La BEI prête à financer des projets soupçonnés d’irrégularités?
La Banque Européenne d'Investissement va examiner une demande de financement pour le projet minier géant de Tenke Fungurume en République Démocratique du Congo. Les Amis de la Terre, ainsi que de nombreuses ONG européenne s'inquiètent de la décision à venir de la BEI.
Le projet Tenke, dont l’entreprise américaine Freeport McMoRan (autrefois Phelps Dodge) et la société canadienne Tenke Mining sont les actionnaires majoritaires, couvre l’un des plus riches gisements de cobalt et de cuivre vierge au monde. Le contrat de Tenke fait partie des 60 contrats miniers que le gouvernement de RDC a décidé de passer en revue, en raison des fortes présomptions d’irrégularités entachant leur conclusion.
Le processus de révision, entamé le 18 juin, répond aux préoccupations concernant l’équité et la légalité des contrats soulevées dans plusieurs audits, études indépendantes, et dans le rapport d’une commission parlementaire congolaise. Des organisations telles que la Banque mondiale ont exprimé des inquiétudes concernant les contrats miniers en RDC, notamment : le manque de transparence dans la négociation et l’octroi des marchés, les conflits d’intérêt non déclarés, l’inclusion de frais de gestion mal définis et d’autres paiements discutables, un manque d’évaluation appropriée des apports congolais aux marchés, et l’insertion de clauses désavantageuses pour l’Etat congolais.
Alors que l’examen pourrait mener à l’annulation ou la révision substantielle des contrats, la BEI n’hésite pas à envisager un investissement de 100 millions d’euros dans la mine de Tenke Fungurume. En signalant son intérêt pour le projet avant même que la révision des contrats soit achevée, la Banque semble présumer du résultat de la révision des contrats…
Le financement d’une mine de cuivre et de cobalt de grande envergure ne correspond à aucun des objectifs de coopération entre la RDC et l’Union Européenne. En outre, ce type de projet risque d’avoir des conséquences environnementales et sociales très graves, qui demandent une expertise et des études sérieuses sur le terrain avant d’être envisagé. « Contrat douteux, bénéfices pour le Congo discutables, impacts potentiellement dévastateurs : ce projet semble réunir tous les critères de l’investissement irresponsable. » explique Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre.
Le 12 juillet dernier, l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’agence de garantie des
exportations du gouvernement américain, elle aussi sollicitée sur ce projet, a décidé de reporter sa décision. La BEI, qui a choisi de rester très opaque quand à l’avancée de son processus de décision, saura-t-elle également prendre une décision raisonnable ?
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Caroline Prak