centrale à charbon
Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse10 juin 2021

Conseil de l’Union européenne : la France doit se positionner contre le gaz fossile

Le Réseau Action Climat et les Amis de la Terre France demandent au gouvernement français de prendre position pour l'exclusion du gaz de la nouvelle législation sur les réseaux de transport d’énergie.

Demain vendredi 11 juin, les Ministres européens de l’énergie décideront de la législation sur les réseaux de transport d’énergie (TEN-E), qui cadre les orientations des infrastructures énergétiques de l’Union européenne pour les décennies à venir. Alors qu’il s’agit d’une opportunité cruciale pour aligner cette réglementation sur les objectifs climatiques du Green Deal européen, le Conseil pourrait au contraire acter de maintenir ouvertes les vannes des subventions européennes pour les nouvelles infrastructures d’énergies fossiles. Face au silence radio de la France, le Réseau Action Climat et les Amis de la Terre demandent au Gouvernement de prendre publiquement position pour l’exclusion du gaz, aux côtés de 11 États-membres, dont l’Allemagne.

La menace d’une porte ouverte au gaz fossile

Alors que la Commission européenne s’est prononcée en décembre 2020 pour une révision ambitieuse et excluant le gaz fossile des futures infrastructures énergétiques européennes 1, c’est au tour des États-membres de se prononcer. Malheureusement, le texte en discussion au Conseil menace de laisser la porte grande ouverte au gaz fossile. Non seulement il prévoit des exceptions pour plusieurs projets gaziers prévus en Europe 2, mais il ouvre aussi de nouvelles opportunités de marché à l’industrie via le développement d’un hydrogène étroitement lié aux énergies fossiles 3.

Pour Neil Makaroff du Réseau Action Climat : “La nouvelle ambition climatique européenne de -55 % de gaz à effet de serre implique une baisse de 36 % de la consommation de gaz fossile en Europe d’ici à 2030. Il serait inconcevable de continuer à gaspiller l’argent du contribuable européen dans de nouvelles infrastructures fossiles. De tels projets menacent non seulement le climat, mais renforcent aussi la dépendance de l’Europe vis-à-vis de pays producteurs comme la Russie ou l’Azerbaïdjan, loin d’être des partenaires fiables et exemplaires sur les droits humains.”

La France aux abonnés absents, risque de faire basculer la majorité en faveur du gaz

Une coalition de 11 pays de l’Union européenne, dont notamment l’Allemagne, a pris fermement position pour la fin de tout soutien aux énergies fossiles dans le cadre de la législation 4. La France, traditionnellement contre le gaz fossile, est aux abonnés absents et a refusé de rejoindre la coalition anti-gaz. En cause : son alliance d’intérêts avec les pays pro-gaz sur la question du nucléaire. Son silence ferait courir le risque de faire basculer la majorité au Conseil en faveur du gaz fossile.

Pour Lorette Philippot des Amis de la Terre France : “Cette décision du Conseil est une nouvelle mise à l’épreuve de l’ambition – ou absence d’ambition – climatique de la France. Après s’être alliée aux partisans des énergies fossiles d’Europe centrale et orientale pour ruiner la taxonomie verte 5, elle doit demain renoncer à sa position de boulet du climat du continent. Le gouvernement français ne peut pas se contenter de la stratégie du silence sur cette échéance politique clé : nous attendons une prise de position claire, pour tenter de faire basculer le rapport de force dans le camp des anti-gaz”.

Le Réseau Action Climat et les Amis de la Terre appellent la France à mettre un coup d’arrêt au développement des projets gaziers en Europe, qui menacent le Green Deal.

Voir le briefing des ONG sur les enjeux de la régulation TEN-E.

Contacts presse

Neil Makaroff, Responsable Europe, Réseau Action Climat, neil.makaroff@reseauactionclimat.org, +33 (0) 683264332

Lorette Philippot, Chargée de campagne finance privée, Les Amis de la Terre France, lorette.philippot@amisdelaterre.org, (+33) (0)6 40 18 82 84

Notes
2

Exceptions pour des projets gaziers à Chypre et Malte et notamment le projet EastMed, ayant un impact bien plus large sur l’approvisionnement européen – article 25.

3

Le texte inclut une définition problématique de l’hydrogène, en mentionnant l’hydrogène « bas carbone » et non d’hydrogène « renouvelable ». Une telle définition ouvre la possibilité de développer l’hydrogène produits à partir d’énergie fossile, et notamment l’hydrogène “bleu” issu de gaz fossile et associé à des technologies de capture carbone. Par ailleurs, le texte soutient le “blending”, pratique qui consiste à mélanger dans les gazoducs un peu d’hydrogène à beaucoup de gaz fossile, la part d’hydrogène dans les gazoducs ne pouvant pas dépasser 10 % du volume maximum, le reste étant du gaz fossile – article 24.