Engie sur le point de vendre ses centrales à charbon en Allemagne et aux Pays-Bas
Montreuil, le 15 janvier 2019 - Selon Bloomberg, Engie serait sur le point de vendre ses centrales à charbon allemandes et néerlandaises au fonds d’investissement privé Riverstone Holdings. Les Amis de la Terre dénoncent cette transaction, qui pourrait intervenir dès cette semaine. Ils demandent à Engie de fermer ces centrales en assurant une transition juste pour les travailleurs, au lieu de revendre le problème au plus offrant, puis se targuer d’être leader mondial de la transition énergétique. Ils en appellent à la responsabilité du gouvernement français en tant qu’Etat actionnaire.
Depuis plusieurs mois, les Amis de la Terre alertent sur la volonté d’Engie de vendre ses centrales à charbon en Allemagne et aux Pays Bas [1]. Selon Bloomberg, la transaction pourrait avoir lieu dans la semaine. L’acheteur serait le fonds d’investissement privé Riverstone Holdings [2].
L’énergéticien français est déterminé à tourner le dos au charbon avec une stratégie de revente de ses actifs sales. Au moment où, face à l’urgence climatique, l’Europe et le monde doivent accélérer la sortie du charbon, ces transactions se multiplient. Pourtant, celles-ci encouragent le décalage des fermetures de sites puisque les repreneurs cherchent à maximiser leur investissement. La question de la responsabilité des industriels du charbon envers leurs salariés se pose aussi. Il leur revient de gérer les fermetures de sites qu’ils ont exploités, d’assurer une transition juste aux salariés et d’assumer les coûts de dépollution.
Les Amis de la Terre en appellent aussi à la responsabilité du gouvernement français. Les Pays-Bas ont acté la sortie du charbon d’ici 2030 mais pourraient se retrouver obligés de l’avancer après avoir perdu en justice suite à la plainte d’Urgenda [3]. Les négociations qui se déroulent actuellement en Allemagne dans le cadre de la commission charbon devrait aboutir très prochainement à la communication d’une date butoire de sortie du charbon. Dans ce contexte, Engie doit faciliter le processus de transition dans ces pays, non le freiner. L’Etat actionnaire a un rôle à jouer dans ces décisions. “Si le gouvernement Macron souhaite vraiment, comme il le clame, accélérer la sortie du charbon dans le monde et particulièrement en Europe, il doit empêcher ces reventes et sécuriser la fermeture de ces centrales !”, déclare Cécile Marchand, chargée de campagne climat et acteurs publics aux Amis de la Terre.
En France, le groupe tchèque EPH, détenu par le milliardaire Daniel Kretinsky, est sur le point d’acheter les deux centrales à charbon de l’Allemand Uniper (Emile-Huchet, Gardanne) [4]. “Les situations allemandes et françaises se répondent. Engie et Uniper, qui ont historiquement opéré des centrales à charbon de part et d’autre du Rhin, quittent le navire aussitôt que se dessine la sortie du charbon dans les deux pays, abandonnant leurs actifs à des acheteurs dont les intentions sont au mieux inconnues et au pire très inquiétantes. Le gouvernement français commence à s’interroger sur les impacts de cette transaction d’Uniper, notamment sur le plan social. Alors pourquoi imposer la même chose à ces voisins quand il a un levier très facile à actionner sur Engie ?”, conclut Cécile Marchand.