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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse27 novembre 2014

Conférence environnementale : vers la fin du charbon ?

Paris, le 27 novembre 2014 - La fin des soutiens publics au secteur du charbon constitue la principale annonce de François Hollande lors de l'ouverture de la Conférence environnementale. Écran de fumée ou véritable inflexion de la politique française à un an de la Conférence sur le Climat à Paris ? Décryptage par les Amis de la Terre France, qui ont une campagne historique sur le sujet, et ont intensifié la pression sur le gouvernement français ces derniers mois.

Chaque année, la France consacre une grande partie de son aide publique au développement à soutenir directement ou indirectement le secteur du charbon dans les pays du Sud. Ce secteur – l’un des plus impactant sur les changements climatiques – n’est pourtant pas l’un des plus stratégique pour la France, mais il représente un débouché important pour une entreprise française comme Alstom qui fournit des turbines aux centrales à charbon.

Pour soutenir ces entreprises, la France, et l’Europe, utilisent différents canaux comme la Coface – agence française de crédit à l’exportation – ou la Banque européenne d’investissement. Par effet de levier, ces subventions publiques viabilisent les projets et attirent d’autres acteurs financiers privés. Derrière le secteur du charbon, ce sont donc les pressions de nombreuses entreprises et acteurs financiers privés qui freinent depuis des années toute réorientation des soutiens publics.

L’annonce de François Hollande siffle-t-elle pour autant la fin du match ?

Rien n’est moins sûr car cette annonce n’est associée à aucun calendrier. La feuille de route de la Conférence environnementale prévoit un engagement du gouvernement français à partir de 2016 : « Trop tard » comme l’explique Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour les Amis de la Terre France, « La France doit concrétiser ses engagements avant la Conférence sur le Climat pour dégager le sujet des subventions publiques aux énergies fossiles de l’agenda des négociations, et lancer une dynamique permettant d’aller vers des mesures plus ambitieuses en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre ».

Surtout, la France doit porter cette position dès 2015 dans le cadre de la révision de la stratégie de la Banque européenne d’investissement (BEI) comme l’explique Malika Peyraut, chargée de campagne sur les Institutions financières internationales aux Amis de la Terre : « A l’heure actuelle, le portefeuille d’investissements de la BEI dans les énergies fossiles représente encore 11 milliards d’euros. L’année dernière, la BEI a encore placé 20 % de ses financements dans le secteur de l’énergie dans les énergies fossiles. C’est en 2015 que la BEI a prévu de réviser sa stratégie, après il sera trop tard ».

De son côté, entre 2011 et 2013, la COFACE a soutenu à hauteur de 1,2 milliards d’euros des entreprises du secteur du charbon (1). « Cela correspond à quatre garanties accordées à Alstom sur l’exportation de turbines pour deux méga-centrales sud-africaines, l’une à Medupi, l’autre à Kusile. Quand elles seront en service, elles devraient représenter à elles seules 14% des émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France ! » explique Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée / Coface. Elle ajoute « Il est urgent d’arrêter dès 2015 ces soutiens car chaque centrale à charbon soutenue a une durée de vie de trente à cinquante années et hypothèquent donc nos chances de stabiliser le climat ».

Enfin, l’annonce du Président de la République doit être complétée par d’autres engagements pour être cohérente. L’État, en tant qu’actionnaire d’entreprises publiques comme EDF ou GDF Suez a une responsabilité très lourde dans les choix d’investissements de ces entreprises. Or, loin des discours officiels, ces entreprises continuent d’investir dans les pays du Sud et en Europe de l’Est dans des projets d’énergies fossiles extrêmement dangereux pour le climat et les populations locales comme l’explique Malika Peyraut : « En plus de ses investissements contestés dans le nucléaire et les grands barrages, EDF possède aussi de nombreuses centrales au charbon partout dans le monde, et a brûlé 25 millions de tonnes de ce combustible fossile en 2013 ! ».

Par exemple, en Serbie, EDF veut investir dans la centrale à lignite de Kolubara B – une forme ultra-polluante de charbon – alors que les impacts climatiques et sanitaires seront catastrophiques : en Europe on compte plus de 18 200 morts prématurées par an à cause de la pollution de l’air due au charbon (2).

Les Amis de la Terre entendent donc clairement demander des précisions, un calendrier, et des engagements complémentaires lors de la Conférence environnementale, pour que la France tourne définitivement la page du charbon.

Contacts presse :

  • Caroline Prak, Les Amis de la Terre France : 06 86 41 53 43 / 09 72 43 92 65 – caroline.prak@amisdelaterre.org
  • Florent Compain, Président des Amis de la Terre France : 06 12 54 60 03 – presidence@amisdelaterre.org

Notes :
(1) Le 18 novembre dernier, Les Amis de la Terre France et leurs partenaires du réseau international ECA-Watch, ont manifesté devant l’OCDE, pour réclamer la fin des subventions aux énergies fossiles, à l’occasion d’une réunion qui traitait des soutiens publics alloués au secteur du charbon via les agences de crédits aux exportations.

(2) EDF était nominée aux Prix Pinocchio 2014 pour l’écart entre ses promesses en faveur de la transition énergétique, et la réalité de ses investissements dans le secteur du charbon, notamment en Serbie.