La Banque européenne d’investissement évite les contraintes environnementales et sociales
La Banque européenne d’investissement vient d’adopter sa nouvelle Déclaration environnementale et sociale. La Banque, dont l’implication dans des projets destructeurs est vivement critiquée, se contente pourtant d’une Déclaration vague et peu contraignante.
Les Amis de la Terre demandent que la France, en tant que « gros » actionnaire de la BEI, exige que celle-ci adopte des normes précises et contraignantes, à la hauteur des meilleurs standards internationaux.
Après presque une année de consultation avec la société civile et les institutions européennes, la Banque européenne d’investissement (BEI), l’institution financière de l’Union européenne, vient d’adopter sa nouvelle Déclaration environnementale et sociale[[http://www.eib.org/about/publications/review-of-the-eib-statement-of-environmental-and-social-principles-and-standards-final-draft.htm]]. La Banque, dont l’implication dans des projets destructeurs est vivement critiquée, se contente pourtant d’une Déclaration vague et peu contraignante. Les Amis de la Terre demandent que la France, en tant que « gros » actionnaire de la BEI, exige que celle-ci adopte des normes précises et contraignantes, à la hauteur des meilleurs standards internationaux.
La BEI, plus gros bailleur public au monde en termes de volume de prêt, fait l’objet de campagnes à travers toute l’Europe, en raison des destructions sociales et environnementales causées par les projets qu’elle finance, en particulier dans les pays en développement[[Depuis novembre 2007, les Amis de la Terre dénoncent notamment l’implication massive de la BEI dans le secteur minier en Afrique, et les nombreuses pollutions, violations des droits humains, problèmes de corruption ou conflit associés aux mines qu’elle soutient]]
Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des Acteurs financiers pour les Amis de la Terre, explique : « La BEI est compromise dans des projets tels que l’oléoduc Tchad Cameroun, la mine de cuivre de Mopani en Zambie, ou le projet hydraulique des Hauts plateaux du Lesotho, qui ont conduit à de graves violations des droits humains, des pollutions des eaux, des sols, des situations sanitaires désastreuses… Au regard de ses erreurs passées, la Banque doit impérativement revoir ses méthodes d’évaluation et de suivi des projets : en tant qu’institution européenne, elle devrait se montrer exemplaire en matière environnementale et sociale. »
Alors qu’elle intervient dans les pays du Sud avec une mission de développement, la BEI soutient surtout l’enrichissement de grandes multinationales occidentales, qui profitent dans de nombreux cas de la faiblesse des cadres normatifs ou de la gouvernance des pays dans lesquels elles mènent leurs activités. Dans le cas de la mine de Mopani (Zambie), plus de 99 % des bénéfices quittent le pays : comment la BEI, qui finance le projet, prétend-elle ainsi lutter contre la pauvreté ?
En réponse à la pression de la société civile, la BEI vient d’adopter de nouvelles normes environnementales et sociales. Si sa nouvelle Déclaration représente un progrès, on reste cependant encore loin du compte.
Anne-Sophie Simpere poursuit : « La BEI se contente encore une fois de normes trop vagues pour constituer une vraie contrainte. Elle se refuse à établir des critères d’évaluation chiffrés ou de délais précis, pour se contenter d’invoquer des « degrés acceptables » ou des « meilleurs délais » qui laissent toutes les parties prenantes dans une grave insécurité juridique. Par ailleurs, elle conserve des doubles standards, les uns appliqués en Europe, les autres dans les pays en développement, ces derniers étant bien moins protecteurs de l’environnement et des droits humains. Elle agit comme une banque privée, sans valeur ajoutée en matière de standards. La France, en tant qu’actionnaire de la BEI, doit se positionner pour une réforme réelle de la Banque. »
Contact presse :
Caroline Prak – les Amis de la Terre – 01 48 51 32 22 / 06 86 41 53 43