Climat-Énergie
Communiqué de presse11 décembre 2010

Le paquet de Cancun évite à peine l’échec et laisse le protocole de Kyoto sous assistance respiratoire

L’accord adopté à la Conférence des Nations Unies sur le climat à Cancun a échoué à faire des progrès sur le point le plus essentiel : Des réductions fortes et contraignantes pour les pays développés. Les Amis de la Terre International mettent en garde contre cet accord qui fournit une plateforme pour l’abandon du protocole de Kyoto, le remplaçant par un faible système de promesses et de révision hérité de l’Accord de Copenhague, qui conduirait à un réchauffement climatique dévastateur de 5 degrés celsius.

Nnimmo Bassey, président des Amis de la Terre International, a affirmé : “L’accord atteint ici est complètement inadapté et pourrait conduire à un changement climatique catastrophique. Il faut attribuer l’absence de l’ambition plus grande dont nous avions besoin aux pays riches qui sont les premiers responsables du changement climatique, conduits par les Etats-Unis, la Russie et le Japon. C’est une claque dans la figure de ceux qui souffrent déjà du changement climatique. Mais au final nous serons tous affectés par le manque d’ambition et de volonté politique d’un petit groupe de pays”.

Pour empêcher un réchauffement climatique catastrophique, nous avons besoin d’un accord qui soit basé sur la science, regroupe les objectifs pour les pays développés sous le Protocole de Kyoto, qui prévoit que les pays riches réduisent leurs émissions d’au moins 40% sans accorder de rôle aux marchés carbone, aux systèmes de compensation, aux exemptions. Les marchés carbone ne sont pas la solution au changement climatique mais juste un moyen pour les pays riches de poursuivre le “business of usual”.

En dépit de l’absence d’avancées sur les questions-clés, des progrès ont été faits dans d’autres champs. L’établissement d’un Fonds Mondial Climat est un pas en avant sur lequel construire. Les 100 milliards de dollars mis sur la table pour ce fonds, cependant, ne sont pas à la mesure des besoins et du principe d’équité. Les pays riches doivent être à la hauteur de leurs obligations et fournir suffisamment de fonds publics aux pays en développement afin qu’ils puissent se développer proprement et s’adapter aux impacts du changement climatique dont ils souffrent déjà.

On note un progrès sur la question de l’adaptation pour aider les pays pauvres à s’adapter à ces impacts, mais le rôle de la Banque mondiale dans le financement de la lutte contre le changement climatique n’est pas acceptable.

Pour Lucia Ortiz, des Amis de la Terre Brésil : “Les mécanismes pour stopper la déforestation ne sont pas supposés permettre aux pays riches de continuer à émettre du carbone. Les forêts ne sont pas seulement des stocks de carbone, et ne devraient pas être marchandisées. L’argent pour protéger les forêts doit venir des pays développés.”

Pour Nnimmo Bassey, “Les Nations unies restent indispensables pour construire la réponse collective de l’humanité à la crise, et nous constatons que le processus multilatéral avance. Cependant les Nations unies ont la force des pays qui les composent, et nous n’avons pas pu réussir les progrès nécessaires à Cancun parce que les pays riches qui sont les premiers responsables de la pollution climatique l’ont empêché. Les pays riches ont tenté d’assassiner le protocole de Kyoto et il est maintenant en coma artificiel, nous allons devoir redoubler d’efforts pour le sauver dans l’année qui vient.”

D’après Lucia Ortiz, “nous applaudissons la position courageuse de la Bolivie, fondée sur des principes, et qui a constamment appelé et travaillé à des actes ambitieux. La Bolivie est venue ici avec un mandat de l’Accord de Cochabamba et a écouté les milliers de personnes rassemblées à Cancun. A travers le monde des gens manifestent et demandent de vraies solutions à la crise climatique. Le mouvement prend de l’ampleur, comme nous l’avons vu ici à Cancun, et les Amis de la Terre International continueront à faire pression sur les gouvernements pour atteindre l’année prochaine à Durban un accord global dont le monde a besoin”.