Garantie de la Coface pour le charbon d’Afrique du Sud : une honte pour la France
La Coface a décidé d’apporter une garantie au projet de centrale à charbon de Medupi en Afrique du Sud. Elle contribuera à l’aggravation de la pauvreté des Sud-Africains, en bénéficiant uniquement à un secteur industriel largement contrôlé par des multinationales occidentales.
En toute discrétion, la Coface a décidé la semaine dernière d’apporter une garantie au projet de centrale thermique à charbon de Medupi en Afrique du Sud. Cette centrale émettra à elle seule l’équivalent de 5 % des émissions françaises. Elle contribuera à l’aggravation de la pauvreté des Sud-Africains, en bénéficiant uniquement à un secteur industriel largement contrôlé par des multinationales occidentales. La France soutient ce projet en raison de l’implication d’Alstom dans la construction de la centrale. Cette décision révèle un mépris total du Gouvernement pour ses engagements en matière climatique et pour les protestations de la société civile sud-africaine.
En dépit des demandes des Amis de la Terre, et de la mobilisation de 65 organisations sud-africaines et de plus d’une centaine d’ONG dans le monde contre le projet, la Coface, l’agence publique de crédit aux exportations française, a décidé de prendre en garantie pour le compte de l’Etat français le projet de centrale à charbon de Medupi de l’entreprise sud-africaine Eskom. Alstom est l’un des contractants.
La centrale émettra 25 millions de tonnes de CO2 par an et entraînera des pollutions majeures au soufre et au mercure. Elle implique aussi l’ouverture de 40 nouvelles mines de charbon pour l’alimenter.
Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Finance publique aux Amis de la Terre, explique : « Cette centrale est une catastrophe environnementale et climatique. Pire : elle vise à fournir de l’électricité à des multinationales comme BHP Billiton ou Anglo American Corporation, elles-mêmes très polluantes. Quatre mois après le sommet de Copenhague, le soutien de la France à un tel projet décrédibilise totalement notre pays en matière environnementale. Il est scandaleux d’investir l’argent public dans des projets aussi destructeurs. »
La société civile sud-africaine rejette le projet non seulement à cause de ses impacts écologiques, mais aussi parce qu’il va aggraver la pauvreté dans le pays. En effet, les industries basées en Afrique du Sud bénéficient de tarifs artificiellement bas pour l’électricité, en raison d’accords inéquitables signés à la fin de l’apartheid. Ainsi, le coût de production de l’électricité pèse de façon disproportionnée sur la population, et non sur les grosses entreprises consommatrices. Ainsi, pour rembourser l’investissement que représente la centrale de Medupi, Eskom a déjà annoncé une augmentation de 25 % par an des tarifs de l’électricité pour les particuliers.
Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre, commente : « L’Etat français qui garantit le projet dans l’intérêt d’Alstom, donne l’image d’une France qui soutient un système injuste, anti-écologique, au bénéfice des riches multinationales, et pesant sur les plus pauvres. » Le 8 avril 2010, la Banque mondiale sera amenée à examiner un prêt pour le même projet. Les Etats-Unis ont déjà annoncé qu’ils s’abstiendraient. Suite à la décision de la Coface, la position de la France semble mal engagée. Les Amis de la Terre demandent à Nicolas Sarkozy de saisir cette dernière chance de se montrer cohérent avec ses engagements, et de voter contre pour le prêt de la Banque mondiale à la centrale de Medupi.
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