Fin du charbon chez Engie : une victoire d’étape
Montreuil, le 14 octobre 2015 - Après l'annonce ce matin par la Ministre de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie, de l'arrêt du charbon chez Engie (ex GDF Suez), le PDG de l'entreprise a confirmé officiellement la fin de tout nouveau projet charbon.
Une décision qui fait suite à des mois de pression populaire, et renforce la détermination des militants à lutter pour la justice climatique.
Ce matin, Ségolène Royal annonçait que « Engie va programmer la fin des investissements dans le charbon ». Une annonce confirmée dans la journée par le PDG de l’entreprise, Gérard Mestrallet, qui affirme que l’entreprise renoncera à tout nouveau projet charbon et mettra fin à certains de ses projets en cours, notamment la centrale à charbon Ada Yumurtalik (Turquie). En revanche, les projets pour lesquels des « engagements fermes » ont été pris, seront apparemment poursuivis.
Cette avancée est avant tout une victoire de la mobilisation populaire. En Afrique du Sud et en Turquie, les communautés risquant d’être affectées par ces projets se sont mobilisées pour faire valoir leurs droits. Lettres envoyées à l’entreprise, manifestation sur l’ambassade de France, actions de rue ont rythmé des mois de lutte, soutenus activement en France, notamment par des actions directes non-violentes visant l’entreprise et le gouvernement, et un actif travail de plaidoyer. La semaine dernière, les Jeunes Amis de la Terre avaient notamment organisé un concert improvisé devant le siège d’Engie pour attirer l’attention sur le projet de centrale Ada Yumurtalik.
Mais si c’est une victoire, ce n’est qu’une victoire d’étape. Le fait qu’une entreprise française déclare ne plus investir dans le charbon dans le futur est un signal très positif envoyé au niveau international allant de le sens de la fin des énergies fossiles. Cependant, l’entreprise et le gouvernement français ne doivent pas s’en tenir là. Engie dispose toujours de 30 centrales à charbon dans le monde qui émettent près de 81 millions de tonnes de CO2 par an. L’entreprise doit s’engager d’ici la COP21 dans un plan de sortie rapide du charbon, en prenant en compte la reconversion des travailleurs du secteur. Les centrales doivent être réellement fermées, et non revendues à d’autres investisseurs. Parmi celles-ci, il s’agit de mettre définitivement fin à la centrale de Vado Ligure, en Italie, pour laquelle un procès pourrait s’ouvrir mettant en cause la responsabilité de plusieurs dirigeants de l’entreprise dans la mort de plus de 400 personnes à cause de la pollution, ou encore celle d’Hazelwood en Australie, qui est la 3e centrale la plus polluante au monde.
Engie doit donc aller plus loin en fermant son parc de production d’énergie à base de charbon, sans se réorienter vers d’autres énergies tout aussi nocives comme les énergies fossiles, le nucléaire, ou les grands barrages. Le gouvernement doit transformer l’essai au sein d’autres entreprises, comme EDF, et amorcer une réelle transition vers la réduction de la consommation, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables entre les mains des citoyens. Cependant, l’avancée d’aujourd’hui prouve une fois de plus que les peuples ont la capacité d’agir contre les multinationale. La lutte ne s’arrête pas là, et les militants des Amis de la Terre sont plus que jamais déterminés à lutter pour la justice climatique et sociale.