La Conférence environnementale : de bons signes…mais !
Montreuil, le 18 septembre 2012 - La Conférence environnementale qui s'est clôturée par un discours du premier Ministre Jean-Marc Ayrault samedi dernier, ne s'annonçait pas au mieux. Une préparation par moment un peu « cafouilleuse », des déclarations ministérielles dans les médias pour le moins inquiétantes sur les sujets les plus polémiques (gaz de schiste, nucléaire, aéroport de Notre Dame des Landes) ont instillé des inquiétudes légitimes au sein des organisations participantes, les Amis de la Terre en tête.
_ Le discours d’ouverture Président de la République a suscité quelques espoirs. Néanmoins, le système fondé sur le productivisme, la croissance et la compétitivité n’est pas fondamentalement remis en cause. Et dans ce cadre, les préconisations des Amis de la Terre pour des sociétés écologiquement et socialement soutenables ne peuvent malheureusement pas être entendues.
Pour autant, si le président n’est pas prêt à entreprendre pour notre société et pour notre économie un virage à 180°, une certaine inflexion est à noter : l’affirmation que les crises écologique, économique, financière et sociale ne sont pas indépendantes et que nous faisons face à une crise systémique. De même, notons la reconnaissance de la nécessité de changer nos modes de production et de consommation et de porter un autre mode de développement, ces constats étant accompagnés de quelques mesures immédiates et concrètes.
Les débats des cinq tables rondes ont été nourris et ont bien fait apparaître selon les sujets les points de consensus et les divergences. Nous ne pouvons que regretter que le temps très contraint n’ait pas permis des échanges plus argumentés, plus encore, que les restitutions par les modérateurs, assez inégales, n’aient pas vraiment reflété la richesse des échanges et des propositions.
Le premier Ministre, dans son discours de clôture, a énuméré, par thématique, un certain nombre de mesures, de portée variable, dont certaines méritent d’être saluées mais d’autres sont insuffisantes voir absentes.
Les Amis de la Terre France saluent par exemple la tarification progressive du gaz et de l’électricité, les mesures de soutien accru à la rénovation thermique des logements, la création de l’agence nationale de la biodiversité, l’augmentation immédiate de la TGAP, la prochaine modification du décret d’application relatif à la RSEE (responsabilité sociale et environnementale des entreprises).
D’autres mesures, nécessaires, sont totalement absentes : ainsi, au-delà de la fermeture de Fessenheim, quid des autres réacteurs trentenaires qui logiquement devraient être fermés dans le quinquennat ? Autre exemple, les transports, et le devenir du projet aberrant d’aéroport à Notre Dame des Landes.
Parmi les mesures que nous considérons comme incomplètes, nous notons on note en premier lieu l’exploitation des gaz de schiste. Si l’interdiction ferme de la fracturation hydraulique est un point positif, la porte reste ouverte en cas de découverte d’une autre technique, alors que le projet de loi déposé en 2011 par le Parti socialiste en proposait l’interdiction quelle que soit la méthode utilisée (proposition de loi signée entre autres par messieurs Hollande et Montebourg et Madame Batho!).
Autre exemple concernant les agrocarburants : la production des agrocarburants sera freinée alors qu’elle devrait d’ores et déjà être interdite, et les agrocarburants de 2ème génération ne sont pas remis en cause.
Pour Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre : « Un essai a été marqué, mais il n’a pas été transformé. Cependant, ces deux jours de Conférence environnementale ne sont que le début du match puisqu’il s’agissait d’une conférence de méthode ; nous ne relâcherons pas notre vigilance et notre effort, il y a encore beaucoup à faire car le match est loin d’être gagné ».
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