La France appelée à cesser de financer le trésor de guerre de Poutine et à soutenir l’interdiction totale du gaz russe
Aujourd'hui, Razom We Stand, un groupe ukrainien pour la paix et le climat, ainsi que dix partenaires (voir ci-dessous) ont lancé un appel urgent à l’Etat français, lui demandant un soutien proactif à la mise en œuvre d’une interdiction totale des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe.
Cet appel 1 intervient alors que plusieurs pays européens, dont l’Allemagne et l’Italie, ont récemment soutenu l’imposition de sanctions complètes et transparentes sur le GNL russe.
Liste des partenaires disponible ci-dessous. 2
Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné, Bruno Le Maire et l’ambassadeur de France en Ukraine, Razom We Stand 3 a souligné le rôle critique que jouent les importations de GNL russe puisqu’elles soutiennent l’économie de l’agresseur et financent la guerre de la Russie en Ukraine. Le groupe a exhorté la France à être le leader des efforts européens et à plaider en faveur d’une interdiction complète des importations de GNL russe, c’est-à-dire incluant les opérations de transbordement et les importations indirectes.
Yevheniia Zasiadko, directrice de campagne de Razom We Stand, a souligné l’urgence de la situation en déclarant : « Face à l’assaut incessant de Poutine contre l’Ukraine, la France et l’Union européenne doivent prendre des mesures décisives pour couper l’aide financière qui alimente le trésor de guerre de la Russie. Chaque euro français dépensé pour les importations de GNL russe est une contribution à la campagne de violence et de dévastation de Poutine. L’Union européenne doit rester ferme et donner la priorité à la protection des vies humaines plutôt qu’aux bénéfices, en faisant preuve d’une solidarité inébranlable avec l’Ukraine dans ce moment critique. La France a une occasion unique d’avoir un impact significatif en soutenant une interdiction complète des importations de GNL russe. Cette mesure ferme enverrait un message fort au gouvernement russe : son agression ne sera pas tolérée.”
« Non seulement la France paie la Russie pour importer du gaz fossile que nous pouvons rapidement remplacer en mettant en œuvre les bonnes politiques de réduction de la consommation et de déploiement d’alternatives, mais elle est aussi un maillon essentiel du marché gazier russe. »
Anna-Lena Rebaud poursuit : « En effet, le transbordement du gaz des brise-glace vers les méthaniers ordinaires permet à la Russie d’exporter plus de gaz qu’elle ne le pourrait si le taux de rotation des brise-glace était plus faible. Ces deux éléments signifient que la France est dans une position très puissante pour affaiblir l’économie de guerre russe : nous appelons d’urgence Emmanuel Macron à soutenir une interdiction totale du GNL russe.”
Des données récentes du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA) ont révélé la croissance rapide des importations de GNL russe de la France, avec des paiements totalisant 600 millions d’euros pour les seuls trois premiers mois de 2024. La France est devenue le consommateur de GNL russe qui connaît la plus forte croissance dans l’Union européenne, avec un total de 1,5 million de tonnes en 2024, dépassant tous les autres pays de l’Union européenne en termes d’importations de GNL en provenance de Russie au cours de cette période.
Razom We Stand a demandé à la France d’annoncer son soutien total à l’interdiction des importations de GNL russe dans le 14ème paquet de sanctions contre la Russie, de collaborer avec les partenaires européens pour développer des stratégies visant à réduire la dépendance aux ressources énergétiques russes.
Citations :
« Au cours des quatre premiers mois de 2024, l’UE a augmenté ses importations de GNL russe de 18 % par rapport à la même période l’année dernière. Si le bloc veut réussir dans son plan RePower EU pour mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles russes d’ici 2027, il doit commencer à réduire ses importations de GNL russe immédiatement. Des mesures doivent être introduites d’urgence pour empêcher les entreprises européennes de continuer à acheter du GNL non sanctionné à la Russie », Isaac Levi, responsable de l’équipe d’analyse de la politique et de l’énergie Europe-Russie, Centre for Research on Energy and Clean Air (Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur).
« La récente déclaration du président français sur la nécessité pour l’Europe de renforcer sa « souveraineté et son autonomie stratégique en matière d’énergie » va à l’encontre du fait que la France a augmenté ses importations de GNL russe en 2024. Si la France veut vraiment jouer un rôle de leader, il est temps de joindre le geste à la parole ». Irina Pavlova, porte-parole de la coalition B4Ukraine.
« Tant que la Russie sera en mesure de générer des revenus pour reconstituer son trésor de guerre, y compris par l’exportation d’énergies fossiles tels que le GNL, il n’y aura pas de fin à la militarisation croissante du pays et à la menace que cela représente non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la sécurité mondiale en général ». Simon Papuashvili, directeur de programme, Partenariat international pour les droits de l’homme (PIDH)
« La COP28 a clairement souligné l’urgence d’une transition vers l’abandon des énergies fossiles. Cependant, l’augmentation des importations de GNL russe par la France représente un sérieux recul par rapport à nos engagements en matière de climat. Il est impératif que nous abandonnions cette voie insoutenable et que nous nous engagions fermement en faveur d’un avenir énergétique durable qui respecte le climat, la biodiversité et les droits humains, pour les générations actuelles et futures. » Gaia Febvre, Responsable Politiques Internationales, Réseau Action Climat
Razom We Stand est une organisation ukrainienne active au niveau international, qui demande un embargo total et permanent sur les combustibles fossiles russes et l’arrêt immédiat de tous les investissements dans les compagnies pétrolières et gazières russes en éliminant progressivement les combustibles fossiles au niveau mondial.