et une parade fluviale les accueillera à Guiuan lors de la visite présidentielle dans la région. « Aux Amis de la Terre, nous soutenons ces populations affectées dans notre combat quotidien pour défendre l’équité, la suppression des énergies fossiles et les fausses solutions » conclut Florent Compain, Président des Amis de la Terre.
Contact presse : Caroline Prak – 06 86 41 53 43 / 09 72 43 92 65
(1) Lidy Nacpil est la Coordinatrice régionale du Jubilee South Asia Pacific Movement on Debt and Development (JS-APMDD) et membre du Philippine Movement for Climate Justice (PMCJ), une coalition de 109 organisations de différents secteurs qui appellent à un changement systémique afin de surmonter les effets dévasteurs du changement climatique.
(2) « Engagements charbon dilués dans la feuille de route de la Conférence environnementale »
(3) https://www.facebook.com/ClimateJusticePH/photos/a.162485427249244.1073741828.144010625763391/416701568494294/?type=1&theater
(4) https://www.foeeurope.org/Europe-climate-energy-plans-frustrate-250215
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Photo Credit: EU/ECHO, Arlynn Aquino – Leyte, Philippines, November 2013 |