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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse11 décembre 2013

Institutions financières internationales: le charbon mis au ban

Les Etats administrateurs de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ont voté hier la politique énergétique de la banque qui conditionnera ses prêts au secteur de l’énergie jusqu’en 2018. Elle confirme la mise au ban mondiale du charbon.

Les administrateurs de la BERD, dont la France fait partie, ont voté hier à Londres la politique énergétique de la banque. Celle-ci oriente les prêts que la Banque fait au secteur de l’énergie en vue d’accompagner la transition économique des pays de sa zone d’intervention (Europe centrale et de l’Est, Balkans, Asie centrale, Moyen-Orient et Afrique du Nord). Après plusieurs mois de bataille des ONGs, dont les Amis de la Terre, la BERD s’est finalement alignée sur les orientations prises par les autres grands bailleurs publics comme la Banque mondiale ou la Banque européenne d’investissement (BEI), pour limiter le soutien au secteur du charbon.

La BERD introduit ainsi dans ses critères un « carbon shadow pricing », un prix du carbone qui permet d’inclure le coût de l’émission du carbone dans l’évaluation économique des projets d’énergies fossiles. Le charbon, quant à lui, est interdit sauf en de rares circonstances, ce qui mettrait fin à un certain nombre de projets envisagés. Pour les communautés concernées, c’est un soulagement. « Nous sommes contents de voir que la BERD va dans la bonne direction et a approuvé des critères qui permettent d’exclure le financement du projet inutile de la centrale Kosovo C, près de Pristina. Elle doit maintenant annoncer sa décision de retrait au gouvernement kosovar » commente Visar Azemi, de l’association kosovar KOSID. L’arrêt du charbon est un pas majeur pour cette banque qui jusque là avait consacré à ce secteur 10% de ses prêts entre 2006 et 2011.

Malgré tout, la Banque doit encore assainir son portefeuille de prêts si elle veut vraiment contribuer à la lutte contre le changement climatique. Sa nouvelle politique permet en effet désormais le soutien aux hydrocarbures non conventionnels, dont les gaz de schiste, malgré leur faible intérêt économique et les risques que comporte la fracturation hydraulique. « Si de tels projets se présentaient, la France s’est engagée à ne pas les soutenir, et nous serons très attentifs à ce qu’elle tienne cette promesse. Le gouvernement ne peut en effet interdire les gaz de schistes sur son territoire, et accepter de participer à leur financement par ailleurs » commente Malika Peyraut, chargée de campagne pour les Amis de la Terre.

La décision de la BERD vient confirmer la fin de l’ère du charbon, l’un des premiers contributeurs anthropiques aux changements climatiques et dont les conditions d’extraction et de combustion sont extrêmement nocives pour l’environnement et la santé. « Cette prise de conscience internationale doit pousser la France à continuer à mettre en cohérence ses politiques publiques. EDF et GDF, par exemple, sont deux entreprises largement contrôlées par la France mais elles investissent encore dans des projets charbon à l’international. De même, la COFACE, agence de crédit à l’exportation publique, ne s’interdit pas le soutien au charbon. La France doit faire évoluer ces acteurs pour rester cohérente avec les progrès récents. Ce sont des sujets qui pourraient être abordés au cours des débats sur la loi sur la transition énergétique par exemple. » rappelle Malika Peyraut. « Si la France veut réellement être un acteur clé de la transition énergétique et du climat, elle doit donner priorité aux projets de réduction de la consommation énergétique, d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. »

Contact presse : Caroline Prak – 01 48 51 18 96 – 06 86 41 53 43