Engrais : le très mauvais diagnostic de la Commission européenne | La réactive des Amis de la Terre France
Après plus d’une année de crise sur le marché des engrais azotés de synthèse, la Commission européenne publie aujourd’hui sa communication pour « garantir la disponibilité des engrais à un prix abordable ».
Pour les Amis de la Terre France, celle-ci est bien en-deçà des mesures politiques fortes dont nous avons besoin pour sortir de l’impasse, et repousse dans le temps le problème de notre addiction aux engrais.
Pour Manon Castagné, porte-parole des Amis de la Terre France, “L’annonce de la Commission européenne sur les engrais rate le coche du changement de modèle agricole qui est pourtant la leçon numéro 1 de la crise que nous sommes en train de vivre. Les scientifiques l’ont montré : pour ne pas avoir à choisir entre sécurité alimentaire, atteinte des objectifs climat et biodiversité, il faut massifier l’agroécologie (CNRS, IDDRI).”
“Quelques orientations vont dans le bon sens. C’est le cas des aides d’urgence ponctuelles aux agriculteurs, de la révision des PSN, et du souhait de plus de transparence dans le secteur. Mais celles-ci sont éclipsées par des mesures à rebours de l’histoire, comme les aides publiques à un secteur industriel qui a pourtant profité de la crise, ou encore la priorisation de la production d’engrais en cas de coupure de gaz. Ces aberrations ne font que repousser dans le temps le problème de notre addiction aux engrais.”
“Cette annonce promet un chèque en blanc à une industrie climaticide. La Commission propose de subventionner une industrie qui a profité de la crise et de prioriser son approvisionnement en gaz en cas de rationnement, tandis que nous pouvons nous passer de ces produits. Cela pose d’importantes questions éthiques quant à la priorisation des usages d’une énergie – le gaz – qui se raréfie. La promesse d’engrais décarbonés, dont la date de viabilité et les quantités disponibles posent question, n’est pas une réponse entendable à la crise.”