Le rêve d’une « Banque européenne pour le climat » part en fumée
La Banque européenne d'investissement (BEI) a adopté une feuille de route pour le climat qui manque cruellement d'ambition [note numero=1], douchant les espoirs de voir la banque publique se transformer réellement en "Banque européenne pour le climat".
En novembre 2019, la BEI avait pris l’engagement ambitieux de se transformer en “Banque européenne pour le climat” 2, conformément aux vœux d’Emmanuel Macron. 3 Cet engagement a été pris en complément de la décision historique d’interdire tout soutien aux énergies fossiles, y compris le gaz. La transformation de la BEI devait passer par l’augmentation de ses financements en faveur du climat ainsi que l’alignement de toutes ses opérations avec les objectifs de l’accord de Paris d’ici fin 2020.
Un an plus tard, les administrateurs de la BEI 4 ont approuvé une feuille de route climat pour la période 2021-2025 peu convaincante. Pourtant, elle était censée être le document stratégique clef guidant sa transformation en “Banque européenne pour le climat”. Malgré une forte mobilisation des citoyens et de la société civile, la nouvelle stratégie ne permet pas à la BEI de tenir ses engagements :
- Une période de transition de deux ans a été introduite avant que les projets contraires aux objectifs de l’accord de Paris comme l’extension d’aéroports soient réellement exclus
- La BEI peut toujours signer des chèques en blanc aux grands pollueurs sans contrepartie car la feuille de route ne contient pas d’exigences claires envers les clients de la banque, afin qu’ils adoptent des plans de décarbonation de leurs activités solides.
- La BEI pourrait continuer à financer des projets fortement émetteurs, comme les projets d’autoroutes ou l’élevage industriel, qui alimentent la crise climatique et écologique
La nouvelle stratégie contient tout de même quelques éléments intéressants, dont d’autres institutions financières publiques réunies aujourd’hui à l’occasion du Sommet Finance en Commun 5 devraient s’inspirer. La banque s’engage notamment à ne plus financer à terme de projets d’extension d’aéroports.
Nous sommes déçus par les décisions des gouvernements européens qui ont adopté cette feuille de route sur le climat. En pratique, cela signifie que la BEI ne sera pas alignée avec l’accord de Paris d’ici fin de 2020 comme elle s’y était engagée. Face à l’urgence climatique, c’est une occasion manquée pour le bras financier de l’UE de se transformer en « Banque européenne pour le climat.
La BEI pourra continuer à signer des chèques en blanc aux grands pollueurs sans contrepartie. Ce n’est pas digne d’une banque du climat. Dans la même lignée que les discussions budgétaires au niveau national, le gouvernement français a échoué à introduire de réelles conditionnalités au versement d’aides publiques, pourtant massives en ces temps de crise.
Communiqué de la BEI, novembre 2020
Communiqué de la BEI, novembre 2019
Emmanuel Macron, Pour une renaissance européenne, mars 2019
Le Conseil d’administration de la BEI est composé des représentants de tous les actionnaires de la BEI (les 27 États membres de l’Union européenne) et de la Commission européenne.
https://financeincommon.org/