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Marche climat Paris - © Basile Mesre Barjon
AgricultureClimat-ÉnergieSurproduction
Communiqué de presse13 juillet 2021

La Loi Climat : tout ça pour ça

La loi climat a mis d’accord députés et sénateurs à l’issue de 9h de débats achevés hier soir dans la nuit. Sans surprise, l’ambition climatique et sociale portée par les 150 citoyens de la Convention citoyenne n’aura pas survécu aux multiples filtres imposés par la majorité En Marche.

Illustration avec les deux sujets suivis par nos expertes : les entrepôts de e-commerce et les engrais azotés de synthèse.

Loi climat : des petits pas criminels

Tandis que l’UE a rehaussé son ambition climatique à -55% d’ici 2030 et que la France a 9 mois pour prendre toute mesure utile pour réduire ses émissions de GES (jugement de Grande Synthe), la Loi climat confirme ce que nous savions déjà : le virage écologique et social ne sera pas pour ce quinquennat. 

Alors que les événements climatiques extrêmes se multiplient ces dernières semaines aux quatre coins du monde, cet échec est un choix délibéré d’ignorer les connaissances actuelles en matière de dérèglement climatique, notamment cette alerte récente du Haut Conseil pour le Climat : « Les deux-tiers de la population française sont déjà fortement  ou  très  fortement  exposés  au  risque  climatique. » 

Tapis rouge à Amazon, au détriment des petits commerces

La Commission Mixte Paritaire a supprimé l’avancée obtenue par les sénateurs consistant à interdire la construction d’entrepôts de e-commerce qui artificialisent les sols au-dessus de 10 000 mètres carré, proposant ainsi de soumettre le géant Amazon à la même réglementation que les zones commerciales françaises. “Après avoir prévenu les députés de la majorité que « toucher à Amazon » était la ligne rouge à ne pas franchir, le gouvernement a définitivement créé un régime d’exception en faveur des géants du e-commercedont les émissions exponentielles ne sont pas inquiétées, mais qui en outre risque d’accélérer la destruction d’une centaine de milliers d’emplois dans notre pays” selon Alma Dufour, chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre. 

Engrais azotés : un vague plan et des rapports plutôt que des mesures structurantes

Malgré l’urgence climatique et sociale à réduire notre consommation d’engrais azotés de synthèse, la loi climat ne propose que des mesures sans ambition et sans objectif contraignant. Un “plan national” sera créé pour réduire les émissions liées aux engrais, plutôt que pour réduire leur consommation, conformément aux souhaits de la FNSEA. La création d’une “éventuelle” (art. 62) redevance, mesure réellement structurante plébiscitée par les citoyens, les économistes et diverses institutions, n’est qu’effleurée via l’écriture d’un rapport. Pour Manon Castagné, chargée de campagne agriculture aux Amis de la Terre : “La loi climat fait fi de l’impact climatique réel des engrais azotés, en ignorant qu’il faut l’équivalent en gaz d’1kg de pétrole pour fabriquer 1kg d’azote. Ce chiffre impose de réduire notre consommation et non seulement les émissions liées à leur utilisation.”

Une loi vidée de son contenu

Exit l’interdiction de la publicité pour les produits polluants, l’arrêt des vols intérieurs avec une alternative en train de 4h30, l’option végétarienne quotidienne dans la restauration collective, la taxe sur le transport de marchandises, sans parler de la taxe des dividendes pour financer la transition rejetée d’emblée par le président ou de toute mesure pour encadrer les émissions des banques françaises ou des géants du CAC40 comme Total. “Aucune des mesures les plus structurantes proposées par les citoyens de la convention ne se retrouve dans la loi, c’est un échec retentissant. Pour la dernière année de son mandat, le ‘Champion du climat’ continue à saboter toute ambition climatique, préférant servir et protéger l’intérêt des puissants. ” conclut Manon Castagné.