Huile de palme : les Amis de la Terre se félicitent de l’abandon du projet d’usine à Port-la-Nouvelle
Montreuil, le 27 novembre 2012 - Le Conseil régional du Languedoc-Roussillon, propriétaire du port de Port-la-Nouvelle (Aude), a confirmé l'abandon du projet d'implantation d'une immense usine d'importation d'huile de palme du groupe Sime Darby.
Les Amis de la Terre se félicitent de cette victoire mais rappellent que l’Europe reste toujours déficitaire en huile végétale et doit prendre des mesures pour réduire une demande croissante, en particulier en agrocarburants.
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Dès l’annonce de ce projet en décembre 2010, les Amis de la Terre se sont mobilisés et ont participé à la création d’un collectif local, No-Palm. En mai 2012, les Amis de la Terre et Basta ! ont organisé une mission au Liberia pour enquêter sur les impacts sociaux et environnementaux des plantations de palmier à huile [1] de Sime Darby dont la production devait alimenter l’usine de Port-la-Nouvelle : « Au Liberia, Sime Darby possède près de 400 000 hectares de plantations soit plus de 4 % de la superficie totale du pays ce qui provoque des tensions très fortes avec les communautés locales » explique Sylvain Angerand qui ajoute : « L’abandon du projet d’usine de Port-la-Nouvelle est une très bonne chose mais le fond du problème demeure : l’Afrique et l’Asie ne doivent pas être les pompes à huile de l’Europe. »
Entre 2001 et 2010, la consommation d’huile végétale en Europe a presque doublé (passant de 13,3 millions de tonnes à 21,8 millions de tonnes) : cette hausse est structurellement liée à l’émergence des agrocarburants, dont le volume était insignifiant il y a 10 ans et qui absorbe aujourd’hui plus de 8 millions de tonnes d’huiles [2]. Pour combler le déficit croissant en huile, l’Europe a massivement importé de l’huile de palme comme l’explique Christian Berdot, référent agriculture pour les Amis de la Terre : « L’huile de palme peut-être utilisée directement comme agrocarburant mais l’impact est surtout indirect : l’huile de colza qui était utilisée pour ds usages alimentaires est aujourd’hui détournée pour faire rouler les voitures et, en substitution, les industriels de l’agroalimentaire importent des quantités croissantes d’huile de palme. »
Les Amis de la Terre font pression sur la Commission européenne et le Parlement européen pour que ces effets de vase communicants soit pris en compte, ce qui disqualifierait définitivement l’intérêt des agrocarburants pour lutter contre les changements climatiques. En effet, l’extension des cultures de palmiers à huile au détriment des forêts entraîne l’émission de grandes quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Or si la Commission a fait un premier pas en octobre 2012 [3] en reconnaissant ces effets indirects, l’annonce aujourd’hui de reconnaître la certification RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil ou table Ronde pour le palmier à huile durable) est un recul considérable : « Nous avons documenté à de multiples reprises les failles de cette certification qui n’est qu’un écran de fumée. Il faut réduire la demande en huile de palme et ne pas chercher à verdir ce qui est insoutenable » conclut Sylvain Angerand.
Contact : Caroline Prak – 06 86 41 53 43
[1] Voir la vidéo : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/liberia-le-nouveau-reservoir-d-huile-de-palme-de-l-europe/ et le rapport « Huile de palme : vivre ou conduire, il faut choisir » : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/arnaque-a-l-huile-de-palme-durable/
[2] Voir l’édito du rapport « huile de palme : vivre ou conduire »
[3] Several studies, including some commissioned by the EU, have found that the extra demand for food crops such as palm oil for the production of biofuels has a significant climate impact. The search for new land to produce food often leads to land grabbing, deforestation or the draining of peatlands, which releases large amounts of greenhouse gases. When this indirect land use change effect is factored in, palm oil biodiesel causes more carbon emissions than conventional diesel. See page 26, table 4, in the Commission staff working document assessing the ILUC impact of European biofuels policies (October 2012): .
crédit : RAN