Les Amis de la Terre France et ActionAid France – Peuples Solidaires quittent la Plateforme RSE
Le 5 décembre 2017 - Alors que se tient demain la réunion plénière de la Plateforme RSE, lors de laquelle ses membres et sa présidence doivent être renouvelés, les Amis de la Terre France et ActionAid France-Peuples Solidaires annoncent leur départ de cette instance de consultation créée en 2013, et placée sous l'égide du Premier Ministre. En effet, après plus de quatre ans de fonctionnement, nos deux organisations déplorent le fait que la Plateforme RSE n'est ni une instance réellement reconnue par les pouvoirs publics, ni un espace propice à faire avancer les problématiques liées à la régulation des entreprises et leur responsabilité sociale et environnementale. Elles dénoncent le poids démesuré du pôle économique, mené par l'AFEP et le MEDEF, qui a conduit systématiquement à des blocages et des retards répétés, malgré l'émergence de consensus ambitieux entre les autres pôles.
Dès sa création en 2013, la Plateforme RSE a été marquée en son sein par deux conceptions opposées et irréconciliables de la Responsabilité Sociale des Entreprises : tandis que pour le pôle économique, la RSE se résume à la mise en place et la valorisation de « bonnes pratiques » et d’initiatives volontaires, le pôle société civile – et de nombreux autres membres de la Plateforme -, conçoit la RSE comme un ensemble d’obligations pour les entreprises d’identifier, prévenir, et remédier aux impacts négatifs de leurs activités sur les populations locales, les travailleurs et l’environnement. Cette responsabilité doit se traduire par la mise en place de régulations contraignantes, telles que la nouvelle loi sur le devoir de vigilance des sociétés-mères et entreprises donneuses d’ordre.
Pour Juliette Renaud, représentante des Amis de la Terre France à la Plateforme RSE, « Dès le début des travaux, le MEDEF et l’AFEP ont donné le ton, en refusant de débattre de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, dont la première version venait d’être déposée à l’Assemblée nationale. Systématiquement, ces lobbies ont bloqué les travaux ou retardé la publication des avis. Pas étonnant puisqu’il y a un énorme conflit d’intérêt : les entreprises et leurs groupes d’intérêts ne devraient pas être parties prenantes des instances qui visent à les réguler (1) ! La plateforme RSE est un exemple de plus des échecs des espaces « multi-parties prenantes » dont est friand le gouvernement ».
Malgré l’importance des sujets dont est saisie la Plateforme RSE, ces blocages et ce manque d’ambition ont mené à un désengagement général des organisations de la société civile impliquées en première ligne sur les questions de régulation des entreprises : la plupart ne participe plus à aucun groupe de travail depuis un an. Les Amis de la Terre France et ActionAid France – Peuples Solidaires ont donc décidé de quitter cette instance de consultation, qui au lieu de faire avancer les dossiers conduisait à les embourber ou les vider de toute ambition.
Nos deux organisations restent plus que jamais impliquées sur les problématiques de régulation des entreprises, que ce soit le suivi de l’application de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales en France, ou les négociations sur l’élaboration d’un traité sur les multinationales et les droits humains à l’ONU. Elles ont d’ailleurs publié ensemble un rapport sur le sujet au mois d’octobre (2).
Contacts presse :
Juliette Renaud, chargée de campagne Industries extractives et RSEE aux Amis de la Terre France : 09 72 43 92 61 – juliette.renaud@amisdelaterre.org
Alice Bordaçarre, chargée de campagne dignité au travail/RSE à ActionAid France-Peuples Solidaires : 01 80 89 99 53 a.bordacarre@peuples-solidaires.org