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Climat-ÉnergieFinance
Communiqué de presse5 juin 2014

Journée mondiale de l’environnement : l’occasion pour la France d’abandonner le charbon ?

A 544 jours de la COP 21, la France subventionne toujours les énergies fossiles et notamment le charbon, l'énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre. Après de nombreux rendez-vous manqués avec le climat, les Amis de la Terre appellent le gouvernement à saisir les opportunités à venir.

A 544 jours de la COP 21, la France subventionne toujours les énergies fossiles et notamment le charbon, l’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre. Après de nombreux rendez-vous manqués avec le climat, les Amis de la Terre appellent le gouvernement à saisir les opportunités à venir, à l’OCDE le 16 juin et dans sa future loi sur la transition énergétique, pour adopter une politique cohérente, sous peine d’être étiquetée demain comme un des Etats les plus conservateurs sur le plan climatique, aux côtés de la Pologne ou encore du Japon.

Les beaux discours de la France en matière climatique s’effondrent sur un seul mot : charbon ! Alors que le nombre de pays et d’institutions publiques et privées réduisant leurs soutiens aux énergies fossiles ne cesse d’augmenter, la France s’accroche à ces énergies du passé et bloque toute initiative en faveur du climat. Ainsi, en décembre 2013, elle fut le seul pays occidental à voter pour la centrale à charbon Jasmhoro au Pakistan lors de son examen à la Banque asiatique de développement (1). Même tableau du côté de son agence de crédit à l’exportation, la COFACE, qui a soutenu à hauteur de 1,2 milliard d’euros des projets charbon à l’étranger depuis 2011. Enfin, des entreprises françaises dont l’Etat est actionnaire principal, comme EDF ou GDF, cherchent elles aussi à investir dans des projets charbon très controversés en Serbie (EDF), en Croatie (EDF) et en Afrique du Sud (GDF).

Pourtant, au niveau international, le charbon a de plus en plus mauvaise presse : les plus importantes banques multilatérales, comme la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement ou la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ont adopté en 2013 des critères stricts limitant leurs prêts au secteur du charbon (2). Après les Etats-Unis en juin 2013, de nombreux autres Etats, notamment le Royaume-Uni et les pays scandinaves, se sont également engagés à réduire drastiquement leurs soutiens publics au charbon à l’étranger (3). Si ces initiatives sont encourageantes, rappelons que l’arrêt du charbon n’est pas un luxe, mais un impératif si nous voulons avoir une chance de limiter le réchauffement en dessous des 2 °C et garantir un climat sûr pour les prochaines générations.

Il est temps que la France s’engage à se détourner des énergies fossiles, et saisissent les deux opportunités politiques qui se présentent à elle. « Le 16 juin prochain, les pays membres de l’OCDE auront l’opportunité historique de décider ensemble l’arrêt de leur soutiens au charbon via leurs agences de crédits à l’exportation. Après avoir manqué l’opportunité en février dernier d’en finir avec les garanties au charbon de la Coface, la France ne peut se permettre de rater une fois de plus un rendez-vous avec le climat, surtout au niveau international. Elle se retrouverait alors aux côtés de pays ultra conservateurs en matière climatique, comme la Pologne ! » estime Lucie Pinson, chargée de campagne aux Amis de la Terre.

D’autre part, la France compte amorcer sa transition énergétique avec sa Loi de programmation sur la transition énergétique qui devrait être annoncée rapidement. Pour les Amis de la Terre, la réflexion sur la transition énergétique ne peut se départir d’une trajectoire de sortie des énergies fossiles. L’arrêt immédiat du soutien public au charbon au sein des IFIs et des entreprises dont l’Etat est actionnaire majoritaire doit en être une première étape.

« La France ne peut pas d’une part appeler de ses vœux un accord ambitieux sur le climat en 2015 et d’autre part continuer de soutenir des projets charbon dans des pays qui seront incapables de signer un accord de réduction des émissions puisqu’ils se retrouveront dépendants de centrales polluantes d’une durée de vie de 40 à 50 ans ! » estime Malika Peyraut, chargée de campagne aux Amis de la Terre. Pour ces derniers, la transition énergétique passe avant tout par l’abandon des énergies fossiles et fissiles, la réduction de consommation, l’amélioration de l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.

Contact presse : Caroline Prak – 06 86 41 53 43

Notes :

(1) Banques multilatérales de développement : la France schizophrène :

(2) Institutions financières internationales : le charbon mis au ban :

(3) Protéger le climat ou soutenir les centrales à charbon d’Alstom : que choisira M. Hollande ?


photo : John Aïves 1946 sous licence Creative Commons.